Israël en guerre - Jour 494

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Défiant Tsahal, des pro-Hezbollah se dirigent vers le sud ; 22 morts et plus de 100 blessés

De nombreux Libanais tentent de franchir les barrages routiers au 60e jour de trêve, ignorant les avertissements israéliens ; selon Tsahal, le retrait a été retardé par l'armée libanaise

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Des secouristes transportant une personne blessée qui aurait été abattue par des soldats israéliens après avoir tenté de marcher vers Meiss El Jabal, à Chaqra, dans le sud du Liban, le 26 janvier 2025. (Crédit : Mahmoud Zayyat/AFP)
Des secouristes transportant une personne blessée qui aurait été abattue par des soldats israéliens après avoir tenté de marcher vers Meiss El Jabal, à Chaqra, dans le sud du Liban, le 26 janvier 2025. (Crédit : Mahmoud Zayyat/AFP)

Des centaines de Libanais ont tenté par la force d’atteindre des villages du sud du pays près de la frontière avec Israël dimanche matin, défiant les avertissements de l’armée israélienne de rester à l’écart alors que le délai initial de 60 jours du cessez-le-feu pour le retrait des troupes israéliennes a expiré et que des soldats sont toujours présents dans certaines parties du sud du pays.

Le ministère libanais de la Santé a déclaré que les troupes de Tsahal avaient ouvert le feu dans certains cas et que 22 personnes auraient été tuées et 124 autres blessées. Les forces armées libanaises (LAF) ont pour leur part fait état d’un soldat tué et d’un autre blessé par les tirs israéliens.

Israël a déclaré qu’il devait rester au-delà de la date fixée par l’accord de cessez-le-feu parce que l’armée libanaise ne s’était pas déployée dans toutes les zones du sud du Liban, comme convenu, afin de s’assurer que le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah ne se réinstalle pas dans la région. L’armée libanaise a accusé Israël de tergiverser dans son retrait.

La chaîne de télévision al-Manar, qui appartient au Hezbollah et qui émet depuis plusieurs emplacements dans le sud, a diffusé des images d’habitants se dirigeant vers des villages en dépit des ordres israéliens, certains brandissant le drapeau du groupe terroriste et des images de terroristes du Hezbollah tués pendant la guerre, ainsi que du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, éliminé par Israël.

Des manifestants ont tenté de pénétrer dans plusieurs villages de la zone frontalière pour protester contre le non-retrait d’Israël. Ils auraient franchi ou tenté de franchir des barrages routiers mis en place par les troupes libanaises et israéliennes.

Le ministère libanais de la Santé a déclaré qu’une personne a été tuée dans le village de Houla, une autre à Aitaroun, et une troisième à Blida, à la suite de tirs israéliens. Les LAF affirment qu’un soldat a été tué sur la route Marwahin-Dhayra-Tyre, et qu’un autre a été blessé dans la ville de Meiss El Jabal.

Des manifestants exhibant des drapeaux du Hezbollah près d’un véhicule militaire israélien lors d’un rassemblement à Burj al-Muluk le 26 janvier 2025 (Crédit : Rabih Daher/AFP)

Dans un message publié sur le réseau social X et adressé à la population du sud du Liban, le porte-parole en langue arabe de l’armée israélienne a accusé le Hezbollah d’essayer de « faire monter la pression » et d’envoyer des « émeutiers » dans la zone frontalière. Il a ajouté que Tsahal les informerait « dans un avenir proche » des endroits où ils pourraient retourner.

« Le Hezbollah ne se soucie pas des intérêts du Liban. Les images provenant de certaines régions du sud-Liban en sont la preuve », a écrit Adraee sur X.

« Le parti vaincu utilise tous ses médias pour remettre en cause les intérêts du Liban et détourner l’attention du péché de ses dirigeants qui ont conduit le sud-Liban à cette réalité. »

Des manifestants pro-Hezbollah brandissant un drapeau et des écharpes à l’effigie du chef terroriste Hasan Nasrallah lors d’un rassemblement derrière un barrage israélien sur une route menant à leur village dans le sud du Liban, à Burj al-Muluk, le 26 janvier 2025. (Crédit : Rabih Daher/AFP)

Un responsable militaire israélien a déclaré dimanche que des centaines de Libanais, parmi lesquels des éléments du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, ont tenté d’atteindre des villages du sud-Liban en se livrant à des « provocations ».

Il a ajouté que l’armée israélienne s’était préparée à ce que des civils tentent d’atteindre les villages frontaliers dimanche, date de la fin de la trêve de 60 jours, date à laquelle Israël était censé se retirer du sud du Liban.

« Tsahal continue d’opérer, sous les directives de l’échelon politique, dans plusieurs zones du sud-Liban », a déclaré le responsable, notant que selon l’accord, Israël ne doit pas se retirer au 60ᵉ jour du cessez-le-feu, mais seulement lorsque l’armée libanaise se serait déployée au sud-Liban et que le Hezbollah se serait retiré au nord du fleuve Litani.

Le fonctionnaire a indiqué que des discussions sur l’extension du cessez-le-feu pour permettre le retrait progressif de Tsahal étaient en cours entre les responsables politiques israéliens et les États-Unis, ainsi qu’entre les États-Unis et le Liban.

Le responsable a ajouté que les centaines de civils libanais et de terroristes du Hezbollah qui ont tenté de rejoindre les villages du sud-Liban dimanche ne se trouvaient pas à proximité de la frontière israélienne.

« Les troupes de l’armée israélienne sont déployées aux côtés des forces libanaises pour empêcher le retour des ennemis et des civils au-delà de la ligne de démarcation convenue », a déclaré le responsable.

Tsahal a déclaré que les troupes avaient tiré des coups de feu d’avertissement avant d’ouvrir le feu « pour écarter les menaces ». Les soldats ont également arrêté plusieurs suspects.

Les autorités libanaises ont fait état de quinze morts, dont un membre de l’armée libanaise.

Le responsable militaire a déclaré qu’il était au courant de ces allégations, mais que les détails concernant le soldat libanais tué étaient en cours d’examen.

« Tsahal continue d’opérer conformément à l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Liban et suit les tentatives du Hezbollah de retourner dans le sud du Liban », a ajouté le responsable.

L’armée libanaise a appelé les civils à « faire preuve de retenue » et à suivre ses instructions.

Dans un communiqué, les LAF ont indiqué qu’elles soutenaient les civils entrant dans plusieurs villages du sud-Liban, « face à la persistance de l’ennemi israélien à violer la souveraineté du Liban, à ses attaques contre les citoyens, faisant des martyrs et des blessés parmi eux, et à son refus de respecter l’accord de cessez-le-feu et de se retirer des territoires libanais qu’il a occupés ».

« Les conditions ne sont pas encore réunies pour le retour en toute sécurité des citoyens dans leurs villages le long de la Ligne bleue », ont pour leur part affirmé dans un communiqué commun la représentante de l’ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, et le général Aroldo Lazaro, commandant de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). « Les communautés déplacées (…) sont donc une fois de plus appelées à la prudence », ont-ils ajouté.

Le Hezbollah, fortement affaibli par Israël pendant la guerre, a fait peser sur l’État libanais la responsabilité d’assurer le retrait de Tsahal, qualifiant de violation de l’accord le fait qu’Israël n’ait pas quitté le sud du Liban à la date prévue.

« Nous sommes sur notre terre et l’ennemi est celui qui s’est retourné contre l’accord et l’a violé, et c’est donc le peuple qui libère sa terre de ses propres mains et de son propre sang », a déclaré Hassan Fadlallah, parlementaire du Hezbollah, à Al-Manar.

Des Libanais portant des drapeaux du Hezbollah se rassemblent près des troupes israéliennes alors qu’un véhicule militaire israélien (en haut à gauche) prend position du côté de Kfar Kila, à Burj al-Muluk le 26 janvier 2025. (Crédit : Rabih Daher/AFP)

« Nous voulons que l’État joue son rôle », a-t-il ajouté.

Un autre député du Hezbollah, Ali Fayad, a déclaré samedi que les « excuses » d’Israël étaient un prétexte pour « mener une politique de la terre brûlée » dans les zones frontalières, ce qui rendrait impossible le retour des résidents déplacés.

L’accord de cessez-le-feu stipule que le Hezbollah doit retirer ses effectifs au nord du fleuve Litani – à environ 30 kilomètres de la frontière – et démanteler toute infrastructure armée restante dans le sud.

Cependant, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré vendredi que « l’accord de cessez-le-feu n’a pas encore été pleinement appliqué par l’État libanais », de sorte que le retrait de Tsahal n’aura pas encore lieu malgré l’échéance de dimanche.

Une habitante de Kfar Kila brandissant un drapeau du Hezbollah derrière un barrage israélien sur la route menant à leur village dans le sud du Liban lors d’un rassemblement, à Burj al-Muluk, le 26 janvier 2025. (Crédit : Rabih Daher/AFP)

Les troupes israéliennes ont quitté les zones côtières du sud-Liban, mais sont toujours présentes dans les zones situées plus à l’est.

« Le processus de retrait est conditionné au déploiement de l’armée libanaise dans le sud du Liban et à l’application complète et effective de l’accord, le Hezbollah se retirant au-delà du fleuve Litani », a rappelé le bureau de Netanyahu par communiqué.

Il a ajouté que « le processus de retrait progressif se poursuivra en pleine coordination avec les États-Unis », un allié clé et l’un des cinq observateurs du cessez-le-feu.

La Maison Blanche a déclaré vendredi qu’il était urgent de prolonger le cessez-le-feu de manière temporaire et pour une courte durée.

Le président libanais Joseph Aoun, qui dirigeait l’armée libanaise soutenue par les États-Unis jusqu’à ce que le Parlement l’élise à la tête de l’État le 9 janvier, a appelé la population du sud à faire preuve de retenue et à faire confiance aux LAF.

« La souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban ne sont pas négociables, et j’assure le suivi de cette question au plus haut niveau afin de garantir vos droits et votre dignité », a-t-il assuré dans un communiqué.

Aoun s’est entretenu samedi avec son homologue français Emmanuel Macron, dont le pays est également impliqué dans la supervision de la trêve. Selon un communiqué de son bureau, Aoun a évoqué « la nécessité d’obliger Israël à respecter les termes de l’accord afin de maintenir la stabilité dans le sud ».

Des résidentes libanaises criant des slogans contre les troupes israéliennes alors qu’un véhicule militaire israélien se positionne à un barrage routier, à Burj al-Muluk, le 26 janvier 2025. (Crédit : Rabih Daher/AFP)

Aoun a également affirmé qu’Israël devait « mettre fin à ses violations successives, notamment la destruction des villages frontaliers […] qui empêchent le retour des résidents ».

Dans son compte-rendu de la conversation, le bureau de Macron a déclaré que le président français avait appelé toutes les parties au cessez-le-feu à honorer leurs engagements dès que possible.

Ce fragile cessez-le-feu a globalement été respecté jusqu’à présent, même si les belligérants se sont accusés à plusieurs reprises de l’avoir violé.

L’armée israélienne a continué de mener des frappes fréquentes qui, selon elle, visent les terroristes du Hezbollah. En parallèle, les médias d’État libanais ont rapporté que les troupes israéliennes ont procédé à des démolitions dans les villages qu’elles surveillent.

Des soldats israéliens sécurisant un barrage routier à Kfar Kila, vu de Burj al-Muluk, le 26 janvier 2025. (Crédit : Rabih Daher/AFP)

Le Hezbollah a commencé à mener des attaques transfrontalières quasi-quotidiennes contre le nord d’Israël le lendemain du pogrom perpétré par par son allié, le groupe terroriste palestinien du Hamas, le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza. Des dizaines de milliers de résidents israéliens du nord ont été évacués en raison de ces attaques.

L’accord du 27 novembre a mis fin à deux mois de guerre à grande échelle.

Israël a intensifié sa campagne contre le Hezbollah en septembre, en lançant une série de coups dévastateurs contre la direction du groupe terroriste chiite libanais et en tuant son chef de longue date, Nasrallah, avant de lancer une opération terrestre dans le sud du Liban visant à réduire les capacités du Hezbollah.

Jeudi, le Hezbollah a prévenu que « toute violation du délai de 60 jours serait considérée comme une violation flagrante » de l’accord de cessez-le-feu et « une atteinte à la souveraineté libanaise ».

Le groupe terroriste chiite libanais s’est abstenu de toute menace de reprise des attaques contre Israël, mais a déclaré que l’État libanais devrait utiliser « tous les moyens nécessaires[…] pour restaurer la terre et l’arracher aux griffes de l’occupation ».

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