Corruption : enquête en Allemagne sur les sous-marins vendus à Israël
Cette initiative viendrait répondre à une demande de l'Etat juif liée sur l'Affaire 3000 et se consacrerait au versement d'éventuels pots-de-vin
La justice allemande enquête à son tour sur la vente en 2017 de trois sous-marins militaires à Israël, une transaction entourée de soupçons de corruption visant plusieurs proches du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui est en pleine campagne électorale, a indiqué le parquet mardi.
« L’examen des articles de la presse internationale a conduit à l’ouverture d’une enquête contre X », a déclaré à l’AFP un porte-parole du parquet de Bochum, spécialiste de la délinquance économique et financière, sans plus de précisions.
Le quotidien Handelsblatt avait affirmé lundi que la justice allemande s’était saisie du dossier sur la demande de la justice israélienne, qui mène depuis la fin 2016 une enquête aux ramifications politiques sur ce gros contrat militaire.
L’affaire dite « 3 000 » porte sur des soupçons de corruption autour de la vente par l’Allemagne à Israël de sous-marins militaires et autres bateaux conçus par le géant industriel allemand ThyssenKrupp, pour une somme d’environ deux milliards de dollars.
Le dernier rebondissement remonte à la semaine passée, avec l’arrestation de l’homme d’affaires qui représentait ThyssenKrupp en Israël, Michael Ganor. Il avait dans un premier temps reconnu avoir touché des pots-de-vin et accepté de livrer des informations sur d’autres suspects, avant de revenir sur cette version.
Le scandale menace par ailleurs le chef du gouvernement, Benjamin Netanyahu: plusieurs de ses proches sont directement mis en cause, et son principal rival Benny Gantz a réclamé la semaine dernière de nouvelles investigations sur l’implication directe du Premier ministre.
Dans cette enquête israélienne de haut-niveau appelée l’Affaire 3000, plusieurs proches conseillers du Premier ministre Benjamin Netanyahu sont soupçonnés d’avoir reçu des pots-de-vin dans le cadre d’un plan de corruption massif autour d’un accord déterminant l’achat par l’Etat de navires et de sous-marins au fabricant naval allemand Thyssenkrupp pour une somme impliquant plusieurs milliards de shekels. Netanyahu a été cité comme témoin dans ce dossier et ne fait pas figure de suspect.
Ces dernières semaines, de nouveaux soupçons sont néanmoins apparus concernant des profits qu’aurait pu tirer Netanyahu de manière illicite de la vente d’actions dans une entreprise liée à Thysennkrupp à son cousin, l’homme d’affaires américain Nathan Milikowsky.
Dimanche, Thysennkrupp a nié construire des sous-marins avec des pièces achetées auprès de l’entreprise concernée, Seadrift Coke.
Le bureau du procureur de l’Etat réfléchirait à ouvrir une enquête sur Netanyahu qui, selon lui, s’est abstenu de faire part de ses transactions boursières aux autorités.
Selon un reportage diffusé jeudi sur la Treizième chaîne, les procureurs soupçonnent que Netanyahu a trompé le bureau du procureur de l’Etat en ce qui concerne ses actifs financiers.

Le parti Kakhol lavan a fait des soupçons sur les liens entre Netanyahu et la vente des sous-marins une composante centrale de sa campagne en amont des élections du 9 avril, utilisant notamment les allégations portant sur une conduite inappropriée du Premier ministre lorsqu’il avait donné le feu vert à l’acquisition par l’Egypte de sous-marins auprès de Thyssenkrupp en 2014 et en 2015 sans en avertir le chef d’Etat-major de l’époque — Gantz — ou le ministre de la Défense — Moshe Yaalon, qui est le numéro trois sur la liste de Kakhol lavan.
Au cours d’une interview rare et controversée accordée samedi à la Douzième chaîne, Netanyahu a accusé ses principaux rivaux de « calomnie du sang » contre lui, expliquant qu’ils tentaient de le forcer à divulguer des secrets d’Etat en faisant un problème de la non-opposition de l’Etat juif à l’accord avec l’Egypte.
« Ceux qui avaient besoin de le savoir l’ont su », a clamé Netanyahu qui a ajouté que Yaalon ne faisait pas partie d’eux.
En réponse, Gantz s’est emporté dans un message vidéo, disant : « Est-ce que vous entendez ce que vous dites ? Est-ce que vous vous écoutez parler ? Evoquer la vente de sous-marins comme si elle dépendait d’une décision personnelle du Premier ministre sans consultation préalable avec le ministre de la Défense ? Sans consultation préalable avec le chef d’Etat-major ? »
L’ancien chef de l’administration des renseignements de l’armée israélienne, Amos Yadlin, a déclaré à la radio militaire dimanche que cette décision avait été « extrêmement déraisonnable » et il a réclamé une enquête d’Etat dans ce dossier.