Israël en guerre - Jour 478

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Carnet du journaliste

Des ex-otages retournent à Beeri et plaident pour le retour de tous les otages

Sept survivants du massacre se retrouvent devant les ruines de leurs maisons pour une cérémonie et un concert émouvants

  • La maison où les restes de Liel Hetzroni, 12 ans, trouvés dans le kibboutz Beeri, près de la frontière entre Israël et Gaza, dans le sud d'Israël, le 19 novembre 2023. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)
    La maison où les restes de Liel Hetzroni, 12 ans, trouvés dans le kibboutz Beeri, près de la frontière entre Israël et Gaza, dans le sud d'Israël, le 19 novembre 2023. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)
  • Oren Sharabi, à droite, est assis près de sa sœur Ofir et de sa mère Nira à Beeri le 1er janvier 2024. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)
    Oren Sharabi, à droite, est assis près de sa sœur Ofir et de sa mère Nira à Beeri le 1er janvier 2024. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)
  • Daniel Weiss, à droite, se produit avec un groupe sur les restes carbonisés de la maison de ses parents à Beeri, le 1er janvier 2024. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)
    Daniel Weiss, à droite, se produit avec un groupe sur les restes carbonisés de la maison de ses parents à Beeri, le 1er janvier 2024. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)
  • Les tombes des résidents du kibboutz Beeri qui ont été assassinés par des terroristes du Hamas le 7 octobre, dans le kibboutz Revivim, dans le sud d'Israël, le 15 novembre 2023 (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)
    Les tombes des résidents du kibboutz Beeri qui ont été assassinés par des terroristes du Hamas le 7 octobre, dans le kibboutz Revivim, dans le sud d'Israël, le 15 novembre 2023 (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)
  • Des otages libérés et des survivants s'adressant aux journalistes devant les restes carbonisés de la maison de Raaya et Hila Rotem, à Beeri, le 1er janvier 2024. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)
    Des otages libérés et des survivants s'adressant aux journalistes devant les restes carbonisés de la maison de Raaya et Hila Rotem, à Beeri, le 1er janvier 2024. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)

Le retour au kibboutz Beeri s’est avéré une expérience particulièrement effrayante pour les sœurs Sharabi, Oren, 12 ans, et Ofir, 13 ans, qui ont grandi au kibboutz et ont survécu au massacre du 7 octobre, ainsi que leur mère, Nira. C’était la première fois qu’elles revenaient dans ces lieux à la frontière de Gaza, autrefois paisibles, jusqu’à l’assaut de leur maison par les terroristes du Hamas, au cours duquel leur père a été kidnappé et conduit à Gaza.

À chaque forte déflagration produite par une unité d’artillerie de Tsahal située à proximité et qui bombardait Gaza, Nira serrait instinctivement ses filles dans ses bras alors que ces dernières tressaillaient.

« C’est le kibboutz où j’ai grandi avec ma famille et mes amis, mais après tout ce par quoi nous sommes passés, c’est difficile d’être ici, et j’avais peur de venir », a confié Oren aux journalistes lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à Beeri lundi. « Mais je surmonte ma peur, car ce qui m’effraie le plus, c’est que mon père, Yossi, est toujours otage à Gaza ».

Cette visite a été organisée dans le cadre d’une campagne de relations publiques menée par les familles d’otages pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il donne la priorité à la libération des otages, même si cela devait se faire au détriment de son objectif militaire, à savoir l’anéantissement du Hamas.

La toile de fond de l’événement – une maison incendiée – avait pour objectif de renforcer le message concernant les otages. Elle soulignait également l’ampleur de la destruction du kibboutz et l’impact profond qu’elle a sur une communauté qui a encore du mal à s’en remettre.

Oren Sharabi, à droite, est assis près de sa sœur Ofir et de sa mère Nira à Beeri le 1er janvier 2024. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)

Les sœurs Sharabi, dont le père Yossi et l’oncle Eli seraient tous deux retenus en otage à Gaza, font partie des sept survivants qui se sont adressés aux journalistes lundi.

« Le vendredi 6 octobre, papa m’avait promis que nous jouerions au football ensemble samedi soir. On jouait souvent au football ensemble. Il m’entraînait et venait à tous les matchs de mon équipe », a raconté Oren. « Mais samedi matin, nous nous sommes réveillés dans un monde différent ».

Oren a ensuite décrit les tentatives de son oncle et de son père pour empêcher les terroristes du Hamas d’ouvrir la chambre sécurisée où la famille s’était retranchée. Mais « trois terroristes sont entrés. J’étais cachée sous les couvertures. J’ai entendu un coup de feu. J’étais sûr qu’ils avaient tué papa. Mais ils ont tué Shoko, notre chien. J’ai entendu les terroristes rire. Ils nous ont dit de les suivre ».

Oren, Ofir et Nira ont vu les terroristes ligoter leur père et un voisin avant de les faire monter dans une voiture.

« Je me souviens que pendant tout ce temps, papa ne quittait pas maman des yeux », se souvient Oren.

Oren Sharabi, à gauche, sa mère Nira et sa sœur Ofir marchent dans le kibboutz Beeri le 1er janvier 2024. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)

« Mon père est tout pour moi », a ajouté Oren. « Le temps est précieux », a-t-elle insisté.

Miri Gad Mesika, porte-parole de Beeri et survivante du massacre du 7 octobre, a exhorté le gouvernement à agir pour « ramener maintenant » tous les otages, y compris les 10 otages de Beeri qui se trouvent encore à Gaza.

Les survivants présents à la conférence de presse de lundi, dont trois sont revenus de captivité, n’ont pas dicté au gouvernement la marche à suivre. Interrogé à ce sujet, Mesika a déclaré : « Nous laissons au cabinet de guerre le soin du ‘comment' ».

Des Israéliens prennent part à un rassemblement pour la libération des otages du groupe terroriste du Hamas au pouvoir à Gaza, Place des otages à Tel Aviv, le 30 décembre 2023. (Crédit : Michael Giladi/Flash90)

Le Forum des familles d’otages et de disparus, le groupe qui a organisé la conférence de presse, tient des rassemblements hebdomadaires à Tel Aviv. Lors de ces rassemblements, des orateurs viennent exhorter le gouvernement à accepter un cessez-le-feu, condition préalable posée par le Hamas, en vue d’un second échange de prisonniers, similaire à celui qui a eu lieu à la fin du mois de novembre. Un autre groupe de familles, Tikvah, y est, toutefois, opposé et demande que les otages soient libérés par une action militaire.

La conférence de presse a eu lieu dans la cour de la maison détruite de Raaya et Hila Rotem, enlevées le 7 octobre et libérées lors de la trêve d’une semaine qui avait été négociée par le Qatar, les États-Unis et l’Égypte, et au cours de laquelle le Hamas avait libéré 105 otages civils et Israël 240 prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité nationale.

Raaya Rotem, debout, parle aux journalistes lors d’une conférence de presse des survivants du massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023, près de sa maison à Beeri, le 1er janvier 2024,. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)

Raaya Rotem, 54 ans, a raconté comment, en captivité, elle a partagé une orange alors que la nourriture et même l’eau étaient rares : « Nous l’avons divisée entre otages, chacun en a eu une part ».

Rotem, qui a été libérée le 29 novembre, a poursuivi en expliquant que « cela vous fait réaliser que le temps est compté pour les otages. Il n’y a plus de nourriture. Il n’y a plus d’eau, » et les terroristes perdent patience, ajoute-t-elle.

Alors qu’ils la conduisaient à Gaza le 7 octobre, Raaya a été frappée par l’absence des forces de sécurité israéliennes. « La route était complètement ouverte. Pas d’avion. Pas de chars. Pas de troupes. Quand j’ai vu la clôture, j’ai compris que c’était fini. Nous entrions dans Gaza », a-t-elle déclaré.

Sa fille, Hila, 13 ans, qui a été libérée le 25 novembre, se souvient que d’autres otages lui ont demandé, dans le bus qui la ramenait en Israël, qui elle pensait voir l’accueillir.

« J’ai pensé à mon oncle Yaya, mais je supposais qu’il avait été assassiné. Alors j’ai dit d’autres noms », a-t-elle déclaré aux journalistes devant ce qui reste de sa maison, un amas calciné recouvert de plastique fondu et de suie. Son oncle a survécu, a-t-elle noté dans un discours écrit dont le fond, choquant, contrastait la forme, digne.

Plus tôt dans la journée de lundi, les survivants de Beeri, dont la plupart vivent à titre temporaire dans des hôtels de la région de la mer Morte, ont reçu de mauvaises nouvelles. L’armée a confirmé la mort d’Ilan Weiss, membre de l’équipe de défense civile du kibboutz. Il avait été présumé otage mais sa dépouille a été identifiée, 87 jours après son assassinat à Beeri.

Des journalistes inspectent ce qui reste de l’une des nombreuses maisons incendiées à Beeri, le 1er janvier 2024. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)

Les terroristes qui ont envahi Beeri – le plus grand kibboutz de la région de Tekuma près de Gaza qui compte environ 1 200 résidents – y ont assassiné 95 personnes et en ont enlevé 30 autres, a déclaré Mesika.

Au total, les quelque 3 000 terroristes qui ont participé à l’invasion ont assassiné près de 1 200 personnes en Israël et ont commis des crimes de guerre et autres atrocités. Ils ont notamment enlevé 240 personnes, violé des femmes, torturé des civils, incendié des maisons, estropié des corps et même tué des animaux domestiques et des animaux de ferme ‘pour le plaisir’.

Israël a lancé une campagne militaire massive dont les objectifs déclarés sont de renverser le Hamas et de récupérer les otages. Selon des sources palestiniennes, les combats ont fait au moins 28 000 morts. Ces chiffres, qui ne peuvent être corroborés de manière indépendante, incluraient les milliers de terroristes que l’armée israélienne affirme avoir tués.

Des responsables égyptiens et qataris seraient en train de travailler à l’obtention d’un second cessez-le-feu et d’un échange de prisonniers.

Sur les sept survivants qui ont parlé aux journalistes lundi, trois d’entre eux – les Rotem et Amit Shani, 16 ans – sont des ex-otages. Amit Shani a déclaré s’être senti « abandonné » par l’État quand il était captif.

« Nous avons été abandonnés une fois, et les otages ne peuvent pas l’être à nouveau », a affirmé Shani, qui a demandé que des mesures soient prises pour les récupérer.

Les journalistes ont ensuite visité la résidence des Sharabi, qui n’a pas été endommagée lors de l’attaque. Un jeu de backgammon ouvert, dont les pièces sont poussiéreuses, se trouvait encore sur la table de la salle à manger, soulignant la brutalité du moment où la vie s’est arrêtée à Beeri, fondé en 1946. Beaucoup de jardins ici ont encore des soukkot, des huttes de la fête des Cabanes, qui s’est terminée le 6 octobre.

Daniel Weiss, à droite, se produit avec un groupe sur les restes carbonisés de la maison de ses parents à Beeri, le 1er janvier 2024. (Crédit : Canaan Lidor/Times of Israel)

La dernière étape de la visite des journalistes à Beeri était la résidence de Yehudit et Shmulik Weiss, ou plutôt, les restes calcinés de la maison. Tous deux assassinés par les terroristes. Shmulik a été abattu sur place. Yehudit a été blessée, et conduite à Gaza où elle a été tuée, a raconté leur fils Daniel. Ils étaient parents de cinq enfants.

Daniel, qui est musicien, n’avait ni message politique à faire passer ni de revendications à formuler. Il a décidé de donner un concert sur les ruines de la maison ou il a grandi, avec un groupe de professionnels de la musique ; le thème des chansons connues était la résilience et la paix.

En entamant l’une d’entre elles, « Ani Gitara » [Je suis une guitare] de Naomi Shemer, il a expliqué à un public de journalistes en larmes que la guitare sur laquelle elle jouait était la première que son père lui avait achetée. Il a ajouté les mots « mère, père » avant de conclure : « Je vous dis merci ».

Se retenant de pleurer, Weiss étouffait ses sanglot lors des brèves introductions entre les chansons. Il a chanté et joué avec puissance, serrant le poing en interprétant une chanson sur la force d’âme dont le refrain est « Nous devons continuer à jouer ».

Les organisateurs ont invité Miri Aloni, une chanteuse folklorique légendaire, à chanter avec Weiss. Ils ont chanté « Prachim BaKaneh » [Les fleurs dans le canon], une chanson sur la nostalgie de la paix qui mentionne Gaza et Rafah.

Weiss a terminé le concert avec « Yamim Shel Sheket » [Les jours calmes], une chanson qu’il a décrite comme une prière et a encouragé ses auditeurs à se joindre à lui. Au milieu des bruits sourds en provenance de Gaza, le public, composé d’une cinquantaine de personnes, a doucement entonné la dernière phrase : « Nous pouvons nous relever. La fin du monde est passée. »

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