Dans une semonce inédite, Netanyahu accuse Mandelblit de vouloir le renverser
Un groupe de veille va porter plainte contre le Premier ministre pour incitations contre le Procureur-général, qui s'est opposé à un don financier pour la défense de Netanyahu

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a lancé dans la soirée de mardi une attaque cinglante et absolument sans précédent contre le Procureur-général Avichai Mandelblit, qu’il avait pourtant lui-même nommé à son poste et qui a été son chef de cabinet. Recourant à une théorie du complot, il l’a accusé de faire partie d’une « conspiration » ourdie par « l’État profond » visant à l’écarter du pouvoir pour des raisons politiques.
Netanyahu a été fustigé par ses adversaires indignés suite à ces accusations qui ont été faites dans une série de tweets et de retweets. Un groupe de veille a indiqué qu’il s’apprêtait à porter plainte pour incitations.
Dans la journée, Mandelblit avait expliqué devant la commission des Permis relevant du bureau du contrôleur de l’Etat qu’il s’opposait à une demande soumise par Netanyahu. Ce dernier avait réclamé l’approbation de l’octroi d’un don d’environ dix millions de shekels en financement extérieur au bénéfice de ses avocats dans le cadre de son procès pour corruption. Le procureur-général avait estimé que ce don s’apparentait à un « cadeau illicite ».
Netanyahu avait demandé à cette commission de supervision l’autorisation ou non de ce don accordé par Spencer Partrich, un magnat de l’immobilier originaire du Michigan. Partrich devant également comparaître devant les juges en tant que témoin dans l’un des dossiers de corruption impliquant le Premier ministre, la commission avait donc demandé son opinion sur le sujet au procureur-général.
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Netanyahu a d’abord répondu à la décision prise par Mandelblit de rejeter sa requête par le biais de « proches conseillers », disant « qu’une fois encore, il s’avère qu’il y a une loi pour Netanyahu et une autre loi pour tous les autres. Et c’est ce à quoi ressemble une enquête politique, qui aboutit sur une mise en examen politique ».
Mardi soir, la Treizième chaîne a cité une source anonyme, au sein du ministère de la Justice, commentant la réaction initiale de Netanyahu.
« Ce sont des mensonges flagrants de la part de Netanyahu et de ses ministres », a déclaré la source. « Ils ne font que continuer leur campagne de délégitimation du système judiciaire et ce sont les juges qui viendront après. Ils répètent des mantras absurdes et mensongers et ils mentent au public de manière tout à fait consciente. Mais on va garder le moral », a-t-elle continué.
« Si Netanyahu veut un cadeau de dix millions de dollars de la part d’un ami, il est libre de présenter sa démission et là, il pourra même recevoir 20 millions de shekels s’il le souhaite », a continué la source. « C’est une somme particulièrement élevée et nous n’avons aucune raison d’approuver ça. C’est un cadeau illicite ».

Dans les deux heures qui ont suivi le reportage, le compte officiel de Netanyahu, sur Twitter, a partagé et repartagé neuf publications éreintant le procureur-général.
« Le plan ourdi par Mandelblit pour renverser les responsables nous apparaît dans toute sa laideur », a écrit Netanyahu dans un post. « De manière étonnante et scandaleuse, de hauts-responsables du ministère de la Justice ont appelé le Premier ministre Netanyahu à démissionner, une soi-disante condition préalable nécessaire pour qu’il puisse se défendre contre les mises en examen infondées taillées sur mesure par Mandelblit ».
« Mandelblit tente de renverser la décision démocratique de millions de citoyens qui ont choisi Benjamin Netanyahu comme Premier ministre », s’est-il encore agacé.