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Un député juif iranien dément avoir déclaré que Téhéran serait dissuader d’attaquer

Après un reportage sur la radio publique israélienne, Siamak Moreh Sedgh affirme que “aucun homme libre n'accorderait un entretien” à des journalistes israéliens

Siamak Moreh Sedgh (à gauche), avec Sayyed Hassan Khomeini, le petit-fils de l'ayatollah Ruhollah Khomeini, le fondateur de la République islamique d'Iran. (Crédit : site internet de la communauté juive iranienne)
Siamak Moreh Sedgh (à gauche), avec Sayyed Hassan Khomeini, le petit-fils de l'ayatollah Ruhollah Khomeini, le fondateur de la République islamique d'Iran. (Crédit : site internet de la communauté juive iranienne)

Le seul parlementaire juif d’Iran a démenti avoir parlé à un média israélien, quelques heures après la diffusion par une radio israélienne d’un entretien où il disait au média que Téhéran ne cherchait pas la guerre avec Israël, puisque agir ainsi serait un « suicide » pour la République islamique.

Dans un récent entretien, Siamak Moreh Sedgh a dit au correspondant parisien de la radio, Gideon Kotz, qu’il pensait que les dirigeants iraniens étaient « assez sains et sages pour éviter une guerre contre Israël », et affirmé que la guerre entre les deux pays n’était pas « probable » pour le moment.

« L’Iran ne veut pas commencer une guerre contre Israël, parce qu’il sait que quiconque commence une guerre au Moyen Orient commet un suicide », avait déclaré Sedgh à la radio publique israélienne pendant un entretien en anglais diffusé dimanche matin.

Cependant, dimanche soir, l’agence de presse iranienne semi-officielle Fars a rapporté que Sedgh avait démenti avoir parlé à un « média sioniste » et rejeté les « affirmations » du Times of Israël sur un tel entretien.

« Je n’ai pas eu d’entretien avec la radio publique israélienne et dément l’article et l’entretien », a déclaré le député juif à Fars. « Je ne répond pas aux appels et aux questions des médias sionistes parce qu’ils ne sont pas les créatures à qui nous voulons répondre. »

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Sedgh, un médecin de 50 ans qui dirige également le Comité juif de Téhéran, représente sa communauté au parlement depuis 2012, et a souvent critiqué Israël. Pendant la guerre de 2014 dans la bande de Gaza, il avait accusé Israël d’agir comme les nazis comme le régime de Saddam Hussein.

En mai 2008, Sedgh avait déclaré que la communauté juive iranienne ne marquerait pas le 60e anniversaire d’Israël. « Nous sommes en désaccord complet avec le comportement d’Israël », avait-il déclaré à l’époque, ajoutant que l’Etat juif démontrait à Gaza un « comportement anti-humain […], ils tuent des innocents. »

Dimanche, il est passé à l’offensive contre les médias israéliens.

Siamak Moreh Sedgh, député juif iranien, sur CNN, le 29 septembre 2013. (Crédit : capture d'écran CNN)
Siamak Moreh Sedgh, député juif iranien, sur CNN, le 29 septembre 2013. (Crédit : capture d’écran CNN)

« La mauvaise réputation des médias du régime sioniste est un fait prouvé pour tous, et je pense que leurs informations ne valent pas la peine d’être démenties ; ils savent eux-mêmes qu’aucun homme libre ne leur accorderait un entretien », a-t-il déclaré selon Fars.

Il est possible que Sedgh ait été interrogé par Kotz sans savoir qu’il parlait à la radio publique israélienne, qui appartient à l’autorité de radiodiffusion publique du pays.

Sedgh a déclaré à Fars qu’il avait fait les mêmes remarques que celles rapportées par Kotz dans un entretien avec un journaliste français pendant un récent voyage à Paris.

« Je lui ai dis qu’il y a [au moins] quelques personnes en Israël qui savent qu’attaquer l’Iran entraînerait l’annihilation d’Israël », a-t-il déclaré.

Environ 8 500 juifs vivent en Iran, majoritairement à Téhéran mais aussi à Ispahan et Shiraz, deux villes importantes situées au sud de la capitale. La communauté juive du pays est l’une des trois minorités religieuses officiellement reconnues, et a droit à un député désigné officiellement.

Une juive iranienne vote dans une synagogue qui sert de bureau de vote à la communauté juive, à Téhéran, le 26 février 2016. (Crédit : AFP/Atta Kenare)
Une juive iranienne vote dans une synagogue qui sert de bureau de vote à la communauté juive, à Téhéran, le 26 février 2016. (Crédit : AFP/Atta Kenare)

Pendant un entretien avec Russia Today en 2010, Sedhg avait démenti l’existence de l’antisémitisme en Iran, affirmant que c’était un phénomène uniquement européen.

« Les juifs sont en sécurité en Iran. Il n’y a jamais eu un seul cas d’antisémitisme dans la société iranienne. Ce phénomène appartient au monde européen et chrétien », a-t-il déclaré.

Beaucoup de juifs iraniens se plaignent de ne pas être traités de la même manière par la loi, avait déclaré en 2015 Homayoun Sameyah Najaf Abadi, président de la communauté juive de Téhéran et médecin de l’hôpital juif de Téhéran.

Dimanche, la radio publique israélienne a diffusé un entretien de Sedgh où il déclarait que « les relations entre l’Iran et Israël [sont] plus stables que jamais auparavant depuis la signature de l’accord nucléaire l’année dernière », a-t-il déclaré.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry (à gauche) avec le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif après que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a vérifié que l'Iran a respecté toutes les conditions de l'accord nucléaire,  à Vienne le 16 janvier 2016 (Crédit : AFP / POOL / KEVIN LAMARQUE)
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry (à gauche) avec le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif après que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a vérifié que l’Iran a respecté toutes les conditions de l’accord nucléaire, à Vienne le 16 janvier 2016 (Crédit : AFP / POOL / KEVIN LAMARQUE)

« Il y a deux, trois ans, j’avais des doutes sur [le Premier ministre Benjamin] Netanyahu, je pensais qu’il était assez fou pour commencer une guerre, mais aujourd’hui, l’état du monde après l’accord est meilleur, et le Moyen Orient est plus stable », a déclaré Sedgh.

L’année dernière, l’Iran et six puissances mondiales, menées par les Etats-Unis, ont signé un accord qui promet un allègement des sanctions économiques à Téhéran en échange de restrictions d’activités cruciales de son controversé programme nucléaire.

Israël a été un important opposant de l’accord de 2015, dont il affirme qu’il consolide le régime, autorise un allègement des sanctions qui permet à l’Iran de financer le terrorisme, et ouvre la voie à des armes nucléaires iraniennes.

Netanyahu, un des principaux détracteurs de l’accord avec Téhéran, aurait envisagé une frappe militaire sur les installations nucléaires iraniennes en 2010.

A ce jour, Netanyahu affirme toujours qu’Israël agira seul si besoin est pour empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire.

L’Iran a souligné qu’il n’était pas intéressé par l’arme nucléaire, et le pacte est étroitement surveillé par l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA). L’AIEA a déclaré que Téhéran avait essentiellement rempli ses engagements depuis la mise en place de l’accord en janvier.

Des agences ont contribué à cet article.

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