Cisjordanie : Des Israéliens radicaux incendient un site de sécurité et ciblent un officier de Tsahal
L'armée affirme que l'incendie contre une installation antiterroriste "représente un danger pour la sécurité des habitants" et diffuse des images de l'embuscade tendue vendredi par des Israéliens à une patrouille militaire

Des dizaines d’Israéliens radicaux ont incendié une installation de sécurité et provoqué des émeutes devant une base de Cisjordanie dans la nuit de dimanche à lundi, quelques jours seulement après l’agression d’un officier de l’armée israélienne par des résidents d’implantations.
Des membres dans la foule brandissaient une pancarte sur laquelle on pouvait lire : « Le commandant du bataillon est un traître », en référence à l’officier.
Selon un responsable militaire, certains résidents d’implantations ont tenté de pénétrer dans la base militaire de la brigade régionale de Binyamin, située dans le centre de la Cisjordanie, en jetant des pierres et en aspergeant les soldats de gaz lacrymogène, et en lacérant les pneus des véhicules de Tsahal.
Les agents de la police des frontières ont utilisé des grenades incapacitantes pour disperser les émeutiers.
Selon l’armée, des résidents d’implantations israéliens ont également incendié, durant la nuit, une installation de sécurité estimée à plusieurs millions de shekels, utilisée pour « déjouer les attentats terroristes et maintenir la sécurité » dans la région de Ramallah, en Cisjordanie.
Tsahal a déclaré que les dégâts causés au site « constituent un danger pour la sécurité des habitants ».

« Tsahal condamne tout acte de violence contre les forces de sécurité et attend de ces dernières qu’elles traduisent en justice les civils israéliens qui s’en prennent au personnel de sécurité dans l’exercice de ses fonctions visant à protéger les citoyens israéliens », a déclaré l’armée dans un communiqué.
Elle a ajouté qu’elle « continuera à se concentrer sur la protection des civils, tout en faisant respecter la loi et en empêchant toute activité illégale, où qu’elle se produise ».
Aucune arrestation dans le cadre de ces deux incidents n’a été signalée. L’agence de sécurité intérieure du Shin Bet a ouvert une enquête sur l’incendie criminel des installations de sécurité.
Les activistes qui ont provoqué des émeutes à l’extérieur de la base protestaient contre les coups de semonces tirés à l’attention de résidents d’implantations qui avaient tendu une embuscade à une patrouille militaire vendredi soir, blessant, selon toute vraisemblance, un adolescent âgé de 14 ans.
Une émeute de résidents d’implantations israéliens devant la base de la brigade régionale de Binyamin en Cisjordanie, tard dans la soirée du 29 juin 2025. Au cours de l’émeute, les résidents d’implantations ont crevé les pneus des véhicules de l’armée et ont tenté de pénétrer dans la base. (Crédit : Armée israélienne)
Ils ont exigé que Tsahal poursuive le commandant du 7114ᵉ bataillon de la brigade Binyamin, qui avait été attaqué avec ses troupes par des extrémistes juifs plus tôt dans la soirée, mais qui ne se trouvait pas à proximité des lieux de la fusillade.
La fusillade de vendredi soir a éclaté après le déploiement de réservistes et de policiers dans une zone proche du village palestinien de Kafr Malik, en raison de l’arrivée de plusieurs suspects.
Cette zone avait été déclarée zone militaire fermée en raison d’une attaque menée mercredi par des résidents d’implantations, au cours de laquelle trois Palestiniens ont été tués, et des tentatives répétées d’établissement d’un avant-poste illégal par des résidents d’implantations près du village, sur des terres privées palestiniennes.
Lorsque les soldats, dont le commandant du bataillon, sont arrivés sur les lieux, ils ont été attaqués par les résidents d’implantations, qui avaient appelé des renforts.
Selon l’armée, quelque 70 résidents d’implantations ont atteint la zone, où ils ont frappé et étranglé les soldats, leur ont lancé des pierres et ont crevé les pneus d’une voiture de police.
Les forces de l’ordre ont riposté avec des moyens anti-émeutes, notamment des grenades éponge. Toutefois, aucune arme à feu n’a été utilisée par les forces présentes sur place. Six suspects ont été arrêtés.
Le deuxième incident de la soirée, une attaque contre une patrouille militaire, s’est produit environ deux heures plus tard, à 00 h 37, à environ six kilomètres du lieu où le commandant du bataillon et ses hommes avaient été agressés par des résidents d’implantations.
Dimanche, Tsahal a diffusé des images montrant les instants où la patrouille a été prise en embuscade par des suspects masqués.
Après avoir été attaquée par 10 à 20 suspects masqués qui se cachaient sur une colline, le commandant de la patrouille a ordonné à ses troupes de faire demi-tour, selon l’enquête militaire.
L’officier est alors brièvement sorti du véhicule et a tiré trois coups de semonce en l’air, conformément au protocole de l’armée, pour tenter de mettre fin aux jets de pierres.
L’officier s’est approché des suspects masqués pour poursuivre la « procédure d’arrestation » lorsqu’il a réalisé qu’il s’agissait de Juifs et non de Palestiniens, l’un des assaillants ayant crié en hébreu au soldat : « Je vais te tirer dans la tête, fils de pute. »
Les suspects ont ensuite tous pris la fuite, vraisemblablement avant de pouvoir être appréhendés.
Environ une demi-heure plus tard, à 1 h 03, un Israélien âgé de 14 ans a été transporté à un poste militaire voisin blessé par balle à l’épaule.
Il a été soigné par des secouristes de l’armée et du service de secours du Magen David Adom (MDA), puis évacué vers l’hôpital.
Selon l’armée, les résidents d’implantations qui l’ont amené au poste militaire ont refusé de donner des détails sur les circonstances de sa blessure.

Tsahal a déclaré que l’officier n’avait tiré directement sur personne pendant l’incident et que la balle logée dans le corps de l’adolescent serait examinée.
L’armée a déclaré qu’il était possible que l’un des coups de semonce tirés en l’air ait touché le garçon, mais a souligné que l’officier avait agi en totale conformité avec le protocole.
« Si une personne qui menace nos forces est touchée, c’est son problème. Que fait un garçon de 14 ans masqué et jetant des pierres sur une patrouille de l’armée ? », a demandé un officier supérieur.
Les attaques de résidents d’implantations contre des Palestiniens dans toute la Cisjordanie ont lieu presque quotidiennement en toute impunité, les suspects étant rarement arrêtés et les poursuites encore plus rares. Cette situation a suscité de vives critiques internationales et des sanctions croissantes de la part des gouvernements occidentaux.
Si les résidents d’implantations extrémistes bénéficient du soutien de certains membres du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu, la dernière attaque a toutefois été fermement condamnée.
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui avait critiqué dimanche les soldats pour avoir utilisé des balles réelles vendredi soir afin de se défendre contre les résidents d’implantations, a déclaré lundi que les émeutiers avaient « franchi une ligne rouge ».
« Les criminels sont des criminels, où qu’ils se trouvent dans le pays », a-t-il écrit sur le réseau social X.
« La violence contre les soldats bien-aimés de Tsahal et de la police israélienne, ainsi que la destruction de biens, sont interdites et franchissent une ligne rouge », a-t-il ajouté, appelant la police à enquêter sur ces incidents et à traduire les responsables en justice.

Smotrich a déclaré que ces extrémistes ne représentent pas la majorité des résidents d’implantations vivant en Cisjordanie.
Le député Avihaï Boaron (Likud) a déclaré que, bien que ces attaques constituent « manifestement un comportement illégal », il s’agit selon lui d’actions menées par « des jeunes marginalisés », comme il l’a déclaré au site d’information Walla.
Il a ajouté que les Israéliens radicaux ne devaient pas être comparés aux Palestiniens qui jettent des pierres.
« Une pierre est une pierre, mais la main qui la lance n’est pas la même main – bien sûr, l’intention est différente », a-t-il déclaré, ajoutant que les Israéliens radicaux ne devaient pas être traités comme des « ennemis ».

L’an dernier, le ministre de la Défense, Israel Katz, a mis fin à la politique de détention administrative pour les résidents d’implantations extrémistes, tout en maintenant cette mesure à l’encontre des Palestiniens.
La détention administrative est un outil controversé en vertu duquel les suspects terroristes palestiniens et, plus rarement, les suspects terroristes juifs, sont détenus sans inculpation ni procès.
Le chef de la division de Cisjordanie de la police israélienne fait l’objet d’une enquête pour avoir ignoré les violences commises par des résidents d’implantations, vraisemblablement dans le but de s’attirer les faveurs du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir. Il a toutefois été autorisé à reprendre ses fonctions malgré l’enquête en cours.