Cori Bush, une autre membre anti-Israël de la « Brigade », perd les primaires
Le procureur de St Louis, Wesley Bell, bat le représentant pro-BDS du Missouri ; Josh Shapiro se dit "fier" d'être juif lors d'un rassemblement Harris-Walz à Philadelphie
La représentante démocrate Cori Bush, membre de la « Brigade », un groupe d’extrême gauche extrêmement critique à l’égard d’Israël, a été battue mardi lors des primaires du Missouri par un adversaire qui a levé des millions de dollars auprès de fonds favorables à Israël.
Les progressistes du Parti démocrate pourraient remporter une nouvelle victoire. La vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, candidate du parti, a opté pour un colistier autre que le candidat juif qui fait l’objet d’une campagne virulente et d’accusations d’antisémitisme de la gauche.
Après le dépouillement de plus de 96 % des bulletins de vote, l’Associated Press (AP) a annoncé que la primaire de la région de Saint-Louis avait été remportée mardi soir par Wesley Bell, le procureur de la région de Saint-Louis, qui a battu Bush par 51,2 % contre 45,6 %.
Dans son discours de défaite, Bush a assuré qu’elle ne changerait pas.
« Nous continuerons à soutenir une Palestine libre », a-t-elle déclaré. Un membre de la foule a réagi en scandant « Free, free Palestine » [Libérez la Palestine].
C’est la deuxième fois que des comités d’action politique (PAC) pro-Israël remportent une élection primaire démocrate contre un membre du Squad. En juin, une coalition similaire de groupes avait déboursé 14 millions de dollars pour battre le représentant de l’État de New York, Jamaal Bowman.
En amont des primaires du Missouri mardi, les CAP affiliés à l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) ont dépensé au moins 9 millions de dollars pour vaincre Bush, l’une des premières législatrices à avoir appelé à un cessez-le-feu après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas contre Israël le 7 octobre, qui a déclenché la guerre en cours contre le groupe dans la bande de Gaza. Elle est également l’une des principales responsables des efforts visant à supprimer l’aide à Israël. Les groupes progressistes, quant à eux, ont dépensé moins d’argent, bien que des millions, pour Bush.
La campagne contre Bush, financée par un super-PAC allié à l’AIPAC et appelé United Democracy Project (UDP), n’a pas mis l’accent sur ses positions concernant Israël et ont préféré se faire l’écho des propos de Bell. Ce dernier avait accusé Bush de négliger sa circonscription et de s’écarter du Parti démocrate en matière de priorités budgétaires pour adopter des positions idéologiques qui auraient pu coûter des emplois locaux. Bell et Bush ont tous deux acquis une réputation de défenseurs progressistes de la justice raciale et étaient autrefois alliés.
Mais l’opposition de Bush à Israël pourrait avoir eu un effet. Bell a remporté une large victoire dans le comté de St. Louis, où résident la plupart des 60 000 juifs de la circonscription. Bush était en tête dans la ville de St. Louis, mais pas avec une marge suffisante pour faire la différence.
Les candidatures de Bush et de Bowman étaient inhabituelles dans la mesure où elles ont également été appuyées par le Jewish Democratic Council of America (JDCA), un groupe partisan qui prend rarement parti dans les primaires. Un phénomène similaire s’est récemment produit du côté républicain, avec la Jewish Republican Coalition (RJC) s’en prenant aux élus sortants de son parti, perçus comme pas assez pro-Israël.
Dans un communiqué, l’UDP a fait savoir qu’il continuerait à s’en prendre aux élus sortants hostiles à Israël, notant les défaites de Bowman et d’un membre d’extreme droite du Congrès de Virginie, le député Bob Good. La RJC a participé à l’effort d’éviction de Good.
« La victoire de Bell ce soir, ainsi que la victoire de George Latimer (D) sur le député Jamaal Bowman tout comme la défaite de John McGuire (R) face au député Bob Good, prouvent une fois de plus qu’être pro-Israël est une bonne politique et une bonne politique des deux bords », a indiqué la RJC.
Bush a été l’une des deux membres du Congrès à voter contre une mesure visant à interdire l’entrée aux États-Unis des terroristes du Hamas qui ont commis les massacres du 7 octobre dans le sud d’Israël. Le pogrom a fait près de 1 200 morts et 251 personnes ont été prises en otage, ce qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.
En octobre, Bush avait déjà qualifié les représailles israéliennes de « campagne de nettoyage ethnique ». Peu après l’attaque meurtrière du Hamas, Bush avait écrit sur les réseaux sociaux que la « punition collective infligée par Israël aux Palestiniens pour les agissements du Hamas constitue un crime de guerre. »
Elle a refusé de qualifier le Hamas de groupe terroriste, affirmant que les manifestants pour la justice raciale à Ferguson avaient également été qualifiés de terroristes (mais sa campagne est revenue sur cette déclaration par la suite). Elle soutient le mouvement pour le boycott d’Israël.
Ses propos ont suscité des réactions hostiles, y compris de la part de certains partisans de sa circonscription. Bell, qui avait prévu de se présenter au Sénat contre le républicain sortant Josh Hawley, a choisi de défier Bush. Le mois dernier, il a dit à l’AP que les remarques de Bush sur Israël étaient « erronées et offensantes ».
Bell a ajouté ne pas être satisfait du montant des fonds alloués à la campagne. Bush et ses alliés ont critiqué la participation de l’AIPAC, qualifiant le groupe de « raciste » et récoltant des fonds en raison de son hostilité à Bush. Le PAC habituel de l’AIPAC a également collecté des fonds pour Bell.
Le Democratic Majority for Israel (DMFI), un PAC qui a dépensé au moins 500 000 dollars dans la course, a estimé que la défaite de Bush était une répudiation de l’extrême gauche.
« La victoire de Wesley Bell et la défaite de Cori Bush soulignent ce que nous avons vu dans les courses à travers le pays et tout au long de ce cycle électoral – être pro-Israël n’est pas seulement une politique sage, mais aussi une politique intelligente », a expliqué Mark Mellman, président du PAC de DMFI. « Et il y a une autre leçon précieuse à tirer de ces résultats : les Démocrates ne veulent pas de division ou d’extrémisme. Ils veulent le genre de résultats progressistes que Joe Biden et Kamala Harris ont obtenus en rassemblant les gens. »
La défaite de Bush survient juste après l’annonce par Harris, candidate du parti à la présidence des États-Unis, de son choix comme colistier du gouverneur du Minnesota, Tim Walz, et non de Josh Shapiro, gouverneur de la Pennsylvanie.
Shapiro était l’un des deux ou trois principaux candidats envisagés par Harris comme son colistier. Depuis une semaine environ, Shapiro fait l’objet d’une campagne en ligne de la part de certains progressistes visant à l’écarter du ticket en raison de ses positions pro-israéliennes de longue date.
Cette campagne a suscité des critiques de la part de l’ensemble du spectre politique pour avoir ciblé Shapiro, alors même que les non-Juifs que Harris envisageait de nommer étaient tout aussi favorables à Israël, si ce n’est plus, que Shapiro.
Le gouverneur de Pennsylvanie a fait allusion à la controverse lors d’un rassemblement de la campagne de Harris dans sa ville natale de Philadelphie, mardi.
« Je m’appuie sur ma famille et sur ma foi qui m’appelle à servir », a déclaré M. Shapiro. « Et je suis fier de ma foi ! »
Dès que la nouvelle du choix de Walz a été divulguée mardi matin, les Républicains ont clamé – inquiétant certains électeurs juifs – que Harris avait cédé aux antisémites. La campagne de Harris a répondu à ces accusations en les qualifiant « d’offensantes ».
Par ailleurs, le sénateur de l’Ohio JD Vance, colistier du candidat républicain à la présidence Donald Trump, a déploré que Shapiro ait été contraint de « fuir » son héritage juif.
Shapiro et Harris ont tous deux évoqué leur étroite amitié, qui remonte au milieu des années 2010, à l’époque où ils étaient tous deux procureurs généraux – Shapiro pour la Pennsylvanie et Harris pour la Californie – et collaboraient dans le cadre de poursuites judiciaires.
« Josh est un ami très cher et un leader extraordinaire », a affirmé Harris en prenant la parole à la suite de Shapiro. « Notre amitié et notre collaboration me sont précieuses, car avec Josh Shapiro, nous gagnerons la Pennsylvanie, nous gagnerons la Pennsylvanie, et je te remercie Josh, je te remercie ».
Shapiro a ensuite cité, comme il le fait souvent, un adage des Pirkei Avot, un ancien code d’éthique juive. Plus tôt dans la journée, il l’avait déjà cité dans un communiqué sur la sélection de Walz.
« Écoutez-moi, je ne suis pas là pour prêcher, mais je veux vous dire ce que ma foi m’enseigne », a indiqué Shapiro. « Qu’est-ce qu’elle dit ? Ma foi m’enseigne que personne, personne n’est tenu d’accomplir la tâche, mais que nous ne sommes pas non plus libres de nous en abstenir. Cela signifie que chacun d’entre nous a la responsabilité de quitter la ligne de touche, de participer au jeu et d’accomplir son devoir. »
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.