Deri pourrait être placé en résidence surveillée
Le ministre de l’Intérieur, déjà condamné, et sa femme ont été interrogés par la police sur des soupçons de malversations immobilières et fiscales ; 14 personnes ont été arrêtées dans cette enquête

Les policiers qui enquêtent sur les soupçons contre le ministre de l’Intérieur, Aryeh Deri, envisageraient de demander que le ministre soit placé en résidence surveillée.
Deri et son épouse Yaffa ont été interrogés séparément par la police lundi matin. Quelques heures avant, 14 autres personnes avaient été arrêtées en lien avec l’enquête sur le couple.
De hauts fonctionnaires du ministère du Développement du Néguev et de la Galilée, dirigé par Deri, ont notamment été arrêtés. L’un des suspects, le directeur d’un ministère, a été interrogé en tant que suspect dans l’affaire.
Le police envisagerait également de demander que Deri soit suspendu de son poste de ministre de l’Intérieur, car les accusations de corruption pourrait constituer un possible conflit d’intérêts.

En tant que député, Deri jouit de l’immunité parlementaire. La police a donc besoin de l’approbation du procureur général, ainsi que de la Knesset elle-même, pour mettre en place des sanctions directes contre le ministre sans son accord.
Deri, qui préside le parti Shas ultra-orthodoxe, et son épouse sont soupçonnés de malversations immobilières et de possible évasion fiscale.
L’enquête, qui a commencé en avril 2016 et est menée en coordination avec l’Autorité fiscale, a été étendue lorsque d’autres découvertes ont été faites, a indiqué une porte-parole de la police.
Elle a déclaré que plusieurs personnes étaient soupçonnées, « dont un fonctionnaire et son épouse ». Les arrestations ont été faites pour que les suspects ne puissent pas altérer l’enquête.
L’année dernière, le procureur général, Avichai Mandelblit, avait autorisé l’unité nationale à enquêter sur les fraudes et à lancer une enquête criminelle sur Deri.
Les détails de l’enquête sont sous embargo, mais elle semble porter sur des biens immobiliers possédés par Deri et des membres de sa famille et non déclarés, dont une résidence secondaire dans le nord d’Israël, et des appartements possédés par chacun de ses neuf enfants.
Une vidéo tournée par un drone montre la maison de vacances, à Safsufa, près de Safed, avec une piscine et une grande terrasse.
Deri, qui a déjà purgé une peine de prison pour des faits de corruption commis à une époque où il était déjà ministre de l’Intérieur, dans les années 1990, a cherché à minimiser les accusations et dit qu’il coopérerait avec la police pour prouver son innocence.
Un porte-parole du ministère a déclaré la semaine dernière que « le ministre de l’Intérieur a dit dès le début qu’il coopérerait pleinement et répondrait à toutes les questions. Le ministre Deri fait confiance aux forces de l’ordre pour qu’elles fassent leur travail de manière responsable et adéquate. »
Ces dernières semaines, l’enquête aurait atteint sa dernière étape, avec le rassemblement de preuves par la police pour les présenter pendant l’interrogatoire de Deri et sa femme.
Quand il a été nommé ministre de l’Intérieur, la déclaration de capital de Deri citait un patrimoine d’une valeur estimée de cinq millions de shekels, dont un appartement à Har Nof (Jérusalem) évalué à 4,7 millions de shekels, 10 000 shekels d’économie, un portefeuille d’actions de 300 000 shekels et une voiture valant 60 000 shekels au nom de sa femme.
Deri aurait gagné près de deux millions de shekels en donnant des conseils après sa libération de prison.
Il y a un an, le frère de Deri, Shlomo, avait lui aussi été interrogé par la police dans le cadre de la même enquête. Il avait démenti toute accusation de malversation, affirmant que les médias ciblaient son frère à cause de son succès.
Deri a purgé 22 mois de prison entre 2000 et 2002 pour avoir accepté des pots-de-vin quand il était ministre de l’Intérieur. Il est revenu en politique au début des années 2010.
Il a repris la tête du parti Shahs peu avant les élections de 2015 à la Knesset, remplaçant Eli Yishai. Il a été nommé au poste de ministre de l’Intérieur début 2016, après qu’un tribunal a estimé que sa condamnation précédente ne l’empêchait pas d’occuper ce poste.