Biden en visite de solidarité en Israël mercredi
Le président soutiendra l'obligation, pour Israël, de s'attaquer au Hamas et Israël va développer un plan permettant d'acheminer les aides humanitaires à Gaza, a dit Antony Blinken
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le président américain Joe Biden fera une visite de solidarité en Israël mercredi. C’est la plus récente manifestation du soutien apporté par Washington à Jérusalem suite au massacre commis par le Hamas au sein de l’État juif, le 7 octobre.
Alors qu’Israël se prépare à une incursion terrestre pour « anéantir » le Hamas, une intense activité diplomatique se poursuit pour tenter d’éviter que la guerre, déclenchée le 7 octobre par l’attaque sanglante du groupe terroriste islamiste palestinien, n’embrase la région mais aussi pour épargner les civils pris au piège.
Il sera le premier chef de l’État à venir en Israël depuis le début du conflit. La semaine dernière, il avait livré un discours passionné où il avait exprimé son horreur face aux atrocités perpétrées par le Hamas, ralliant les Israéliens de tout le spectre politique.
« Il vient ici à un moment critique pour Israël, pour la région et pour le monde », a expliqué le secrétaire d’État américain Antony Blinken lors d’une brève déclaration à la presse depuis la branche de l’ambassade américaine à Tel Aviv, après une rencontre de huit heures avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son cabinet de guerre à la Kirya, le siège de Tsahal, qui est situé à proximité.
Le président restera plusieurs heures à Tel Aviv avant de s’envoler pour la Jordanie où il s’entretiendra avec les dirigeants de la région, ont précisé des officiels américains.
Il devrait rencontrer, pendant son passage au sein de l’État juif, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le président Isaac Herzog et certaines familles d’otages ou de portés-disparus.
Blinken a expliqué que Biden allait utiliser ce déplacement pour réaffirmer « la solidarité des États-Unis avec Israël » ainsi que l’engagement de Washington en faveur de la sécurité de l’État juif. Il réitèrera sa condamnation de l’attaque du Hamas qui a fait 1300 morts, a continué Blinken, qui a réactualisé le nombre d’Américains tués dans l’assaut barbare du groupe terroriste, disant que le bilan était passé à 30 morts.
Biden déclarera qu’Israël a « l’obligation » de se défendre et de faire en sorte d’empêcher de futures attaques, a continué Blinken, ce qui laisse penser qu’en ce qui concerne les États-Unis, Israël dispose actuellement d’une importante marge de manœuvre dans ses opérations.
Le président américain utilisera aussi ce voyage pour obtenir des informations sur l’assistance militaire dont Israël a besoin dans sa lutte contre le Hamas, a poursuivi Blinken. John Kirby, le Conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, a ultérieurement expliqué aux journalistes, pendant un point-presse par téléphone, que les États-Unis ne plaçaient « aucune condition » sur les systèmes militaires qui pourront être fournis à l’État juif dans le cadre de la guerre contre le Hamas.
Pendant le voyage, Biden répétera son avertissement à l’égard d’acteurs étatiques ou non-étatiques hostiles à Israël en leur demandant de ne pas rejoindre le Hamas dans sa guerre, a déclaré Blinken.
Le président évoquera les efforts livrés pour garantir la libération immédiate des 200 à 250 otages retenus à Gaza. Les États-Unis, dont plusieurs citoyens auraient été kidnappés, se coordonnent avec Israël qui cherche à ce qu’ils soient remis en liberté.
Les discussions porteront aussi sur la manière dont Israël prévoit de conduire ses opérations militaires à Gaza afin de minimiser le nombre de victimes civiles, a poursuivi Blinken.
Le secrétaire d’État a annoncé que les États-Unis et Israël avaient convenu de développer un plan visant à permettre aux aides humanitaires offertes par les nations donatrices et par les organisations multilatérales d’être acheminées jusqu’aux civils, dans la bande de Gaza.
Blinken a expliqué que le plan avancé par Washington comprendra « la possibilité de créer des secteurs où les civils seront hors d’atteinte ».
« Il est très important que les aides commencent à affluer à Gaza dans les meilleurs délais », a précisé Blinken.
Pendant la rencontre entre Blinken et Netanyahu, le secrétaire d’État américain aurait vivement recommandé à Israël de laisser les aides humanitaires entrer à Gaza de manière à pouvoir conserver le soutien international à l’opération militaire de Tsahal dont l’objectif est d’écarter le Hamas du pouvoir.
« L’administration Biden comprend la nécessité de démanteler le Hamas et souligne que l’un des moyens de garantir qu’il y aura suffisamment de temps pour atteindre cet objectif est d’éviter une crise humanitaire à Gaza », a confié un responsable israélien au site d’information Axios.
« Dans les magasins, les réserves (de nourriture) sont de quelques jours, peut-être quatre ou cinq jours », a averti mardi une porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), Abeer Etefa.
« Il reste 24 heures d’eau, d’électricité et de carburant » à Gaza, avait déclaré lundi Ahmed Al-Mandhari, directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la Méditerranée orientale.
Israël, pour le moment, a largement refusé de permettre aux aides d’entrer à Gaza alors que l’État juif tente d’exercer des pressions sur le Hamas en faveur de la libération des otages.
Blinken a reconnu que le Hamas pourrait essayer de se saisir ou de détruire ces aides une fois qu’elles seront entrées au sein de l’enclave côtière, insistant sur le fait que les États-Unis condamneront de telles actions si elles doivent survenir et qu’ils œuvrent actuellement à les prévenir.
Il a remercié Israël d’avoir accepté le plan d’acheminement des aides et il a indiqué que Biden était impatient d’en discuter lorsqu’il arrivera en Israël, mercredi.
Les entretiens de Biden se tiendront à Tel Aviv. Le président américain se rendra ensuite à Amman pour des réunions distinctes avec le roi Abdallah de Jordanie, le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour évoquer la situation humanitaire à Gaza, a expliqué Kirby.
Au cours de ces rencontres, Biden « répétera une fois encore que le Hamas ne défend pas le droit à la dignité et à l’auto-détermination des Palestiniens et il abordera la question des besoins humanitaires des civils à Gaza », a fait savoir la Maison Blanche.
De plus, lundi, les États-Unis ont aidé à rejeter devant le Conseil de sécurité de l’ONU une résolution soutenue par la Russie qui appelait à un cessez-le-feu immédiat dans la guerre à Gaza.
Dans son allocution expliquant sa décision de voter contre la motion, l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a fustigé la Russie pour son incapacité à mentionner le Hamas dans le document.
« En échouant à condamner le Hamas, la Russie couvre un groupe terroriste qui brutalise des civils innocents. C’est scandaleux, c’est hypocrite et ce n’est pas défendable », a expliqué Thomas-Greenfield.
« Nous sommes d’accord que ce Conseil doit agir mais nous devons faire les choses correctement. Et nous travaillerons de façon intensive avec tous les membres du Conseil pour le faire », a indiqué l’envoyée américaine. « C’est le Hamas qui est responsable de la crise humanitaire et nous ne pouvons pas autoriser le Conseil à jeter le blâme sur Israël de manière injuste, en excusant le Hamas pour des décennies de cruauté. Point final ».
Et dans la journée de lundi, un officiel israélien et un responsable américain ont expliqué au Times of Israel que l’administration du président américain Joe Biden a poussé Israël, en privé, à déterminer une stratégie à mettre en œuvre après son objectif de guerre atteint – un objectif qui est le renversement du Hamas.
Netanyahu et son cercle ont indiqué à leurs homologues américains ne pas avoir encore défini une telle stratégie et se concentrer davantage, pour le moment, sur l’objectif immédiat d’écarter le Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza, a noté le responsable américain.
Mais l’officiel américain qui s’est exprimé auprès du Times of Israel a mis en garde contre cette approche. Sans stratégie définissant qui contrôlera la bande à la place du Hamas, il est probable que l’armée israélienne en vienne à s’enliser indéfiniment à Gaza, même si l’État juif insiste sur le fait qu’il ne veut pas réoccuper l’enclave.
Un responsable israélien a expliqué au Times of Israel que le président du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, et Gadi Eizenkot, membre de la même faction, avaient réclamé la mise en place d’une stratégie de sortie de crise à Gaza lors de leur entrée au gouvernement, la semaine dernière, et que les deux hommes avaient chargé une commission de la concevoir.
La guerre a éclaté après l’assaut barbare du Hamas, perpétré sur le sol israélien en date du 7 octobre. Au moins 1 500 terroristes du Hamas avaient franchi la frontière séparant Israël et la bande de Gaza par voie maritime, terrestre et aérienne, tuant plus de 1300 personnes, des civils en majorité, et prenant entre 200 et 250 otages de tous les âges. Le groupe avait lancé des milliers de roquettes vers les villes et les villages israéliens – des tirs qui ont continué jusqu’à aujourd’hui.
Des familles entières ont été exécutées dans leurs habitations et 260 personnes ont été massacrées lors d’une rave, parmi de multiples horreurs perpétrées par les hommes du Hamas – des horreurs qui, selon Biden, ont été l’occasion « du pire massacre de Juifs depuis la Shoah ».