Bitan critique l’extrême droite : Netanyahu a « perdu la tête » lors des négociations
Le législateur, un des piliers du Likud, formule de rares critiques à l'encontre du leader du Likud, et déclare que les plans de la coalition "nous nuiront dans le monde entier"
Le législateur du Likud David Bitan a critiqué lundi le comportement et les commentaires, ces derniers jours, des partenaires politiques de son parti dans le nouveau gouvernement et a déclaré que le chef du parti Benjamin Netanyahu avait « perdu la tête » lors des négociations de coalition.
Ces propos sont une critique rare de la part d’un fidèle du Likud au sujet des plans de coalition du leader du parti Netanyahu, alors même que les opposants politiques du bloc, le pouvoir judiciaire, d’anciens officiers militaires et d’autres affirment que le nouveau gouvernement représente une menace pour la société israélienne.
Dans une interview sur la chaîne de la Knesset, Bitan a cité les noms de Bezalel Smotrich, chef du parti HaTzionout HaDatit, et Itamar Ben Gvir, chef du parti Otzma Yehudit. Les deux partis d’extrême droite, ainsi que Noam, constituent le flanc d’extrême droite de la nouvelle coalition de Netanyahu. Le bloc est dirigé par le Likud de droite de Netanyahu, le plus grand parti de la Knesset, et comprend également ses alliés haredi de longue date, Shas et Yahadout HaTorah.
Les partenaires de la coalition du Likud ont « exploité le fait qu’il n’y avait pas d’alternative, et voilà ce qui est arrivé », a déclaré Bitan, en pointant du doigt les demandes radicales faites pendant les négociations. Les adversaires politiques de Netanyahu au sein du gouvernement sortant ont juré de ne pas rejoindre sa coalition en raison de son procès pour corruption en cours, ne lui laissant d’autre choix que de répondre aux exigences des partis prêts à travailler avec lui.
Bitan était autrefois l’un des défenseurs les plus acharnés de Netanyahu dans la presse, mais il s’est récemment opposé à son chef de parti, affirmant que celui-ci devait adopter une position ferme à la tête du nouveau gouvernement.
« Netanyahu doit montrer que c’est lui qui commande… Sinon, il souffrira pendant tout son mandat », a déclaré Bitan.
Il a affirmé que d’autres députés du Likud, d’accord avec ses critiques, « ne disent rien. Ils ont peur de parler », surtout ceux qui espèrent un poste ministériel, a-t-il dit.
Netanyahu n’a pas encore distribué les postes ministériels aux membres loyaux de son parti, et les quelques postes disponibles font l’objet d’une intense compétition interne.
« Ne pensez-vous pas qu’Amir Ohana aurait dû commenter les problèmes de la communauté LGBT ? – Bien sûr qu’il aurait dû », a déclaré Bitan au sujet du seul député ouvertement gay du Likud, faisant référence au tollé provoqué par les projets anti-LGBT des législateurs du HaTzionout HaDatit.
L’accord du parti d’extrême droite avec le Likud comprend une clause stipulant que le nouveau gouvernement cherchera à modifier les lois sur la discrimination pour permettre aux propriétaires d’entreprises de refuser des services si cela viole leurs croyances religieuses. L’accord n’a pas encore été officiellement signé.
Dimanche, la députée de HaTzionout HaDatit, qui devrait devenir ministre dans le nouveau gouvernement, a déclenché un tollé en déclarant que les médecins devraient être autorisés à refuser de prodiguer des soins à des patients qui vont à l’encontre de leur foi religieuse, pour autant qu’un autre médecin soit disposé à fournir le même traitement.
Soutenant Strock, son collègue député de HaTzionout HaDatit a affirmé que si un hôtel voulait refuser de servir les homosexuels pour des raisons religieuses, il aurait le droit de le faire.
Bitan a déclaré que de tels projets nuiraient à Israël sur la scène internationale.
« Certaines questions ne sont pas optionnelles. Le sujet du racisme, le sujet de la prestation de services », a-t-il dit.
« Si nous faisons cela, nous en subirons les conséquences dans le monde entier et cela affectera les investissements, cela affectera les États-Unis, cela affectera le veto aux Nations unies », a déclaré Bitan, faisant référence au soutien américain à Israël au sein de l’organisme mondial.
Parlant de Ben Gvir, il a ajouté, « que peut-il faire ? Après tout ce qu’il a déjà obtenu, il va partir ? Pour aller dans l’opposition ? Il faut qu’ils renoncent. »
Dans une interview accordée à la Douzième chaîne, Bitan a déclaré que Netanyahu et le négociateur du Likud, Yariv Levin, « ont perdu les pédales dans les négociations. »
Netanyahu « doit montrer que c’est lui le leader et que nous le suivrons. S’il ne le fait pas, nous avons un problème », a déclaré Bitan.
« Netanyahu n’a pas imposé de lignes rouges. Il a commis une erreur. Il est aujourd’hui évident pour lui qu’il a fait une erreur », a-t-il dit, ajoutant que les propositions visant à autoriser la discrimination avaient « causé de grands dommages au Likud. »
« C’est un parti de la nation qui représente toute sa population », a-t-il dit du Likud. « Cette loi n’aura pas lieu. Elle est déjà morte, à mon avis », a poursuivi Bitan. « Elle a aussi des conséquences inverses – vous voulez quoi, que les Arabes qui travaillent dans les hôpitaux disent qu’ils ne veulent pas soigner les Juifs ? Il y a deux côtés à la médaille ».
Le député Hadash-Taal Ahmad Tibi a fait des commentaires similaires lundi, jour de l’enterrement du rabbin Chaim Druckman, le chef spirituel controversé du mouvement sioniste religieux. Druckman, qui a joué un rôle de premier plan dans le mouvement d’implantation, est décédé dans un hôpital de Jérusalem dimanche à l’âge de 90 ans.
« Je suis sûr que dans l’équipe qui a traité le rabbin Druckman, il y avait un médecin arabe ou une infirmière arabe, et qu’ils ont soigné le rabbin Druckman de manière dévouée, sans aucune pensée pour le fait que c’était le père des implantations », a déclaré Tibi.
Levin, qui occupe le poste de président temporaire de la Knesset, a officiellement annoncé lundi à la Knesset que Netanyahu avait réussi à former une coalition.
Cette annonce a déclenché un délai de sept jours pour la prestation de serment de la coalition.
Levin a déclaré qu’une audition et un vote de confiance sur le nouveau gouvernement sont prévus pour jeudi matin, mais ils pourraient être retardés jusqu’au matin du 2 janvier.
Netanyahu a encore quelques obstacles à surmonter avant la prestation de serment, à savoir, la formalisation des accords de coalition avec la quasi-totalité de ses partenaires, la répartition des postes ministériels entre les membres de son parti, le Likud, et la finalisation de deux textes de loi clés exigés par les partenaires de la coalition comme conditions préalables.