Israël en guerre - Jour 623

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Comment la crise sanitaire a inspiré les artistes de Tel Aviv

Une œuvre avec des gants abandonnés dans les rues, des contes, des billets de banque décorés de masques : les Israéliens ne manquent pas une opportunité de créer

  • Le créateur Yoav Gati réinvente les gants usagés (Autorisation : Yoav Gati/ via JTA)
    Le créateur Yoav Gati réinvente les gants usagés (Autorisation : Yoav Gati/ via JTA)
  • Une photo de la vitrine de Teddy Cohen (Autorisation :  Cohen/ via JTA)
    Une photo de la vitrine de Teddy Cohen (Autorisation : Cohen/ via JTA)
  • L'artiste de rue  Dede Bandaid a rajouté des masques sur des billets de banque réels (Autorisation : Dede Bandaid/ via JTA)
    L'artiste de rue Dede Bandaid a rajouté des masques sur des billets de banque réels (Autorisation : Dede Bandaid/ via JTA)

JTA — Le créateur Yoav Gati déambulait autour de son bloc d’immeubles, dans le sud de Tel Aviv, lorsqu’il a trouvé un gant en latex abandonné dans la rue, à la fin du mois de mars. Quelques mètres plus tard, il en a découvert un autre – puis encore un autre.

Au moment de rentrer chez lui, il en avait collecté plus d’une dizaine – un phénomène propre à la crise du coronavirus. Et, de manière inattendue, l’inspiration artistique l’a saisi.

« J’ai fait une galerie photo toute entière à partir de ces gants », explique Gati. « Quand je les regardais, un élément dans la forme et dans les couleurs me rappelait toutes sortes de choses – un nid plein d’oisillons, un singe, un lapin. »

Il a scanné les photos et ajouté des détails griffonnés pour transformer les gants en personnages, leur donnant une particularité de caractère : Roger le poisson, par exemple, exècre plus que tout qu’il lui soit demandé s’il a prévu de faire quelque chose aujourd’hui. Et Avikam, le morse violet, ne sait jamais quel jour on est – et il s’en moque.

Sur Instagram, Gati a bénéficié de réactions enthousiastes face à ses petits personnages étranges nés du coronavirus et a lancé un nouveau compte intitulé @glove.stories, encourageant ses abonnés à partager leurs propres photos de gants usagés, à la fois par esprit de drôlerie mais aussi pour attirer l’attention sur les déchets entraînés par la pandémie et qui se sont multipliés. À ce jour, plus de 100 personnes originaires de Tel Aviv et d’au-delà se sont prêtées au jeu.

(Pas d’inquiétude au sujet de l’artiste qui suit les règles sanitaires scrupuleusement : Gati les installe avec soin, en utilisant une baguette.)

« C’est devenu comme une sorte de nouvelle habitude née du coronavirus », explique Gati. « Personnellement, je m’amuse énormément – et je suis en mesure de sensibiliser au sujet d’un problème qui me préoccupe tout en aidant les autres, et moi-même, à exprimer mon sens de la créativité. »

Gati n’est pas le seul, à Tel Aviv, à avoir tenté de trouver un moyen de contrer les aspects négatifs du confinement actuel. Au cours des deux derniers mois, les créateurs, photographes, artistes et conteurs israéliens ont entamé de nombreux projets qui permettent d’insuffler une énergie nouvelle à leurs publics respectifs – mais toujours à distance.

Hagai Farago, photographe spécialisé dans l’architecture et sérigraphe, a pour sa part créé un manuel de coupure et de pliages consacré aux véhicules de transport emblématiques de Tel Aviv. Partagé gratuitement sur son site personnel et sur celui de la municipalité de Tel Aviv, le livret a été téléchargé des centaines de fois. À une époque où il est vivement recommandé aux résidents de la ville de rester chez eux, les représentations miniatures des bus, des taxis partagés et des scooters électriques de Farago ont assurément profité de l’impatience collective de retrouver un semblant de mobilité.

« Un désir ardent de retrouver les rues de la ville est devenu de plus en plus intense pendant la période de confinement », explique Farago. « À partir d’un modèle de taxi pour mes neveux, l’idée s’est transformée en livret réunissant les véhicules de transport. »

« Et un autre sera bientôt présenté, consacré aux immeubles de Tel Aviv », continue-t-il.

L’artiste de rue Dede Bandaid a rajouté des masques sur des billets de banque réels. (Autorisation : Dede Bandaid/ via JTA)

L’illustratrice Yali Ziv pensait pour sa part aux enfants contraints à l’enseignement à distance lorsqu’elle a diffusé un outil complémentaire de pages de coloriage téléchargeables à l’occasion de ces « journées déroutantes » à la fin du mois de mars, avec une note qui précise de « ne pas hésiter à colorier à l’extérieur des lignes et à m’envoyer les résultats ». Connue pour son amour de la verdure dans ses travaux habituellement réalisés pour des clients israéliens et internationaux, ces pages en noir et blanc montrent des fleurs locales et des femmes heureuses d’être chez elles, avec leurs plantes vertes et leurs chats.

Par ailleurs, dans le sud de Tel Aviv, l’artiste de rue bien connu Dede Bandaid a récemment commencé à illustrer de vrais billets de banque israéliens – en recouvrant les visages des poètes qui agrémentent les devises israéliennes de masques. Il a mis au point les tailles, les formes et les couleurs de chaque masque en fonction des quatre types de billet.

Dede dépensera ces billets lors de ses prochains achats pour les mettre en circulation.

« L’idée de dessiner sur des billets, c’est quelque chose que je faisais également quand j’étais plus jeune, mais ici, cela prend une signification complètement nouvelle et complètement différente », dit-il. « En tant qu’artiste habitué à créer dans la sphère publique pour une audience très diversifiée, ce format des billets de banque permet de créer le lien entre l’idée de la communauté et ce que vous pouvez avoir chez vous, avec vous, et qui sera ensuite transmis à quelqu’un d’autre. »

Cela été initialement difficile pour Dede de trouver des commerces où utiliser ces shekels d’un nouveau type. Les commerces non-essentiels ont été fermés pendant des semaines (même si certains ont commencé à rouvrir), ce qui a mené le créateur et photographe Teddy Cohen à collecter plus de mille avis de fermetures collés aux vitrines des commerces de Tel Aviv.

Une photo de la vitrine de Teddy Cohen. (Autorisation : Cohen/ via JTA)

« Chaque panneau est intéressant et unique », s’exclame Cohen. « Certains sont réconfortants, d’autres sont drôles, optimistes, furieux. »

Cohen, comme Gati, a commencé à photographier les vitrines situées près de son appartement. Mais quand il s’est rendu compte que ces panneaux étaient partout, il a alors commencé à les photographier plus intentionnellement – et il collecte dorénavant les images de panneaux de toutes les zones commerciales de la ville.

Parmi ces messages, des notes de propriétaires exprimant leur regret de voir leurs heureux clients manquer d’œufs ou déplorant même des choses purement pratiques – comme le fait qu’il soit dorénavant interdit d’accueillir plus d’un client à l’intérieur du magasin . Appelé « Chers clients », ce projet (qui a donné lieu à la création d’un site dédié) permet de documenter ce moment historique. Le site filtre les images par mots-clés, comme : amour, compréhension, gants, à emporter, instructions, masques…

« C’est sûr que c’est triste de voir ces commerces fermés. Les panneaux sont rédigés sur un ton triste, d’excuse, et plein d’incertitudes » dit-il. « Mais de nombreux panneaux adoptent un ton optimiste : ‘nous surmonterons cela ensemble’, ‘nous nous retrouverons bientôt’, ‘tout ira bien’… [des messages] emplis d’amour et d’attention pour les clients, ce qui est assez amusant. »

Depuis quelques années, la scénariste Noa Berman-Herzberg (également connue sous l’alias @serialpickler sur Instagram) a recueilli les histoires de personnes qui ont vu leurs opportunités tourner au vinaigre. Ces jours-ci, elle compile une liste d’histoires de débouchés perdus à cause de la pandémie de coronavirus, et elle développe un podcast en anglais pour présenter ces histoires amères.

« Il manque quelque chose à tout le monde en ce moment, à toute le monde », dit-elle.

Cela s’applique aussi à elle personnellement, puisque son émission de radio hebdomadaire est actuellement en pause, et qu’elle enseigne, depuis chez elle, au département des arts numériques de l’Académie des arts et du design Bezalel de Jérusalem.

Au lieu de cela, Berman-Herzberg a organisé la semaine dernière une session publique de Zoom sur ces histoires tristes.

« Partager des histoires amères est particulièrement important pour les gens pendant cette période », note-t-elle. « Le sentiment que nous sommes tous dans la même situation difficile ensemble et l’opportunité d’entendre ce que d’autres personnes ont perdu est très réconfortant. »

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