Décrié pour ses inexactitudes, « Le Garçon au pyjama rayé » va avoir une suite
L’auteur irlandais John Boyne dit que son livre suivant, « All The Broken Places », retrace la vie de la sœur du protagoniste allemand du premier livre, et sera publié en septembre
JTA — Un roman à succès pour enfants qui, selon le Mémorial et le musée d’Auschwitz, « devrait être évité par quiconque étudie ou enseigne l’histoire de la Shoah » fait l’objet d’une suite.
John Boyne, l’auteur irlandais du livre Le Garçon au pyjama rayé, a annoncé mercredi qu’il publierait une suite à l’ouvrage de 2006 sur l’amitié d’un garçon allemand de 9 ans avec un enfant juif emprisonné à Auschwitz.
Le nouveau livre, dit-il, serait raconté du point de vue de Gretel, la sœur du garçon allemand.
L’annonce intervient quelques semaines seulement après que Le Garçon au pyjama rayé, qui s’est vendu à 11 millions d’exemplaires et a été adapté au cinéma – une production qui a rapporté 44 millions de dollars -, fait face à une nouvelle vague de critiques cinglantes sur ses inexactitudes historiques au milieu d’une controverse sur l’enseignement de la Shoah dans le Tennessee.
Un conseil scolaire local a retiré Maus, un roman graphique récompensé par le prix Pulitzer, de son programme d’études, ce qui a suscité un débat national aux Etats-Unis sur la façon d’enseigner la Shoah aux enfants.
L’auteur de Maus, Art Spiegelman, a dit qu’il serait d’accord pour que les élèves lisent un autre livre sur la Shoah, mais pas celui de Boyne. « Il n’a fait aucune recherche », a déclaré M. Spiegelman à un auditoire du Tennessee.
Le nouveau livre, All The Broken Places, sera publié en septembre aux États-Unis par Doubleday and Penguin Random House et au Royaume-Uni par Transworld. Les droits à l’international dans plus d’une dizaine d’autres pays sont déjà signés, selon Boyne.
Ayant pour cadre les décennies entre 1946 et aujourd’hui, le livre suivra Gretel, 91 ans, sœur aînée du protagoniste du premier livre, Bruno, alors qu’elle réfléchit sur sa vie « marquée par la culpabilité et le chagrin » et aux façons dont « sa complicité a déshonoré sa vie », selon le communiqué de l’éditeur. Dans le premier livre, le père de Gretel et Bruno était un commandant SS, et Bruno est finalement entré dans les chambres d’extermination à Auschwitz afin de suivre son ami juif Shmuel.
La suite du livre aura pour décor Paris, Sydney et Londres, et suivra d’abord l’évasion de Greta et de sa mère de Pologne à la fin de la guerre « après un événement cataclysmique qui a déchiré leur vie », selon la description du livre.
https://twitter.com/john_boyne/status/1498946222316417026?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1498946222316417026%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.timesofisrael.com%2Fdecried-for-inaccuracies-the-boy-in-the-striped-pajamas-to-get-sequel%2F
Boyne a dit à The Bookseller que, depuis la publication du premier livre, « j’ai régulièrement pris des notes dans un dossier que j’ai appelé ‘Gretel’s Story’. C’était un livre que j’espérais écrire un jour, racontant l’histoire de la sœur aînée de Bruno, Gretel, qui, à la fin de sa vie, revient sur l’expérience dont elle a fait partie et est forcée d’examiner sa conscience au sujet de sa culpabilité et de sa complicité à cette époque. »
Le premier livre s’est avéré un best-seller international qui a donné lieu à une adaptation cinématographique en 2008 et est utilisé comme un outil d’enseignement de la Shoah au Royaume-Uni, malgré les critiques cinglantes d’auteurs et de chercheurs sur la Shoah. Il a été critiqué pour ses inexactitudes, y compris la survie continue de Shmuel dans un camp qui l’aurait gazé avec les autres enfants à son arrivée, et l’absence de propagande nazie centrée sur la jeunesse dirigée contre Bruno, qui est dépeint comme complètement ignorant du projet de génocide des Juifs malgré le poste occupé par son père en tant que garde d’Auschwitz.
Selon les observateurs britanniques dans le milieu de l’éducation, l’importance du livre dans les salles de classe peut perpétuer des mythes et des mensonges au sujet de la Shoah ; de nombreux enfants qui lisent le livre croient qu’il est basé sur une histoire vraie.
Le livre a également été critiqué pour avoir dépeint la mort de Bruno, et le chagrin de ses parents allemands, comme la véritable tragédie au cœur de l’histoire racontée dans ce livre, tandis que les Juifs assassinés servent en grande partie de prétexte au contenu du livre.
Boyne a défendu son livre, qui, selon lui, a été inspiré par les œuvres de Primo Levi et Elie Wiesel. En réponse aux critiques du musée d’Auschwitz, il a dit au Guardian que, parce que son roman est une fiction, « de par sa nature, il ne peut pas contenir des inexactitudes, seulement des anachronismes, et je ne pense pas qu’il y en ait ».
Boyne est l’auteur de plus d’une douzaine de romans sur divers sujets et, plus récemment, il a été la cible d’un livre publié en 2019 qui contenait des représentations controversées de personnages transgenres.