Chikli, fils d’un rabbin massorti, nommé ministre des Affaires de la Diaspora
Bien que l’élu du Likud ne s'identifie pas à la branche massorti, il y est lié ; fondateur d'un programme préparatoire à l'armée, il est en relation avec divers groupes juifs
Le législateur du Likud, Amichai Chikli, a été nommé ministre des Affaires de la diaspora mercredi soir, lui conférant un budget modeste mais une grande importance symbolique dans la mesure où le nouveau gouvernement se prépare à avancer des politiques qui risquent de créer des tensions entre Israël et les juifs de la diaspora, en particulier la communauté juive américaine.
En plus de son poste de ministre des Affaires de la diaspora, Chikli a également été nommé ministre de l’Égalité sociale, un autre poste à petit budget.
Chikli, qui s’est fait connaître en votant contre son ancien parti, Yamina, lors de la précédente Knesset, avant de rejoindre le Likud, était à bien des égards un choix évident pour le poste de ministre des Affaires de la diaspora. Fils d’un rabbin massorti, Chikli a des liens profonds avec le mouvement juif progressiste – bien qu’il refuse catégoriquement de s’y affilier publiquement – et a également fondé un programme de préparation militaire, ou mechina, qui lui a permis de nouer des liens avec une grande variété d’organisations juives en Israël et à travers le monde.
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« Je me définis comme Juif, sans aucune autre [description] », a-t-il déclaré l’année dernière à propos de son lien avec le mouvement conservateur.
Chikli, qui est âgé de 41 ans, est né à Jérusalem. Il est le fils de Camille Chikli et du rabbin Eitan Chikli. Ce dernier a été ordonné par l’école rabbinique massortite Schechter de Jérusalem et a dirigé le réseau d’écoles pluralistes TALI ; il est aujourd’hui président de l’Universidad Hebraica de Mexico.
Pendant son enfance, la famille de Chikli a vécu au kibboutz Hanaton, le premier et le seul kibboutz fondé par le mouvement Massorti, l’équivalent israélien du mouvement conservateur américain, et Chikli a été actif dans le mouvement de jeunesse Noam, qui fait partie du courant massorti, pendant son adolescence.
Chikli a effectué son service militaire dans la brigade d’infanterie Golani, où il était officier. Après sa démobilisation de l’armée israélienne, il a fondé le Tavor mechina, un programme d’année sabbatique destiné aux adolescents israéliens pour les préparer au service militaire.
Il s’est engagé dans la politique nationale en 2019, lorsqu’il s’est placé en neuvième position sur la liste du parti de la Nouvelle Droite. Suite à l’échec du parti à franchir le seuil lors de ces élections, Chikli est retourné diriger son programme d’année sabbatique et n’a pas participé aux deux tours d’élections suivants. Il est toutefois revenu comme membre du parti Yamina, nouvellement formé, dirigé par Naftali Bennett, pour les élections de mars 2021.
Chikli s’est fermement opposé à la décision de Bennett de former une coalition d’unité avec le leader de Yesh Atid, Yair Lapid, votant contre la formation du gouvernement et rejoignant l’opposition à la Knesset, ce qui lui a valu d’être déclaré « transfuge », ce qui, en principe, l’aurait empêché de se présenter aux dernières élections. La Haute Cour de justice a néanmoins décidé que Chikli pouvait se présenter sur la liste du Likud, même si, techniquement, il n’aurait pas dû être autorisé à le faire.
Chikli vit au kibboutz Hanaton, dans la vallée de Jezreel, qui se trouve dans le nord d’Israël. En dépit de ses racines conservatrices, Hanaton ne fait pas officiellement partie du mouvement massorti aujourd’hui et maintient une communauté juive pluraliste, composée de membres réformés, conservateurs, orthodoxes et laïques.
Bien que Chikli ne s’identifie pas au mouvement conservateur, il a confié qu’il lui arrivait de fréquenter la synagogue conservatrice de Hanaton pour y prier.
En même temps, Chikli s’est exprimé avec virulence contre le mouvement réformé, en particulier le mouvement réformé en Israël, qui est généralement plus actif politiquement que son homologue américain, notamment au travers de son Religion Action Committee.
« [Le mouvement réformé en Israël] retourne à ses racines allemandes d’anti-sionisme et d’anti-nationalisme. C’est une tragédie de les voir évoluer dans cette direction. Ils sont anti-nationalistes, et il est important qu’ils se réveillent », a expliqué Chikli au Jerusalem Post.
Bien qu’il ait minimisé ses liens avec le judaïsme progressiste pendant des années, Chikli pourrait être amené, vu sa nouvelle fonction, à souligner ces liens afin de construire une relation avec les Juifs américains, dont la majorité s’identifie aux mouvements réformé et conservateur.
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Il succède à Nachman Shai, qui a marqué des points importants auprès des juifs américains progressistes au cours des 18 derniers mois, par le biais d’actions de sensibilisation et de dialogue, ainsi que par l’allocation de subventions du ministère des Affaires de la diaspora à des initiatives conservatrices et réformistes en Israël et à l’étranger.
Il est peu probable que Chikli maintienne bon nombre de ces programmes, mais il sera en mesure de faire avancer les initiatives éducatives en Israël au sujet des Juifs de la diaspora et de leur importance.
Par rapport à son prédécesseur, Chikli aura nettement plus de difficultés à tisser des liens avec les Juifs américains, car le nouveau gouvernement est en passe d’avancer des politiques qui vont à l’encontre des opinions politiques et religieuses de la plupart des Juifs américains, ainsi que des Juifs d’autres grandes communautés juives libérales, comme celles d’Australie et du Royaume-Uni.
L’une des questions sur lesquelles les dirigeants juifs américains se sont déjà exprimés est le projet de la nouvelle coalition d’amender la Loi du retour, qui régit l’éligibilité à la citoyenneté israélienne. Le contenu de l’amendement n’a pas encore été finalisé, mais il touchera sans doute à la clause dite des petits-enfants, qui offre la citoyenneté à toute personne ayant au moins un grand-parent juif, à condition qu’elle ne pratique pas une autre religion.
Cette proposition a été publiquement condamnée par certains des plus fervents partisans d’Israël aux États-Unis.
Un autre domaine susceptible d’aliéner davantage les Juifs de la diaspora est le mur Occidental et l’échec d’Israël à mettre en œuvre un compromis de 2016 qui aurait accordé un statut officiel aux confessions non orthodoxes dans la gestion du lieu saint. Cette question est une source de profondes divisions depuis que le Premier ministre de l’époque, Benjamin Netanyahu, a gelé l’accord de compromis sur le mur Occidental en 2016, face à une opposition orthodoxe dure.
Les accords de coalition nouvellement signés prévoient le maintien du contrôle orthodoxe actuel sur le mur Occidental, ainsi que la consolidation du principe de non-mixité hommes-femmes sur le site.
Chikli s’est généralement abstenu de tout commentaire sur ces questions en public, mais dans le cadre de ses nouvelles fonctions, il se verra sans doute obligé de prendre position.
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