Décès d’Adam Abeshouse, le producteur juif multi-récompensé des plus grands musiciens classiques
Auréolé de trois Grammy, le violoniste de formation avait travaillé avec les plus grands, tels Itzhak Perlman, Joshua Bell ou l'Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg
JTA — Adam Abeshouse, producteur américain de musique classique couronné de trois Grammy Awards, musicien de concert pour des productions de Broadway – comme le « Hussard sur le toit » – et responsable de la sono de sa synagogue, est décédé jeudi, chez lui, dans le comté de Westchester, dans l’État de New York. Il avait 63 ans.
Selon ses proches, il a succombé à un cancer des voies biliaires.
Violoniste de formation, il s’était construit chez lui ce que sa femme Maria Abeshouse présente comme le studio de ses « rêves » (que le pianiste Joshua Denk qualifiait de « paradis pour les nerds »), à South Salem, New York.
C’est là qu’Abeshouse a produit des enregistrements pour les plus grands musiciens, dont les violonistes Itzhak Perlman et Joshua Bell, les pianistes Emanuel Ax et Simone Dinnerstein ou des ensembles allant du Quatuor Kronos à l’Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg.
Il avait remporté le prix du producteur classique de l’année aux Grammy Awards en 1999.
Il avait par ailleurs fondé en 2002 la Classical Recording Foundation, qui permettait aux artistes d’enregistrer leurs projets refusés par les grandes maisons de disques, et que le New York Times avait qualifiés, dans un article consacré à sa fondation, de « projets de haute valeur artistique mais de faible priorité commerciale ».
A ceux qui se demaindaient à quoi bon enregistrer de nouvelles versions d’œuvres déjà bien connues, Abeshouse répondait par cette analogie sportive.
« Tient-on le même raisonnement lorsqu’il s’agit de grands matchs de tennis ou de baseball ? », interrogeait-il dans un portrait publié par The New Yorker en 2002. « Si on appliquait ce principe aux événements sportifs, les stades seraient vides. »
Abeshouse était également un fidèle de sa synagogue, le Pelham Jewish Center du comté de Westchester : non content d’y avoir installé la sono, il jouait de la musique dans divers ensembles, notamment à l’occasion de la fête de Pourim.
« J’ai un ingénieur du son couronné d’un Grammy qui s’assure que tout le monde entende bien mes prêches », a plaisanté le rabbin de la synagogue, Benjamin Resnick, lors des funérailles d’Abeshouse, vendredi.

Adam et Maria Abeshouse s’étaient rendus en Israël avec un groupe de la synagogue en 2005 et y étaient retournés à cinq reprises depuis.
« Etre la fille d’Adam m’a valu de joyeux dîners de Shabbat, des plats délicieux et des vins magnifiques », s’est rappelée sa fille Emily lors des obsèques.
Avant de se consacrer presque à plein temps à la production pour d’autres musiciens, Abeshouse a eu une carrière de violoniste indépendant qui l’a amené à effectuer des remplacements au pied levé dans des orchestres pour des comédies musicales de Broadway, comme « Le Hussard sur le toit » dans les années 1990. On le voit également dans le film « Fame », qui raconte en 1980 la vie des étudiants d’un lycée d’arts du spectacle de New York.
Né le 5 juin 1961, Abeshouse avait été élevé à Westbury, Long Island.
Son grand-père avait quitté la Russie pour la Chine, dans les premières années du XXe siècle, où il avait passé 10 ans à Harbin, ville du nord de la Mandchourie et un temps refuge pour les Juifs forcés de quitter le ghetto.
Joueur de balalaïka dans l’orchestre de l’armée du tsar, son grand-père avait fini par s’installer à Sydney, en Australie, où il avait ouvert un magasin de musique.
C’est le père d’Abehouse, Jack, lui aussi musicien amateur accompli et à la tête d’une société d’arômes et parfums, qui avait décidé, en 1952, de venir vivre à New York, où il avait épousé Evy, celle qui deviendrait la mère d’Abehouse.
C’est à l’école primaire qu’Abeshouse a commencé le violon, avant de poursuivre des études à l’Université de New York et à la Manhattan School of Music.
Cet été, lorsque la maladie a développé des métastases, il a reçu des soins palliatifs à domicile et a demandé deux faveurs, rappelle sa femme.
La première était que le mariage de leur fille Emily avec Jesse Weisfelner, ex-soldat seul de Tsahal soit avancé du 29 décembre au 15 septembre et la seconde, que ses amis et clients viennent au studio pour un concert d’adieu, quelques semaines plus tard.
Selon [la radio publique] NPR, ce concert a rassemblé pour un concert Bell, Denk, la pianiste Lara Downes et le trio à cordes Time for Three.
« Nous avions fait beaucoup, beaucoup d’enregistrements ensemble », a déclaré Bell à NPR.
« J’ai passé des heures avec lui en studio à faire quelque chose qui, normalement, m’est très difficile. Mais avec lui, c’était toujours amusant. Ce sont des moments précieux. »
« Il a pu profiter et participer à la fois » au mariage et au concert, explique à la Jewish Telegraphic Agency Maria, son épouse depuis 38 ans.
« Il s’est montré très sociable, a passé beaucoup de temps au téléphone et en ligne, en réunion, dont une importante réunion téléphonique, le lendemain, pour sa fondation. Ça et son studio, ce sont des choses qu’il voulait voir continuer à vivre. »
Il laisse dans la peine son épouse, ses filles Emily et Sarah, ainsi que son frère David.
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