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Comment le Talmud a inspiré un savant à manger éthiquement à Pourim

Jonathan K. Crane, de l'Université Emory, s'appuie sur des sources sacrées et laïques - y compris la sagesse midrashique - pour nous rappeler de se restreindre pendant le festin

Le tableau de 1804, «Der Voller» ou «The Full One» de George Emmanuel Opitz. (Domaine public)
Le tableau de 1804, «Der Voller» ou «The Full One» de George Emmanuel Opitz. (Domaine public)

Juste à temps pour la fête de Pourim, un nouveau livre d’un professeur de bioéthique et de pensée juive de l’Université Emory invite les lecteurs à reconsidérer leur façon de manger durant les festins des fêtes.

Dans Manger sur le plan éthique: la religion et la science pour une meilleure alimentation, l’auteur Jonathan K. Crane promeut le concept de terminer un repas avant satiété. Il affirme que cette approche est soutenue par d’anciens textes religieux, des idées philosophiques modernes et des recherches scientifiques contemporaines.

« La façon la plus saine, la plus sainte et la plus intelligente de manger est plus que rien et moins que trop », dit Crane, chercheur en bioéthique et pensée juive au Centre d’éthique de l’Université Emory. « Ce que le livre essaie de raconter, c’est cette histoire. »

C’est une histoire qui est radicalement différente des pratiques dominantes lors d’un récent dimanche du Super Bowl, par exemple. Crane dit que plus de calories sont consommées le jour du Super Bowl que tout autre jour de l’année civile, Thanksgiving mis à part.

Il appelle le Super Bowl « une continuation du pain et des cirques du monde gréco-romain, une manière brillante de satisfaire les gens ».

Mais, a-t-il dit, de nombreux fans dans le stade et chez eux sont satisfaits à cause de « la consommation stupide ».

Crane dit qu’en général, beaucoup d’entre nous dans le monde occidental moderne mangent de façon stupide, peu conscients de ce que nous mangeons réellement, et nous avons souvent tendance à accorder peu d’attention à ce que nous consommons réellement.

« Nous devons réapprendre ces rôles et ces relations », dit-il.

Jonathan K. Crane, auteur de «Eating Ethically.» (Autorisation)

Le livre est né, en partie, d’un article audacieux que Crane a écrit pour le New York Times en mars 2013 : « Le Talmud et autres livres de régime. »

« Quand je suis arrivé à Atlanta, j’ai été surpris en regardant la bioéthique religieuse », dit Crane. « J’ai vu peu d’attention accordée aux problèmes liés à l’alimentation. Au cours de recherches préliminaires, j’ai trouvé ces questions dans le Talmud et d’autres textes religieux très conscients de la façon dont nous mangeons, de notre consommation du monde. C’était très intéressant. »

‘Eating Ethically,’ par Jonathan K. Crane. (Autorisation)

Et, dit-il, « la science contemporaine de l’alimentation racontait une histoire similaire : en tant qu’êtres humains, nous devons faire très attention non seulement à ce que nous mangeons, mais aussi à la façon dont nous le faisons et pourquoi nous mangeons ».

L’éditorial est devenu un cours destiné aux étudiants de premier cycle et aux étudiants diplômés d’Emory – y compris un cours qui se déroulait dans une cuisine, dans lequel les étudiants achetaient des inggrédients, préparaient, cuisinaient et servaient des repas.

L’intérêt des étudiants était décuplé, et, dit Crane, « plus nous étudions la science contemporaine, la philosophie et la théologie, plus ils étaient concernés par la question de savoir ce que cela voulait dire bien manger. »

Crane a trouvé que la philosophie avait subi des changements significatifs depuis les anciens Grecs – quand, disait-il, la plénitude était considérée comme un idéal – jusqu’au 20e siècle, et puis des penseurs comme le philosophe lituanien-juif Emmanuel Levinas ont promu une compréhension différente de ce que voulait dire manquer.

« Ce n’a pas été considéré comme négatif, mais comme une caractéristique de l’existence », a déclaré Crane.

« Parce que nous manquons de choses – de connaissances, de nutrition – et que nous avons des désirs insatisfaits, cela nous pousse à chercher des réponses aux questions concernant la nourriture et les relations. Parce que nos manques nous permettent de vivre, les philosophes modernes l’ont compris comme un bien, ce qui nous encourage et nous motive à vivre pleinement ».

Il n’est pas nécessaire de remplir toute votre assiette, dit Jonathan K. Crane, auteur de «l’alimentation éthique». Et quand vous le faites, la viande est mieux consommée avec modération. (Autorisation)

Scientifiquement, Crane dit qu’il existe des études contemporaines qui montrent que notre corps digère mal quand il est saturé, et que « les comportements alimentaires inadaptés» de manger trop ou pas assez peuvent conduire à des maux ». Il dit que ces développements philosophiques et scientifiques modernes sont parallèles à des textes religieux millénaires.

« Nous trouvons parmi les ressources religieuses sur la nourriture et l’alimentation, à maintes reprises, en particulier dans le judaïsme, le christianisme et l’islam, de forts avertissements contre le fait de manger jusqu’à satiété. « La notion de gourmandise est l’un des sept péchés capitaux. Pendant des milliers d’années, les chefs religieux ont écrit des textes sacrés contre le fait de manger jusqu’à satiété.  »

Un texte qui attira l’attention de Crane dès le début fut une discussion entre le prophète Elie et le rabbin Nathan au deuxième siècle dans le Talmud babylonien, dans laquelle Elie conseille au rabbin Nathan de manger seulement jusqu’à ce que son ventre soit rempli aux deux tiers : « buvez un tiers, mangez un tiers, retenez le tiers. » Un millénaire plus tard, Maïmonide a donné le même conseil : « Mangez jusqu’aux trois quarts ».

Les deux sources judaïques défendent l’idée de bien manger, de manger sainement, dit Crane. Plus que rien, plus de la moitié, mais moins que trop.

Maimonides (photo credit: Wikimedia commons)

Crane a suivi la pensée philosophique juive concernant l’alimentation au cours des siècles, y compris celle de Baruch Spinoza au 17e siècle et de Hans Jonas au 20e siècle.

« Le thème de bien manger pour l’organisme est répandu dans toute la tradition textuelle judaïque », dit Crane.

Le professeur se dit intrigué par la façon dont les traditions chrétiennes, islamiques et juives ont convenu que nous devrions prêter attention au fait que nous sommes des mangeurs individuellement et collectivement, et qu’il existe des manières saintes et profanes de manger.

Il aborde le rôle de la fête et du jeûne. Crane dit que le calendrier juif « a non seulement des liturgies spéciales, des textes spéciaux, mais est également conçu culinairement. » Pour que nos fêtes soient spéciales, dit-il, il faut réserver cette façon de manger pour les jours spéciaux et éviter de trop consommer le reste de l’année.

« Nous ne devrions pas avoir une fête de la Pâque tous les jours », dit-il.

En ce qui concerne la prochaine fête de Pourim, Crane est réticent lorsqu’il lit la déclaration talmudique : boire jusqu’à ce qu’on ne puisse pas distinguer entre « béni soit Mordechai » et « maudit soit Haman », bien qu’il dit « apprécier l’aspect psychologique de la tradition. »

Il fait l’éloge d’un autre commandement traditionnel de Pourim, mishloach manot, quand « nous sommes invités, même en costume, à donner de la nourriture et des friandises à des amis et des voisins, en particulier aux personnes défavorisées. En donnant notre subsistance, Pourim devient spécial. »

Il note que le calendrier chrétien a aussi des fêtes et des jeûnes, des repas de fête spéciaux et des plats faits de certaines manières. De l’Eucharistie au vin et aux sacrements, Crane dit que la nourriture est réglementée également dans l’année civile islamique.

Bien qu’il soit acceptable de se livrer à certains hamantaschen ce Pourim, il est préférable de mettre de côté une portion saine à l’avance. (Autorisation de Roladin / via JTA)

« Psychologiquement, les prouesses athlétiques des joueurs sur le terrain sont perçues comme étant d’autant plus impressionnantes et impossibles pour le public moyen », dit-il. « Ils [les fans] ont moins de capacité physique pour effectuer des [exploits] similaires. L’écart entre les fans et les joueurs s’élargit. »

Alors que le quarterback des Patriots de la Nouvelle-Angleterre Tom Brady pourrait être célèbre pour ses nombreuses apparitions au Super Bowl – si son équipe avait gagné ce mois-ci contre les outsiders Philadelphia Eagles, il aurait connu six victoires au Super Bowl. Il est aussi connu dans le domaine du régime alimentaire, et en fait profiter les fans, selon Crane.

« Je fais écho à l’appel de Brady à accorder plus d’attention à ce que l’on mange, combien, et pourquoi », dit Crane. « Un régime riche en plantes continue de recevoir les meilleures notes de la part des nutritionnistes et des médecins, pour promouvoir une excellente santé et prévenir les affections liées à l’alimentation.

Le quarterback des Patriots de la Nouvelle-Angleterre, Tom Brady, garde habituellement son régime alimentaire. (Capture d’écran YouTube)

« Les humains ont évolué pour manger des produits animaliers seulement sporadiquement, et manger selon notre biologie est généralement sage. Il y a aussi une myriade de raisons éthiques pour limiter la consommation d’animaux. De plus, Brady encourage l’exercice malgré notre mode de vie de plus en plus sédentaire », dit-il.

Que la fête soit religieuse ou laïque, Crane a quelques conseils pour les fêtards. Profitez de certains des aliments spéciaux associés à l’événement, mais au lieu de vous permettre une consommation illimitée aux mets, mettez de côté une portion saine à l’avance.

Il recommande également aux gens de boire de l’eau au lieu de boissons riches en calories – ce qui peut aussi aider à entretenir les corps en bonne santé lorsqu’ils absorbent des toxines à Pourim. Et, dit-il, n’ayez pas peur de vous joindre à la danse de Pourim : levez-vous et bougez !

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