Israël en guerre - Jour 472

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Le 7 octobre, un an après"Notre tragédie nous permet hélas de montrer la vérité"

Comment des Américains ont obtenu la libération d’une orpheline du 7 octobre, otage du Hamas

L'américano-israélienne Abigail Mor Edan a vu ses parents se faire tuer et a été prise en otage à Gaza. Liz Hirsh Naftali revient sur son épreuve dans le livre "Saving Abigail"

Le président Joe Biden tient dans ses bras la petite Abigail Mor Edan, âgée de quatre ans, enlevée par le Hamas le 27 octobre 2023 et libérée le 26 novembre 2023, dans la salle à manger du Bureau ovale, le 24 avril 2024. (Photo officielle de la Maison Blanche par Adam Schultz)
Le président Joe Biden tient dans ses bras la petite Abigail Mor Edan, âgée de quatre ans, enlevée par le Hamas le 27 octobre 2023 et libérée le 26 novembre 2023, dans la salle à manger du Bureau ovale, le 24 avril 2024. (Photo officielle de la Maison Blanche par Adam Schultz)

La première chose que l’on souhaite savoir, à propos d’Abigail Mor Edan, jeune américano-israélienne âgée de 3 ans qui a vu ses parents se faire tuer par des terroristes du Hamas le 7 octobre 2023 et s’est enfuie, couverte du sang de son père, se réfugier chez un voisin avant d’être prise en otage durant 51 jours, c’est comment elle va.

Abigail a été libérée en novembre, au troisième jour d’un accord notamment négocié par les États-Unis qui a permis à Israël et au Hamas de s’échanger des otages contre des prisonniers. Ses joues rondes, ses yeux bruns très expressifs et sa chevelure indisciplinée ont touché le monde entier.

A l’occasion d’un appel téléphonique depuis chez elle, à New York, la grand-tante d’Abigail, Liz Hirsh Naftali, dit d’Abigail qu’elle est « [une fillette de] quatre ans, belle, pleine d’énergie et intelligente … pleine de vitalité, heureuse de jouer avec ses amis, ses frères et sœurs et cousins, de danser, nager, courir ».

Elle adore les fruits, les frites, les escalopes de poulet et la glace à la fraise, et aussi les câlins.

« Ce que nous ignorons », ajoute Hirsh Naftali, « c’est l’effet à long terme de ce qui lui est arrivé. »

Femme d’affaires installée aux États-Unis, Hirsh Naftali a écrit un livre intitulé « Saving Abigail » pour raconter l’histoire de la famille et ses propres démarches pour obtenir la libération d’Abigail – réunions avec le président américain Joe Biden, la vice-présidente Kamala Harris et d’autres personnalités du monde entier.

Elle a écrit ce livre pour que les gens sachent « la vérité sur ce qui s’est passé le 7 octobre », explique-t-elle, en pointant du doigt ceux qui nient les événements. « Malheureusement pour notre famille, cette tragédie est l’occasion de dire la vérité aux gens. »

Liz Hirsh Naftali, à gauche, et sa fille Noa Naftali lors de la Marche pour Israël à Washington DC, avec sur elles des sweat-shirts avec la photo d’Abigail, le 14 novembre 2023. (Autorisation)

Le 7 octobre, des milliers de terroristes dirigés par le Hamas se sont introduits dans le sud d’Israël pour y massacrer brutalement plus de 1 200 hommes, femmes et enfants, et faire 251 otages séquestrés dans la bande de Gaza.

La belle-sœur de Hirsh Naftali, Shlomit et la grand-mère d’Abigail vivaient avec le reste de la famille à Kfar Aza, kibboutz situé près de la frontière de Gaza qui a vu 63 de ses 800 habitants assassinés et 11 pris en otage.

Les terroristes ont abattu Smadar, la mère d’Abigail, devant ses yeux et ceux de ses frère et sœur, Amalia, 6 ans, et Michael, 10 ans. Ils ont ensuite tué leur père, Roee, qui a fait un rempart de son corps à Abigail et fait l’impossible pour sauver ses enfants.

Amalia et Michael ont couru chez eux et sont restés cachés pendant 14 heures dans un placard, à quelques mètres du corps sans vie de leur mère, jusqu’à ce que les forces spéciales leur portent secours. Ils pensaient qu’Abigail était morte en même temps que leur père.

De gauche à droite, sur une photographie non datée datant sans doute de 2022 ou 2023 : Abigail Mor Edan, son père Roee, son frère Michael, sa sœur Amalia et sa mère Smadar. (Famille Mor Edan)

Elle a survécu. Coincée sous le corps de son père, la fillette de 3 ans est parvenue à se dégager et courir jusque chez sa voisine Hagar Brodutch, qui s’est réfugiée avec elle et ses trois enfants dans leur pièce sécurisée. Blessé en tentant de récupérer des armes pour repousser les terroristes, le mari d’Hagar, Avichai, membre de l’équipe de sécurité du kibboutz avait été évacué vers un hôpital.

Vers 11 heures, 15 terroristes forcent la porte de la pièce sécurisée et prennent en otage Abigail, Hagar et ses enfants. Ils sont conduits à Gaza à bord de la voiture d’Hagar, persuadée à ce moment-là que son mari est mort.

La première photo d’Abigail Mor Edan au moment de sa libération, après 51 jours de captivité à Gaza, ici en Israël avec sa tante et sa grand-mère, le 26 novembre 2023. (Famille Mor Edan)

On les installe dans un premier temps dans une petite pièce aux fenêtres obturées dans l’appartement de faible hauteur d’une famille Gazaouie, avant de les déplacer à l’approche des bombes israéliennes.

Certains jours, on ne leur donne que du pain pita à manger. La salle de bain n’a pas l’eau courante. Hagar négocie pour avoir du papier toilette, du papier, des crayons, des cartes et du savon. Ils doivent se taire et ne reçoivent aucune information extérieure.

Au moment de leur libération, le 26 novembre, Hagar s’aperçoit qu’ils ont tous perdu du poids et qu’ils sont sales, avec la peau décolorée.

Du temps où Abigail était séquestrée à Gaza, Hirsh Naftali a travaillé depuis les États-Unis pour sensibiliser à son cas et obtenir sa libération ainsi que celle des autres otages, non sans se demander si le fait d’attirer l’attention sur Abigail pourrait être préjudiciable à sa libération. Mais elle savait que pour être efficace, elle devait « aller au Capitole, frapper à toutes les portes et faire en sorte de convaincre quelqu’un », explique-t-elle dans le livre.

À la libération d’Abigail, Biden appelle personnellement Hirsh Naftali pour lui dire qu’Abigail se trouve en Israël, en sécurité. « J’ai alors pris ma première vraie respiration depuis des mois », se souvient Hirsh Naftali.

Photo non datée d’Abigail Mor Edan avant son enlèvement, à l’âge de 3 ans, chez elle, à Kfar Aza. (Autorisation)

Elle continue de plaider en faveur de la libération des otages.

« Impossible pour Israël, les familles et le pays dans son entier d’aller de l’avant » si les otages ne sont pas libérés, affirme-t-elle. Les ramener chez eux est tout à la fois moral, humanitaire et juif, poursuit-elle, mais le Premier ministre Benjamin Netanyahu « est incapable » de le faire.

Abigail, Michael et Amalia vivent maintenant avec leur tante, leur oncle et leurs trois cousins, eux aussi rescapés de l’attaque de Kfar Aza, secourus après 29 heures passées dans leur pièce sécurisée. Tous les huit vivent dans le nord de Tel Aviv, car Kfar Aza demeure inhabitable, poursuit Hirsh Naftali.

Retourner à Kfar Aza ou « n’importe où ailleurs est inenvisageable pour l’instant », souligne Hirsh Naftali. « Personne ne trace des plans sur la comète. Ils vivent au jour le jour. »

En avril, Abigail et sa nouvelle famille ont rencontré Biden à la Maison Blanche. Le président a serré dans ses bras les six enfants, qui lui ont donné des dessins pour le remercier. Abigail l’a appelé « Joe Joe » et lui a tapoté la tête en s’amusant. Elle a aussi fait des « high-five énergiques » avec tous les officiels impliqués dans sa libération, écrit Hirsh Naftali.

Hirsh Naftali sera en Israël le 7 octobre pour le premier anniversaire de la tragédie. La famille ira se recueillir sur la tombe de Roee et Smadar.

Abigail et ses frères et sœurs parlent de leurs parents, ajoute Hirsh Naftali, et « ils savent exactement ce qui s’est passé ce matin-là ». Abigail sait aussi qu’elle est allée à Gaza. « Elle dira les choses quand elle sera prête », souligne Hirsh Naftali.

La tante et l’oncle d’Abigail, explique-t-elle, font tout ce qu’il faut pour que chaque jour soit un « bon jour » et que les enfants se sentent aimés, choyés et en sécurité.

Abigail, Michael et Amalia sont un peu le symbole de l’histoire d’Israël depuis le 7 octobre, écrit Hirsch Naftali dans son livre. « Ils sont blessés mais pas vaincus. Ils portent des cicatrices que personne ne voit, mais ils vont reprendre le cours de leur vie. »

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