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Corbyn admet que des cas d’antisémitisme au sein du Labour ont pu être « ignorés »

Le dirigeant a exprimé des doutes sur le traitement des cas d’antisémitisme ; cela montre un désir de rétablir la confiance, selon un porte-parole

Jeremy Corbyn, dirigeant du Labour, arrive au Newport Center, à Newport, dans le sud du Pays de Galles, à l’occasion d'un rassemblement en soutien à la future candidate parlementaire Ruth Jones, candidate à l'élection partielle de Newport West, le 30 mars 2019. (Ben Birchall / PA via AP)
Jeremy Corbyn, dirigeant du Labour, arrive au Newport Center, à Newport, dans le sud du Pays de Galles, à l’occasion d'un rassemblement en soutien à la future candidate parlementaire Ruth Jones, candidate à l'élection partielle de Newport West, le 30 mars 2019. (Ben Birchall / PA via AP)

Jeremy Corbyn, dirigeant du Labour, a admis que des preuves de cas d’antisémitisme au sein de son parti avaient pu être « égarées, ignorées ou non utilisées », a révélé un enregistrement fuité. La semaine dernière, on apprenait que le bureau de Corbyn, qui a lui-même fait face à des accusations d’antisémitisme, serait intervenu dans au moins 101 plaintes concernant des actes d’antisémitisme au sein du parti.

Selon le Sunday Times, Corbyn a tenu ces propos lors d’une réunion en février dernier avec la parlementaire Dame Margaret Hodge, une députée juive confrontée à des attaques antisémites qui a qualifié Corbyn de « raciste et d’antisémite » – ce qui lui a valu d’être menacée d’une sanction disciplinaire, une idée finalement abandonnée.

Dans l’enregistrement, on peut entendre Corbyn exposer les raisons pour lesquelles il a recruté Lord Falconer, chargé d’examiner le processus de traitement des plaintes pour antisémitisme. (Un projet actuellement suspendu en raison du lancement d’une éventuelle enquête de la Commission britannique pour l’égalité et les droits de l’homme.)

« Le but du travail [de Falconer] est d’examiner la vitesse de traitement de ces cas, leur administration et la compilation des preuves avant qu’elles ne soient présentées devant un groupe spécial », a déclaré Corbyn. « Parce que je craignais que des preuves aient été égarées, ignorées ou non utilisées et qu’il faille mettre en place un meilleur système ».

Margaret Hodge prend la parole lors de la Conférence du Jewish Labour Movement à Londres, le 2 septembre 2018. (Dan Kitwood/Getty Images/via JTA)

Selon le journal anglais, Corbyn n’avait jamais auparavant exprimé des doutes sur la capacité de son parti à lutter contre l’antisémitisme, un an après que Jennie Formby, alliée de Corbyn et secrétaire général du parti, ait été nommée afin de superviser le système de plaintes pour antisémitisme.

Un porte-parole du Labour a déclaré au journal que l’enregistrement « montrait la volonté de Jeremy Corbyn de rendre les procédures robustes et aussi efficaces que possible afin de rétablir la confiance avec la communauté juive ».

Dimanche dernier, il a été rapporté que sous Corbyn le parti avait défendu des membres coupables de remarques antisémites et n’avait quasiment pas exclu un quelconque membre, malgré plus de 850 plaintes formelles. Quelques heures à peine après la publication de l’article, le Mouvement travailliste juif adoptait une motion de défiance contre Corbyn.

L’édition du Sunday Times de la semaine dernière rapportait que sa rédaction s’était procurée un disque dur contenant une base de données confidentielle, des courriels ayant fuité et des documents prouvant que le parti – depuis longtemps impliqué dans un scandale concernant un manque de préoccupation apparent face à la haine anti-juive dans ses rangs — n’avait pas réagi face aux plaintes.

Lord Falconer siègeant pour la dernière fois au Woolsack à la Chambre des lords de Londres, le 4 juillet 2006. (AP Photo / John Stillwell, PA)

Dans son dernier article, le Times avançait que le Labour avait secrètement suspendu un employé subalterne soupçonné d’être à l’origine des fuites. Selon le journal, cela signifierait qu’il n’y a désormais plus aucun membre permanent au sein du personnel chargé de traiter des allégations de racisme ou de misogynie au sein du parti.

Le bureau de Corbyn est intervenu dans au moins 101 plaintes, a indiqué l’article de dimanche dernier, alors qu’il avait déjà assuré à Hodge que son équipe n’interviendrait « jamais ».

Au total, sur 863 plaintes déposées jusqu’au 8 mars 2019, 454 n’ont toujours pas été traitées et le parti n’a pas ouvert d’enquête pour 249 d’entre elles.

Parmi les affaires traitées, 191 membres n’ont pas été confrontés à la moindre action, et 145 ont reçu un avertissement officiel – ce que le Sunday Times a qualifié de « tape dans le dos ». Seulement 29 membres ont été expulsés. D’autres sont partis de leur propre chef.

L’article détaille des affaires spécifiques sans nommer les contrevenants. Dans l’une d’elles, un dirigeant syndical de Manchester a été autorisé à réintégrer le parti alors qu’il a partagé des informations reprochant à des « Juifs israéliens » les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.

Le mois dernier, Thomas Gardiner – un allié de Corbyn à la tête de la division chargée de la gouvernance et de la justice au sein du parti – avait bloqué la procédure visant à accélérer les poursuites contre un membre du parti qui avait insulté Hodge et Ruth Smeeth de « chieurs achetés et payés par Israël » et de « crétins » qui devaient retourner « se faire foutre ».

Les membres coupables de propos tels que « Heil Hitler », « Ni*** les Juifs » et « Les Juifs sont le problème » n’ont pas été expulsés malgré les plaintes déposées à leur encontre il y a un an, a indiqué l’article.

La députée juive britannique travailliste Ruth Smeeth quitte la présentation d’un rapport sur l’antisémitisme au sein de son propre parti après qu’un soutien de Jeremy Corbyn l’a accusée de contrôler les médias, à Londres, le 30 juin 2016. (Crédit : capture d’écran YouTube)

Une conseillère du Lancashire a été réadmise en dépit de ses propos sur les « médias juifs » et les « Rothschild », après avoir expliqué qu’elle avait prononcé ces termes « comme une description sans aucune connotation raciste ».

Dans une autre affaire, un législateur a reçu un avertissement après avoir insulté le groupe de Board of Deputies of British Jews. Il a ensuite affirmé que son commentaire n’était « pas antisémite, mais anti-con. Regardez Israël. »

Un responsable travailliste a jugé qu’un candidat au conseil était menacé de suspension après avoir accusé les députés juifs d’être des « infiltrés sionistes », mais a ensuite décidé que l’accusé ne ferait l’objet d’aucune suspension ni d’aucune action parce qu’il « était [seulement] candidat ».

En réponse à l’article, Hodge avait déclaré que « l’ampleur des abus, de cette haine et l’absence totale d’action du Parti travailliste sont étonnants. Jeremy m’a assuré qu’il n’intervenait pas dans les plaintes. Cette enquête prouve qu’il ment ou que son bureau lui ment ».

Le chef du Parti travailliste de l’opposition britannique Jeremy Corbyn, (à gauche), s’entretient avec le chef adjoint Tom Watson au début de la conférence annuelle du parti à Liverpool, en Angleterre, le 23 septembre 2018. (Stefan Rousseau/PA via AP)

« C’est une lecture profondément choquante et déprimante », a commenté le dirigeant adjoint du Labour, Tom Watson. « Les membres travaillistes et la communauté juive ne comprendront pas pourquoi, bien des années après les premières inquiétudes suscitées par l’antisémitisme, nous n’y avons pas fait face. »

Mais le Labour a insisté sur le fait que les chiffres présentés dans l’article n’étaient « pas exacts ».

« Parmi les mails qui ont fuité, des lignes en particulier ont été divulguées de façon sélective afin de représenter faussement leur contenu global », a déclaré le parti. « D’anciens membres du personnel ont demandé au bureau du dirigeant de les aider à lutter contre le retard dans les dossiers. Cela a duré quelques semaines en l’absence de secrétaire général et a finalement été clôturé par Jennie Formby [qui occupe maintenant ce rôle]. »

« Le parti travailliste prend très au sérieux les plaintes relatives à l’antisémitisme, et nous sommes déterminés à en venir à bout. Toutes les plaintes font l’objet d’une enquête approfondie conformément à nos règles et procédures. Nous ne pouvons pas commenter des affaires individuelles », a déclaré le parti.

L’ancien maire de Londres, Ken Livingstone. (AP Photo/Kirsty Wigglesworth)

Des allégations d’antisémitisme au sein du Labour sont rapportées depuis 2015, année où Corbyn, issu de l’extrême-gauche, a été élu à la tête du parti. Le Board of Deputies of British Jews l’a accusé d’encourager la rhétorique antisémite et d’en être même parfois l’auteur, bien qu’il conteste cette affirmation.

L’ancien maire de Londres, Ken Livingstone, a récemment qualifié les allégations d’antisémitisme au sein du Parti travailliste de « mensonges et de diffamations » visant à faire tomber Corbyn et a affirmé qu’il n’était « pas antisémite de haïr les Juifs d’Israël ».

Samedi, un groupe nommé « Le Parti travailliste contre la chasse aux sorcières » a annoncé que Livingstone en était son président honoraire et parrain.

Le mois dernier, la police britannique a arrêté près de Londres trois personnes soupçonnées d’incitation à la haine antisémite dans les rangs du parti. Les arrestations ont représenté une rare intervention des forces de l’ordre contre des membres suspectés d’antisémitisme.

L’année dernière, Corbyn a exprimé son regret d’avoir défendu une peinture murale antisémite de l’East End de Londres en 2012.

La peinture murale, intitulée « Liberté de l’Humanité », a été réalisée sur une propriété proche de Brick Lane par le graffeur Kalen Ockerman, basé à Los Angeles. Il dépeignait un groupe d’hommes – apparemment des caricatures de banquiers et d’hommes d’affaires juifs – comptant leur argent sur un tableau de Monopoly mis en équilibre sur le dos d’ouvriers nus.

En réponse, les Juifs britanniques avaient participé à une manifestation sans précédent sur la place du Parlement contre l’antisémitisme qui se répandait au sein du mouvement ouvrier.

À la suite de l’attention croissante portée par l’opinion publique à cet égard, la formation se trouve confronté à la possibilité d’une enquête officielle de la Commission britannique pour l’égalité et les droits de l’homme, principal organisme de surveillance du gouvernement chargé de la lutte contre le racisme.

Michael Bachner a contribué à cet article.

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