Des abris aux rues dévastées : Lendemain d’une nuit de guerre à Petah Tikva et Bnei Brak
Laïcs et haredim font face aux conséquences sanglantes des tirs de missiles iraniens qui ont fait 5 morts et des centaines de blessés, tant sur le plan physique que psychologique

Une salve meurtrière de missiles tirés depuis l’Iran a frappé le centre d’Israël tôt lundi matin, faisant cinq morts et des dizaines de blessés. Parmi les villes les plus touchées figurent Petah Tikva et Bnei Brak, où les habitants se sont réveillés au son des explosions, des murs qui s’effondraient et de la réalité de la guerre qui frappait à leur porte.
À Petah Tikva, un missile balistique a directement touché un gratte-ciel, faisant quatre morts et endommageant les bâtiments environnants.
La déflagration a brisé les vitres, endommagé une école maternelle située de l’autre côté de la rue et laissé les pare-brise des voitures jonchés d’éclats de verre. Les habitants ont attendu pendant des heures à l’extérieur, certains serrant de petits sacs, jusqu’à ce que les soldats du Commandement du Front intérieur leur donnent l’autorisation de rentrer chez eux pour récupérer leurs effets personnels.
Le Commandement du Front intérieur a méthodiquement évacué chaque bâtiment et chaque étage afin d’assurer la sécurité. Ce n’est qu’après en avoir reçu l’autorisation que les résidents ont été autorisés à rentrer brièvement chez eux.
Selon l’armée israélienne, le missile a réussi à perforer un mamad – une pièce blindée -, un fait rarissime et catastrophique. Un couple qui s’était réfugié dans cet abri a été tué sur le coup.
Dans le même bâtiment, une autre femme qui ne se trouvait pas dans un abri a également perdu la vie. Une quatrième victime, une femme qui se trouvait dans un bâtiment voisin, a été tuée par le souffle de l’explosion.

« Il s’agit d’un événement inhabituel impliquant un impact direct sur une pièce blindée » a déclaré Tsahal dans un communiqué.
« Les abris sécurisés sont conçus pour résister à des explosions, et cette anomalie fait actuellement l’objet d’une enquête. Ils restent néanmoins la protection la plus sûre qui soit : toutes les autres personnes présentes dans le bâtiment qui se sont réfugiées dans les abris sécurisés sont saines et sauves. »
Les sinistrés ont reçu des casques de sécurité et ont été escortés par les autorités locales jusqu’à leurs appartements afin d’y récupérer leurs effets personnels indispensables. Le processus a été étroitement contrôlé : les résidents ont été appelés un par un, ce qui témoigne du danger permanent que représentent l’instabilité structurelle et les débris qui jonchent encore le sol.
Alors qu’elles observaient le lent processus de déblaiement de chaque étage, une fillette s’est exclamée à l’intention de sa grand-mère : « Ils avancent ! Ils en sont déjà au quatrième étage, alors qu’il y a quelques heures, ils n’étaient qu’au premier. »

Certains habitants ont toutefois exprimé leur frustration.
« Ils ne me laissent pas rentrer chez moi pour récupérer mes affaires », a déploré un homme, tandis que d’autres, sous le choc et désorientés, ont refusé de s’exprimer devant la presse.
« Nous nous sentons comme des animaux dans un zoo », a murmuré une femme.
Tal, mère de trois enfants qui habite à seulement deux immeubles du lieu de l’impact direct, se tenait à côté d’un tas de valises sur le trottoir.
« Nous vivons dans cet appartement depuis onze ans. La pièce sécurisée a tremblé comme si le missile avait frappé notre propre domicile », a-t-elle raconté.
« Toutes les fenêtres ont volé en éclats. Nos meubles et nos affaires ont été projetés dans tout l’appartement. »
« Nous allons maintenant chez mes parents à Givatayim, mais nous ne savons pas ce qu’il adviendra ensuite », a-t-elle ajouté.
« Personne ne nous a dit combien de temps dureront les réparations. C’est toute une vie qui s’en va, nous essayons maintenant de repartir de zéro. »

Avraham Shapira, qui vit à Ramat Gan mais séjournait chez sa fille à proximité, a déclaré : « J’avais l’impression que notre abri anti-bombes allait se détacher du reste du bâtiment. »
Comme beaucoup d’autres, il a exprimé sa gratitude d’avoir survécu, mais aussi son incertitude quant à l’avenir.
À Bnei Brak, une arche contenant les rouleaux de la Torah intacte dans une synagogue détruite
Dans la ville ultra-orthodoxe voisine de Bnei Brak, un missile a frappé une école locale, la réduisant en ruines et tuant un octogénaire qui a ensuite été extrait d’un bâtiment voisin. Des enfants qui passaient par là tentaient de comprendre cette scène de destruction.
« Quoi ? Une école s’est effondrée ? » a demandé l’un d’eux.
« Oui, c’est une école », a répondu un autre.
Le site d’une école détruite à la suite d’une attaque meurtrière au missile lancé depuis l’Iran, à Bnei Brak, le 16 juin 2025. (Crédit : Stav Levaton/Times of Israel)
Yoseph Haïm, qui était sorti avec ses jeunes enfants, a déclaré qu’il n’avait pas encore dit à sa fille que son école avait été détruite.
« Je lui ai dit qu’on lui en construisait une nouvelle », a-t-il déclaré.
Yehudit, une habitante du quartier qui se promenait avec ses jeunes enfants, se souvient s’être blottie avec sa famille dans le mamad de leur appartement lorsque les sirènes d’alerte ont retenti.
« La maison a tremblé. Nous avons entendu des objets tomber – dans notre immeuble, des fenêtres et des tableaux ont heurté le sol », a-t-elle expliqué.
« On nous avait toujours promis qu’aucun missile ne tomberait à Bnei Brak… Mais manifestement, ils tombent ici aussi. »
Interrogée sur le conflit dans son ensemble, elle a répondu : « Je pense qu’il n’y a pas d’autre choix. Et je prie pour qu’il n’y ait pas plus de dégâts. »
Dans une synagogue voisine réduite en ruines, un homme a souligné que l’arche contenant les rouleaux de la Torah était miraculeusement intacte.

Les trottoirs de Bnei Brak étaient le théâtre de scènes de confusion, de foi et de résilience silencieuse. Des habitants ultra-orthodoxes distribuaient des glaces, des pizzas et de l’eau aux équipes de recherche et de sauvetage.
D’autres prenaient des photos des dégâts avec leurs appareils numériques. Certains tentaient de franchir les barrages policiers à vélo électrique pour rejoindre leur domicile.
Une femme couverte de poussière suppliait les policiers de lui rendre ses vêtements et criait : « Vous n’avez pas vécu l’effondrement de votre plafond sur votre tête. »
Le ministère de la Santé a déclaré que 287 personnes avaient été hospitalisées dans tout le pays pendant la nuit, en raison des attaques de missiles lancées par l’Iran contre le nord et le centre du pays.

Le service de secours du Magen David Adom (MDA) a fait état de cinq morts dans le centre d’Israël et de trois à Haïfa lors des tirs de la nuit, portant à 24 le nombre total de morts depuis le début du conflit entre Israël et l’Iran.
Malgré ce carnage, certaines des personnes touchées ont trouvé des moments de gratitude au milieu des décombres, mesurant leur chance malgré la longue épreuve qui les attend.
« Dieu merci, nous avons survécu à ce miracle. Notre maison est en bon état comparée à d’autres », a déclaré Haïm.
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