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Dans la série « Little Bird », une Juive révèle son passé indigène traumatisant

Diffusée sur la plateforme PBS, la série s'inspire des expériences de la co-créatrice Jennifer Podemski, une victime du "Sixties Scoop" arrachée aux bras de sa mère

Darla Contois, à gauche, dans le rôle d'Esther Rosenblum et Lisa Edelstein dans le rôle de Golda Rosenblum dans "Little Bird". (Crédit : Steve Ackerman via JTA)
Darla Contois, à gauche, dans le rôle d'Esther Rosenblum et Lisa Edelstein dans le rôle de Golda Rosenblum dans "Little Bird". (Crédit : Steve Ackerman via JTA)

JTA – Lorsque la mère indigène de Jennifer Podemski a accouché à 17 ans, les travailleurs sociaux ont pris le bébé d’un hôpital de Toronto et l’ont placé dans le système des familles d’accueil. Ce n’est que grâce aux efforts d’une assistante sociale, qui prenait sa retraite, qu’elle a retrouvé sa mère à l’âge de trois mois.

L’assistante sociale avait sauvé Podemski du tristement célèbre « Sixties Scoop » – ou Rafle des années 60 – une politique menée au Canada entre les années 1960 et 1980 qui a arraché des milliers d’enfants autochtones à leur famille pour les placer dans le système de protection de l’enfance.

Ayant grandi dans un quartier juif de Toronto, Podemski en a appris davantage sur le côté israélien de son père grâce aux histoires juives dont elle était bercée – dont certaines transmises par son grand-père paternel, un survivant de la Shoah.

Aujourd’hui réalisatrice, Podemski s’est largement inspirée de son expérience pour co-créer « Little Bird », une série en six épisodes sur le « Sixties Scoop » qui a débuté au Canada au début de l’année et qui a été diffusée aux États-Unis le 12 octobre, à raison d’un épisode par semaine diffusé sur PBS jusqu’au 16 novembre.

La série est disponible en streaming sur toutes les plateformes PBS, y compris PBS Masterpiece Prime Video.

« Je voulais humaniser ces expériences », a expliqué Podemski, qui est autochtone de la province canadienne Saskatchewan du côté de sa mère. « Elles n’ont pas encore été humanisées parce qu’elles n’ont pas été racontées. »

Jennifer Podemski, récipiendaire du prix de l’hommage du conseil d’administration de l’Académie 2023 lors de la Semaine des écrans canadiens, au Meridian Hall, à Toronto, dans l’Ontario, le 14 avril 2023. (Crédit : Jeremy Chan/GETTY IMAGES NORTH AMERICA/Getty Images via AFP)

La série commence avec Esther Rosenblum (interprétée par Darla Contois) lors de ses fiançailles en 1985, jouissant d’un succès juif presque cliché – des études de droit, un fiancé médecin prénommé David et une grande maison partagée aux côtés de sa mère adoptive au caractère bien trempé.. La mère, Golda Rosenblum (interprétée par Lisa Edelstein), d’origine polonaise, a survécu à la Shoah et est arrivée au Canada à l’adolescence, après avoir perdu toute sa famille à Auschwitz.

Bien que la vie d’Esther semble agréable, elle marche sur des œufs dans un contexte de discrimination constante. Elle est bouleversée d’entendre la mère de David se tourmenter à l’idée qu’il épouse « l’une d’entre elles », faisant référence à une autochtone adoptée par une famille juive. La future belle-mère se demande comment leur famille est censée croire qu’Esther est une « juive normale » qui peut devenir « une mère à son tour – et que ça va bien se passer ? » Un autre invité souligne que David a obtenu « l’une des gentilles », ajoutant : « J’ai un cousin qui a adopté l’un d’entre eux et il se drogue et tout ça. »

Une intrigue parallèle se déroule en 1968, alors qu’Esther a cinq ans et qu’elle s’appelle Bezhig Little Bird. Bezhig a été enlevée avec son frère et sa sœur par des assistantes sociales et des policiers, qui ont menotté leur mère hystérique et battu leur père, lorsqu’il a protesté, au bord de la mort. La série suit Esther/Bezhig dans son périple pour retrouver sa famille biologique et comprendre les racines auxquelles elle a été arrachée.

Comme Esther, Podemski a été élevée dans une communauté juive avec un lien ténu avec ses ancêtres autochtones. Ses grands-parents maternels ont été victimes du système des pensionnats au Canada, qui a séparé de force les enfants de leur famille pendant de longues périodes entre les années 1880 et les années 1990. Les écoles ont dépouillé les enfants de leur culture et de leur langue maternelle, avec l’objectif nominal de leur donner une éducation chrétienne euro-canadienne. Les écoles sont devenues tristement célèbres pour les abus physiques, sexuels et psychologiques qu’elles ont subis, ainsi que pour leur taux de mortalité élevé.

Podemski a dû chercher des informations sur l’histoire des Indigènes à l’adolescence, lorsqu’elle a commencé à étudier les atrocités commises à l’encontre de son peuple. Elle s’est irritée des remarques discriminatoires au sein de la communauté juive durant l’enfance, même lorsqu’elles n’étaient pas intentionnelles, et a eu du mal à se sentir chez elle.

« J’ai grandi dans une réalité juive, une réalité dans laquelle je n’avais pas vraiment ma place, de par mon apparence », a déclaré Podemski à la Jewish Telegraphic Agency. « Je n’ai jamais vraiment eu l’impression d’appartenir à l’un ou l’autre peuple [juif ou indigène]. »

En 30 ans de carrière, Podemski a été à la fois actrice et productrice, avec un rôle marquant dans le film « Dance Me Outside » de Bruce McDonald en 1994 et des récompenses pour la série « Moccasin Flats » (2003-2006) et le film « Empire of Dirt » (2013). Frustrée par la représentation des peuples autochtones au cinéma et à la télévision, elle a fondé Big Soul Productions et Redcloud Studios Inc. pour faire entendre les points de vue des Indigènes. Entre 2021 et 2023, elle apparaît aux côtés de ses sœurs Tamara et Sarah Podemski dans la série à succès de FX « Reservation Dogs ».

« Little Bird » met l’accent sur la représentation, avec des acteurs canadiens autochtones jouant la famille Little Bird, dont Edelstein – qui a joué dans la célèbre série populaire « Dr. House » – dans le rôle de la mère juive d’Esther. Les auteurs ont consulté des personnes de confiance, de Raven Sinclair, survivante du Sixties Scoop et professeure à l’Université de Regina, à des rabbins qui ont validé des scènes de cérémonies juives.

Sarah Podemski dans « Reservation Dogs ». (Crédit: Shane Brown/FX via JTA)

Edelstein a déclaré à la JTA qu’elle avait puisé dans ses propres souvenirs de famille pour jouer Golda Rosenblum, évoquant les images de ses grands-parents juifs qui ont immigré d’Europe de l’Est.

« J’étais vraiment excitée à l’idée de pouvoir jouer une femme juive et de représenter cette histoire avec dignité », a déclaré Edelstein. « Elle me rappelait beaucoup mes grands-parents, et je me suis certainement souvenue des gestes et des sentiments qu’ils m’avaient inculquée. »

À l’époque de l’adoption fictive d’Esther, on conseillait généralement aux parents de classe moyenne d’effacer le passé de leurs enfants autochtones adoptés, qui étaient présentés comme maltraités ou abandonnés. Golda est d’abord sur la défensive quant à sa décision de contribuer à dissimuler les origines d’Esther, mais l’amour qu’elle porte à sa fille finit par faire d’elle une héroïne de l’histoire.

« Quand je t’ai rencontrée pour la première fois, tu étais vêtue d’une belle robe mais tu ne souriais pas », dit-elle à Esther dans la série. « Je me suis dit, elle a perdu tout le monde, j’ai perdu tout le monde, c’est un bon match. Mais ce n’était pas vrai – tu avais une famille ».

La co-créatrice Hannah Moskovitch a déclaré qu’elle ressentait un lourd sentiment de responsabilité, en tant que Juive, appréhendant une histoire sur le quasi-anéantissement d’une culture. Bien que les histoires soient totalement différentes, certains éléments des plans exécutés par l’État pour détruire les peuples autochtones en Amérique du Nord et les Juifs en Europe lui ont semblé similaires – de la bureaucratie méticuleuse et des fantassins consciencieusement respectueux de la loi au langage déshumanisant des « solutions » aux « problèmes » des autochtones.

Pourtant, malgré ces parallèles, Moskovitch n’avait jamais entendu parler du Sixties Scoop avant de commencer à travailler sur la série.

« C’est une honte que je ne l’ai pas su », a-t-elle déclaré à la JTA. « J’ai grandi avec l’injonction de ma communauté : ‘Ne jamais oublier !’ Et puis il y a eu un génocide qui s’est produit dans mon pays et dont je n’étais pas au courant. »

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