De Beeri à Washington, les hanoukkiot brillent à travers les ruines du 7 octobre
Après le massacre, la guerre et la montée de l'antisémitisme, les hanoukkiot allumées en Israël, à Gracie Mansion et à la Maison Blanche prennent une signification particulière
JTA – Cette année, le maire de New York, en présence de ses administrés juifs, n’a pas allumé les bougies de Hanoukka sur une hanoukia ayant une histoire locale. Le candélabre qu’il a utilisé a été fabriqué à partir de matériaux récupérés lors de la rave israélienne au cours de laquelle 364 personnes ont été massacrées par des terroristes du Hamas le 7 octobre. Une des personnes présentes y a vu « un symbole de la lumière, de l’unité et de la résilience du peuple juif ».
Le maire, Eric Adams, n’est pas le seul à avoir évoqué la tragédie du 7 octobre en allumant des bougies à l’occasion de Hanoukka, fête qui célèbre une ancienne victoire juive sur des ennemis qui cherchaient à les anéantir.
Les hanoukkiot du 7 octobre ont pris une signification particulière à la suite du massacre, au cours duquel des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont tué 1 200 personnes, pour la plupart des civils, en Israël et en ont kidnappé plus de 240 autres qu’ils ont emmenées dans la bande de Gaza, où 135 d’entre elles sont toujours détenues. Au lendemain de la guerre déclenchée par l’assaut, une hausse marquée de l’antisémitisme a été observée à travers le monde.
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Nous partageons ici les histoires de trois hanoukkiot ayant un lien avec les communautés dévastées en Israël et qui ont été illuminées pour la fête de Hanoukka cette année.
Au kibboutz Beeri, une hanoukkia sauvée est symbole d’espoir
Tamir Hershkovitz a allumé la première bougie de Hanoukka le 7 décembre, dans les ruines de la maison de son enfance au kibboutz Beeri, sur la hanoukkia qui a été miraculeusement sauvée. Ses parents, Maayana et Noah Hershkovitz, ainsi que sa grand-mère Shoshana Karsenty, ont tous été tués lors du massacre.
La hanoukkia appartenait à son défunt grand-père, Yosef, un survivant de la Shoah qui avait rejoint les rangs des partisans pendant la Seconde Guerre mondiale. Un artiste de la communauté de Tamir Hershkovitz a créé une grande réplique dorée de la hanoukkia familiale et la lui a offerte, à lui et à ses sœurs, avant l’allumage des bougies à Beeri, mais ce soir-là, ils ont utilisé l’originale.
החנוכייה החרוכה שהופיעה על שער "ידיעות אחרונות" ביום שבו נחשפו תמונות החורבן בקיבוץ בארי, נותרה כעדות אילמת לתופת. אתמול חזר תמיר הרשקוביץ לבית ההרוס, והדליק נר ראשון של חנוכה לזכר הוריו, מעיינה ונח ז"ל, שנרצחו ב־7 באוקטובר pic.twitter.com/BEktLtjImc
— ידיעות אחרונות (@YediotAhronot) December 8, 2023
Dans des vidéos partagées sur les réseaux sociaux, on peut voir Hershkovitz chanter des chansons traditionnelles de Hanoukka, dont « Maoz Tzur » et « Al Hanisim« , ainsi que « I Believe« , une chanson basée sur un poème du poète hébreu du début du 20e siècle, Shaul Chernichovsky. Cela fait plusieurs années maintenant que bon nombre de personnes pensent que « I Believe » pourrait être une alternative à l’hymne national « Hatikvah« . Cette chanson a revêtu une importance nouvelle pour les familles de ceux qui ont été assassinés le 7 octobre.
« Quand je chante, je suis heureux. Et maintenant, je suis heureux », a confié Hershkovitz au quotidien de langue hébreue Yediot Ahronot, expliquant sa décision d’allumer des bougies à l’endroit où sa famille a vécu une grande tragédie. « J’ai choisi, pour mes parents, d’être heureux ».
La hanoukkia de Hershkovitz n’est pas la seule à avoir pris une signification particulière à Beeri, particulièrement touchée par les tragédies le 7 octobre dernier. Fin novembre, à l’approche de Hanoukka, un photographe israélien a photographié un homme dégageant des ruines d’une maison du kibboutz, les restes abîmés d’une hanoukkia familiale. D’après les détails fournis par le photographe dans un article du Jerusalem Post, la hanoukkia aurait appartenu à la famille Avigdori-Shoham-Kipnis. Deux membres de la famille ont été assassinés ce jour-là, ainsi que leur aide-soignant et sept d’entre eux ont été pris en otage ; six ont été libérés le mois dernier.
« Alors que l’homme berce ce symbole du passé de sa famille, la scène reflète parfaitement l’esprit de Hanoukka. Elle nous rappelle que même au plus profond du désespoir, la lumière indestructible de l’espoir, de la tradition et de la résilience continue de briller », a écrit le photographe Chen Schimmel. « Nous reconnaissons dans la découverte de cette hanoukkia un reflet de notre propre force et de notre capacité à trouver la lumière, même au milieu des cendres de la destruction ».
Une hanoukkia des décombres de Kfar Aza à Washington, DC
Lors de la cérémonie de Hanoukka à la Maison Blanche lundi, le président américain Joe Biden a fièrement annoncé que la hanoukkia qui allait être allumée était la première à avoir été gardée de manière permanente à la résidence présidentielle, et qu’elle avait été fabriquée à partir de l’une de ses poutres. Mais ce soir-là, il a également mentionné un autre candélabre : une hanoukkia en verre qu’un homme avait récupéré dans sa maison du kibboutz Kfar Aza, une autre des communautés du sud d’Israël les plus durement touchées par l’assaut.
This menorah, which is on display at the White House Hanukkah party, was recovered from the rubble of the home in Kfar Azza. pic.twitter.com/AjSdB1UjMt
— William Daroff (@Daroff) December 11, 2023
« Comme dans l’Histoire ancienne de Hanoukka : des piles de verre brisé, des décombres incinérés et des murs criblés de balles, il a réussi à extraire de ces cendres un objet complètement intact : une hanoukkia », a expliqué Biden, la qualifiant de « symbole du peuple juif qui non seulement survit, mais guérit, se reconstruit et continue de faire briller sa lumière sur le monde ».
La hanoukkia provient de la maison de Shai Hermesh, un ancien membre du parlement israélien qui a passé 20 heures dans une pièce sécurisée avec sa femme et sa fille et dont le fils Omer, 47 ans, a été tué lors de l’attaque. Lorsque Shai Hermesh est retourné dans les décombres de sa maison quelque temps après l’attaque, il a retrouvé ses tefillin et la hanoukkia, intacte.
Le président israélien Isaac Herzog a prêté la hanoukkia à Biden. Mardi, elle a été utilisée lors d’une deuxième cérémonie à Washington, à l’ambassade d’Israël.
Une plaque d’immatriculation abîmée devient source de lumière à New York
Lors de la cérémonie de Hanoukka à Gracie Mansion, la résidence du maire de New York, il n’y a pas que la hanoukkia qui a rappelé la tragédie du 7 octobre. Adams s’est engagé à assurer la sécurité de la population juive de la ville face à la recrudescence des incidents antisémites signalés.
« Les horreurs de notre 7 octobre ont brisé le cœur de chacun d’entre nous », a-t-il déclaré. « Nous devons maintenant nous efforcer de nous guérir les uns les autres et de guérir notre ville. Et à ma communauté juive, je veux que vous sachiez que vous n’êtes pas seuls ».
Il a ensuite aidé à allumer une hanoukkia provenant du lieu de l’un des symboles les plus marquants des pertes subies par Israël, la rave Supernova, où 360 jeunes adultes ont été assassinés.
Eliyahu Skaist, un métallurgiste juif de la ville, a façonné la hanoukkia à partir de la plaque d’immatriculation d’une voiture brûlée sur le site du festival, où de nombreuses personnes ont été tuées alors qu’elles tentaient de fuir. Il a monté la plaque brûlée sur une pierre de Jérusalem, sur laquelle il a gravé un verset biblique du prophète Michée promettant la résurrection après une défaite.
« Alliant les vestiges de la douleur et les fondements de la tradition, cette hanoukkia n’est pas simplement un objet commémoratif, c’est aussi un message puissant », a tweeté Dovi Safier, un écrivain orthodoxe qui a contribué à la récupération de la plaque. « Elle proclame haut et fort le miracle éternel de la survie et de l’espoir du peuple juif, réaffirmant l’engagement en faveur de la vie et de la lumière face aux forces de la terreur et de l’obscurité. »
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