Dans le sud du Liban, des Casques bleus surveillent le respect du cessez-le-feu avec Israël
L'armée libanaise doit se déployer aux côtés des Casques bleus dans le sud, Tsahal doit se retirer d'ici au 26 janvier et le Hezbollah doit retirer ses forces au nord du fleuve Litani et démanteler toute infrastructure militaire restante dans le sud du pays
Les Casques bleus de l’ONU patrouillent entre des oliveraies du sud du Liban pour surveiller l’application d’une trêve entre Israël et le groupe terroriste islamiste du Hezbollah, que certains redoutent de voir ne pas tenir.
« La situation reste très fragile », reconnaît Gurpyar Sharma, soldat de la paix indien de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) à un journaliste de l’AFP qui accompagnait les Casques bleus.
« Nous effectuons ces patrouilles pour éviter toute nouvelle escalade de la violence », ajoute-t-il, au milieu des déclins de plusieurs bâtiments détruits près de la ville de Marjayoun.
Des vêtements et des photographies sont éparpillés parmi des blocs de ciment brisés et autres débris de bâtiments démolis par des bombardements israéliens.
Une trêve est entrée en vigueur le 27 novembre entre Israël et le Hezbollah, après plus d’un an d’hostilités déclenchées par le groupe terroriste pro-iranien.
Pendant des mois, depuis le 8 octobre 2023, les forces dirigées par le Hezbollah ont attaqué presque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires situés le long de la frontière, le groupe affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza dans le cadre de la guerre qui s’y déroule.
Depuis, le Hezbollah a étendu ses attaques aux villes du centre et du nord d’Israël en tirant des roquettes, en plus des attaques à la frontière.
Selon l’accord de cessez-le-feu, l’armée libanaise doit se déployer aux côtés des Casques bleus dans le sud, tandis que l’armée israélienne doit se retirer sur une période de 60 jours qui prendra fin le 26 janvier.
« Épuisés psychologiquement »
Le Hezbollah doit lui retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière, et démanteler toute infrastructure militaire restante dans le sud du pays.
L’AFP a observé mardi le déploiement de quelques soldats libanais lors de la patrouille qui a traversé plusieurs zones proches de Marjayoun, y compris des villages situés à environ cinq kilomètres de la frontière.
Des véhicules blancs des forces de maintien de la paix ont circulé entre des voitures civiles et des piétons, le trajet offrant parfois une vue sur la ville voisine de Khiam.
Le 11 décembre, l’armée israélienne s’était retirée de Khiam, qui avait été le théâtre de violents combats et bombardements, et l’armée libanaise ya déployé ses troupes, marquant la première opération de ce genre dans le cadre de la trêve.
La Finul « a aidé l’armée libanaise à confirmer (…) qu’il n’y avait pas de troupes israéliennes à Khiam », explique Angel Saldana, un Casque bleu espagnol, démontré qu’il s’agissait d’une opération risquée en raison du danger d’engins explosifs non explosés.
Quelques jours plus tard, un deuxième retrait des troupes israéliennes a eu lieu dans la ville côtière de Naqoura.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a récemment indiqué que plus de 120 000 personnes restées déplacées au Liban après avoir dû fuir combats et bombardements, tandis que les autorités israéliennes estiment à quelque 51 000 le nombre de personnes déplacées du nord d’Israël.
L’armée israélienne a averti à plusieurs reprises les habitants des villes et villages du sud du Liban de ne pas y retourner.
Selon M. Saldana, certains habitants « essaient de retourner chez eux si cela leur est permis », mais certaines zones restent encore dangereuses.
Nombreux sont ceux au Liban qui attendent avec anxiété la fin du délai de 60 jours, redoutant de nouvelles violences.
Tamame al-Kadri, habitante de Marjayoun, 54 ans, qui avait fui l’an dernier après une frappe près de chez elle, explique qu’elle est revenu le jour même de l’entrée en vigueur de la trêve, mais qu’elle « ne ressentait pas que la situation était calme ».
« Il n’y a nulle part où se réfugier ici (…) nous sommes vraiment épuisés psychologiquement », ajoute-t-elle, se souvenant de la « terreur » de mois de combats.
« Toujours peur »
Les autorités libanaises ont déclaré que plus de 4 000 personnes avaient été tuées en plus d’un conflit, principalement depuis septembre 2024.
Quelque 60 000 habitants ont été évacués des villes du nord situées à la frontière libanaise peu après l’attaque du Hamas le 7 octobre, par crainte que le Hezbollah ne mène une attaque similaire et que le groupe terroriste ne multiplie les tirs de roquettes.
Les attaques du Hezbollah contre Israël depuis octobre 2023 ont entraîné la mort de 45 civils. En outre, 80 soldats et réservistes des FDI ont trouvé la mort lors d’escarmouches transfrontalières, d’attaques contre Israël et de l’opération terrestre lancée dans le sud du Liban à la fin du mois de septembre.
Les deux camps se sont mutuellement accusés de violer la trêve et ont émis des déclarations menaçantes.
Depuis une modeste maison en pierre chauffée par un poêle traditionnel, Mme Kadri juge rassurante la présence des Casques bleus et exprime un certain optimisme face au déploiement de l’armée dans la région.
Mais « nous avons toujours peur », ajoute-t-elle. « Nous attendons que ces 60 jours passent » pour voir ce qui se passera ensuite.