De l’enfer à la sécurité en quelques secondes intenses
L’accord avec le Hamas, un parcours du combattant mêlant joie, effroi et soulagement, est une raison de plus de célébrer la libération de Romi Gonen, Emily Damari et Doron Steinbrecher
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Quatre cent soixante et onze jours.
Quatre cent soixante et onze jours après avoir été plongées dans l’enfer souterrain de la captivité du Hamas, un monde souterrain où nul ne peut imaginer l’enfer qu’elles ont traversé, Romi Gonen, 24 ans, Emily Damari, 28 ans, et Doron Steinbrecher, 31 ans, ont enfin revu la lumière du jour dimanche après-midi.
Non seulement elles étaient debout et capables de marcher, mais, chose remarquable, certaines des toutes premières images montraient même des esquisses de sourires.
Parmi ces images bouleversantes, les premières à émouvoir la nation tout entière étaient celles du visage rayonnant d’Emily, téléphonant à sa famille aux côtés de sa mère, faisant signe de sa main gauche bandée, à laquelle il manquait deux doigts, mutilée lors du pogrom du 7 octobre 2023, le pire de tous les jours. (Le jour le plus noir. Emily a raconté à sa famille et à ses amis qu’elle avait été blessée alors qu’elle tentait de réconforter son chien, abattu par les terroristes du Hamas qui avaient pris d’assaut sa maison du kibboutz Kfar Aza.)

Quelques minutes plus tard, les photos des trois jeunes femmes embrassant leurs mères ont suscité des larmes de joie et de soulagement chez de nombreux Israéliens, ainsi que chez tous ceux qui, à travers le monde, partagent leur attachement à ce pays et à son peuple.
Romi bercée par sa mère Meirav, dont la grâce et la dignité ont marqué les innombrables interviews télévisées qu’elle a données durant les mois les plus terribles de sa vie :

Emily, aux côtés de sa mère Mandy, lors de leur premier appel téléphonique avec le reste de la famille :

Et Doron, le visage caché, une main couvrant ses yeux, sa joue contre celle de sa mère Simona. Elles se serrent l’une contre l’autre comme si elles ne voulaient plus jamais se quitter :

Quatorze mois après le dernier accord avec le Hamas, l’inquiétude grandit inexorablement pour près de cent otages toujours détenus par l’organisation à Gaza.
La nation a attendu, pendant des mois, un accord qui est resté lettre morte, blâmant tantôt le Hamas, tantôt le Premier ministre Benjamin Netanyahu ou les deux.
Après la signature et la mise en œuvre de ce nouvel accord, le suspense est devenu insoutenable lorsque le Hamas a retardé la publication des noms des trois premiers otages qu’il allait libérer.
Et c’est avec effroi que nous avons assisté, dimanche après-midi, à la scène où des dizaines de terroristes armés du Hamas, acclamés par une foule nombreuse, ont envahi la place Saraya de Gaza pour une démonstration de force, transformée en une cérémonie de glorification absurde sous les yeux d’un public à travers le monde.

Puis, en l’espace de quelques secondes, tout s’est précipité : Doron, Emily et Romi ont été transférées d’un véhicule à un autre, d’une réalité à une autre — passant des mains du Hamas à celles du Comité international de la Croix-Rouge, puis vers la sécurité d’Israël.

Si les témoignages de joie et de soulagement sont sincères et profonds, ils ne sont pas pour autant débordants.
Car personne ne saurait oublier que cette première phase de six semaines de l’accord ne fait que commencer. Parmi les 33 femmes, enfants et hommes qui doivent être libérés dans cette phase dite humanitaire, certains ne sont plus en vie. Beaucoup de drames sont encore à venir avant son achèvement.
Personne ne saurait oublier le prix très élevé de cet accord : la libération de centaines de terroristes parmi les plus dangereux, dont la majorité projette déjà, sans doute, de commettre de nouveaux massacres.
Personne ne saurait oublier que le Hamas voit dans cet accord une opportunité de se renforcer, tout comme il a toujours utilisé les otages pour servir ses objectifs.
Et enfin, personne ne saurait oublier l’impensable, que 94 otages sont toujours retenus à Gaza.
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