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Biden en visite de solidarité en Israël ; le sommet avec les chefs arabes annulé

L'annulation témoigne du climat de plus en plus instable qui testera les limites de l'influence américaine dans la région

Le président américain Joe Biden monte à bord d'Air Force One à la Joint Base Andrews dans le Maryland, le 17 octobre 2023, en route vers Israël. (Crédit : Brendan Smialowski / AFP)
Le président américain Joe Biden monte à bord d'Air Force One à la Joint Base Andrews dans le Maryland, le 17 octobre 2023, en route vers Israël. (Crédit : Brendan Smialowski / AFP)

Les efforts du président américain Joe Biden pour apaiser les tensions dans l’escalade de la guerre entre Israël et le Hamas ont subi des revers considérables avant même son départ pour le Moyen-Orient mardi, la Jordanie ayant annulé le sommet prévu entre le président et les dirigeants arabes après l’explosion meurtrière d’un hôpital de Gaza qui a fait des centaines de morts.

La Maison Blanche a confirmé que la partie jordanienne du voyage du président américain Joe Biden au Moyen-Orient avait été annulée.

Il était censé tenir un sommet à Amman avec les dirigeants de Jordanie, d’Égypte et de l’Autorité palestinienne mais celui-ci a été reporté après que le chef de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, s’est retiré des réunions prévues en signe de protestation suite au bombardement de l’hôpital baptiste Al-Ahli, à Gaza qui aurait tué des centaines de personnes.

Israël affirme qu’un tir de roquette raté du Jihad islamique palestinien est responsable de l’explosion, mais une grande partie du monde arabe a imputé la responsabilité de l’explosion à Tsahal.

Plusieurs vidéos semblent montrer le moment où une roquette lancée de Gaza a raté sa cible et a explosé à l’intérieur du territoire palestinien mardi.

« Cette guerre et cette agression poussent la région au bord du gouffre », a déclaré le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, à la chaîne de télévision publique al-Mamlaka. Il a ajouté que la Jordanie n’accueillerait le sommet que lorsque tous les participants se seraient mis d’accord sur son objectif, à savoir « arrêter la guerre, respecter l’humanité des Palestiniens et leur apporter l’aide qu’ils méritent ».

Cette annulation est le reflet d’une situation de plus en plus instable qui mettra à l’épreuve les limites de l’influence américaine dans la région lors de la visite de Biden mercredi.

La décision de Biden de se rendre dans une zone de conflit – l’année même où il a effectué une visite surprise en Ukraine – démontre sa volonté de prendre des risques personnels et politiques alors qu’il est déjà fortement impliqué dans un autre conflit étranger inextricable, dont le dénouement reste incertain et qui comporte de nombreux risques de dérapage.

Ce voyage présidentiel à fort enjeu est emblématique de la conviction de Joe Biden que les États-Unis ne doivent pas renoncer à leur rôle central sur la scène internationale, et de sa conviction que la diplomatie personnelle peut jouer un rôle décisif.

« Joe Biden est convaincu que c’est ainsi que fonctionne la politique et que se fait l’histoire », a expliqué Jon Alterman, vice-président du Center for Strategic and International Studies (CSIS), qui a travaillé à la commission sénatoriale des affaires étrangères lorsque Joe Biden en était membre.

Depuis l’assaut brutal du Hamas le 7 octobre, qui a déclenché la guerre actuelle, Gaza n’a reçu ni eau, ni carburant, ni nourriture.


Les corps des Palestiniens tués par une explosion à l’hôpital Ahli Arab sont rassemblés dans la cour de l’hôpital al-Shifa, dans la ville de Gaza, au centre de la bande de Gaza, mardi 17 octobre 2023. Israël a déclaré que l’explosion avait été causée par un tir de roquette raté par des terroristes palestiniens, réfutant les affirmations du Hamas selon lesquelles il s’agirait d’une attaque aérienne israélienne (Crédit : Abed Khaled/AP)

Ce jour-là, au moins 1 500 terroristes ont pénétré en masse sur le territoire israélien depuis la bande de Gaza par voie terrestre, aérienne et maritime, ont tué plus de 1 300 personnes et ont pris en captivité près de 200 otages de tous âges, le tout sous un barrage de milliers de roquettes tirées sur les villes et localités israéliennes. La grande majorité des personnes tuées lorsque les hommes armés se sont emparés des communautés frontalières étaient des civils – hommes, femmes, enfants et personnes âgées. Des familles entières ont été exécutées dans leurs maisons et plus de 260 ont été massacrées lors d’une rave en plein air, souvent accompagnés d’actes de brutalité horribles de la part des terroristes, dans ce que Biden a qualifié de « pire massacre du peuple juif depuis la Shoah ».

Depuis quelques jours, Israël a rétabli l’approvisionnement en eau de certaines parties de la bande de Gaza et l’armée a averti les habitants de la partie nord de l’enclave palestinienne d’évacuer les lieux en prévision d’une incursion terrestre possible.

Plusieurs médiateurs ont tenté de trouver une solution à la question de l’approvisionnement des civils désespérés, des groupes d’aide et des hôpitaux.

Alors que la crise humanitaire s’aggrave, les craintes d’une escalade du conflit au-delà des frontières de la bande de Gaza augmentent. Des affrontements ont déjà eu lieu à la frontière nord d’Israël avec le Hezbollah, un groupe terroriste soutenu par l’Iran et basé dans le sud du Liban.

« Tellement de choses peuvent mal tourner au cours de ce voyage », a ajouté Alterman.

Les déplacements de Biden poseront de nombreux problèmes de sécurité. Les visites d’autres responsables américains ont été perturbées par des tirs de roquettes palestiniens sur Israël. De nouvelles frappes aériennes israéliennes à Gaza pourraient également susciter de nouvelles condamnations à un moment où Biden a l’intention de montrer sa solidarité avec le plus proche allié des États-Unis dans la région.

Le message des États-Unis a quelque peu changé au cours de la semaine écoulée. Tout en maintenant leur soutien inconditionnel à Israël, ils ont intensifié leurs efforts diplomatiques pour plaider en faveur d’une aide humanitaire à Gaza, à la suite des prédictions de plus en plus sombres entendues par Biden et ses collaborateurs sur le risque que les images de la souffrance à Gaza ne déclenchent des protestations et des troubles plus importants dans tout le Moyen-Orient.

Une balançoire pour enfants devant une maison attaquée par des terroristes du Hamas le 7 octobre 2023, photo prise au kibboutz Beeri, le 14 octobre 2023. (Crédit : Ariel Schalit/AP)

Selon les responsables américains, il est désormais évident que la tolérance déjà limitée des pays arabes à l’égard des opérations militaires d’Israël disparaîtra complètement si les conditions à Gaza venaient à se détériorer.

Quatre responsables, qui ont parlé à l’Associated Press sous le couvert de l’anonymat pour discuter du processus de raisonnement au sein de l’administration, ont déclaré que, d’après leur analyse, la condamnation pure et simple d’Israël par les dirigeants arabes serait non seulement une aubaine pour le Hamas, mais encouragerait probablement l’Iran à intensifier ses activités anti-israéliennes, ce qui renforcerait les craintes d’un embrasement de la région.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui a multiplié ses visites auprès des dirigeants arabes et israéliens en amont de la visite de Biden, a tenu une réunion de sept heures et demie à Tel Aviv, lundi, pour négocier un accord d’aide. Il en est ressorti avec un feu vert pour élaborer un plan sur la manière de faire parvenir l’aide dans la bande de Gaza et de la distribuer aux civils.

Si de prime abord, l’accord semble modeste, les responsables américains ont souligné qu’il représentait un changement important de la position d’Israël, qui entendait continuer à priver Gaza de carburant, d’électricité, d’eau et d’autres fournitures essentielles.

Biden est connu pour soutenir Israël en public, tout en exprimant ses inquiétudes en privé.

« Il est convaincu que la seule façon d’entrer dans la tête des Israéliens est de faire preuve d’une profonde empathie, mais aussi d’être présent », explique Alterman.

Aux États-Unis, Biden a reçu de rares éloges de la part des républicains pour sa prise de position en faveur d’Israël, mais les perspectives d’octroi d’une aide supplémentaire restent incertaines. L’administration a déclaré qu’elle chercherait à obtenir plus de 2 milliards de dollars d’aide pour Israël et l’Ukraine, en dépit des oppositions des républicains de la Chambre des représentants.

Joe Biden a néanmoins promis son soutien à l’Ukraine et à Israël.

Le président Joe Biden s’exprimant sur la guerre entre Israël et le Hamas dans la salle à manger d’État de la Maison Blanche, à Washington, le 10 octobre 2023. (Crédit : Evan Vucci/AP)

« Nous sommes les États-Unis d’Amérique, pour l’amour de Dieu, la nation la plus puissante de l’histoire du monde », a-t-il déclaré cette semaine dans l’émission « 60 Minutes » de la chaîne CBS, lorsqu’on lui a demandé si les guerres en Israël et en Ukraine dépassaient la capacité des États-Unis à les mener de front. « Nous avons la capacité de le faire et nous avons l’obligation de le faire. Et si nous ne le faisons pas, qui donc le fera ? »

En Israël, Joe Biden devait rencontrer le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d’autres responsables israéliens. Son projet de rencontrer ensuite en Jordanie le roi Abdallah II, le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi et le dirigeant de l’AP Mahmoud Abbas a été annulé.

Un responsable de la Maison Blanche a déclaré dans un communiqué que la décision d’annuler le sommet d’Amman avait été prise après que Biden a consulté le roi Abdallah II de Jordanie « et à la lumière des jours de deuil annoncés par » Abbas à la suite de l’explosion à l’hôpital.

Biden a adressé à Abdallah « ses plus sincères condoléances pour les vies innocentes perdues dans l’explosion de l’hôpital à Gaza, et a souhaité un prompt rétablissement aux blessés », a déclaré le responsable de la Maison Blanche, en prenant soin de ne pas rejeter la faute sur une partie en particulier alors que les États-Unis s’efforcent de déterminer qui en est responsable.

« Biden a hâte de consulter prochainement ces dirigeants en personne et a accepté de rester régulièrement et directement en contact avec chacun d’eux au cours des prochains jours », a ajouté le responsable de la Maison Blanche.

Il est important pour ces dirigeants d’éviter une escalade régionale prolongée et insidieuse, d’autant plus que l’Égypte et la Jordanie sont confrontées à des difficultés économiques croissantes.

En septembre, le Fonds monétaire international (FMI) a publié un rapport indiquant que l’Égypte et la Jordanie font partie des pays de la région « au bord de la crise de la dette ». L’Égypte, en particulier, est aux prises avec une inflation élevée.

Aucun des deux pays ne veut absorber de réfugiés. La Jordanie compte déjà une importante population palestinienne et doit faire face à des centaines de milliers de réfugiés en provenance de la Syrie voisine, de l’Irak et d’ailleurs.

Avec des dizaines de milliers de soldats massés le long de la frontière entre Israël et Gaza, Israël semble prêt à lancer une incursion terrestre, mais les plans ne sont pas encore clairs. Les autorités américaines se sont refusées à préciser si les Israéliens se retenaient d’agir en raison de la visite de Biden.

« Nous nous préparons aux prochaines étapes de la guerre », a déclaré le porte-parole de l’armée israélienne, le lieutenant-colonel Richard Hecht. « Nous n’avons pas encore indiqué de quoi il s’agira. Tout le monde parle d’une incursion terrestre. Il pourrait s’agir d’autre chose. »

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