Des familles d’otages accusent le gouvernement d’avoir choisi de « sacrifier » leurs proches
Le conseiller de Netanyahu aurait dit aux familles que seuls les sondages changeraient la donne ; Un député du Likud s'excuse d'avoir accusé le frère d'un otage d'en profiter pour promouvoir un programme politique

Ce vendredi, des proches d’otages de Gaza ont reproché au gouvernement de « sacrifier » leurs proches, suite à une réunion difficile à laquelle ont assisté certains d’entre eux, jeudi. Au cours de cette réunion, le conseiller à la sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, aurait déclaré qu’Israël ne mettrait pas fin à la guerre à Gaza pour sauver les otages.
Le Forum des otages et des proches de disparus a par ailleurs critiqué le député Likud Hanoch Milwidsky, qui a accusé le frère de l’otage Itzik Elgarat d’utiliser sa souffrance pour promouvoir un programme antigouvernemental.
« Le gouvernement israélien a choisi, en toute connaissance de cause, de sacrifier les otages et ainsi d’abandonner un des principes moraux fondamentaux, à savoir qu’Israël n’abandonne personne », a déclaré le forum par voie de communiqué vendredi matin. « Il préfère poursuivre les combats plutôt que d’atteindre un objectif bien supérieur, à savoir la libération des otages abandonnés par le gouvernement. »
Lors de la réunion avec les proches d’otages, Hanegbi, proche collaborateur du Premier ministre Benjamin Netanyahu, aurait déclaré que le gouvernement ne mettrait pas un point final à sa guerre contre le Hamas pour obtenir la libération des otages encore aux mains du groupe terroriste.
Par voie de communiqué publié jeudi, le Hamas s’est dit prêt à « un accord complet » avec Israël, assorti de la libération de tous les otages en échange de prisonniers palestiniens de sécurité, mais seulement si Israël « stoppait sa guerre et son agression envers le peuple de Gaza ».
On estime à 121 le nombre d’otages enlevés par le Hamas, le 7 octobre dernier, toujours aux mains de Gaza, auxquels s’ajoutent quatre otages détenus depuis une dizaine d’années. Ce chiffre comprend les corps de 39 otages qui, selon l’armée israélienne, ont été tués.
« Ce gouvernement ne prendra pas la décision d’arrêter la guerre pour obtenir le retour des otages », aurait déclaré Hanegbi, selon la Douzième chaîne. « Il nous faut continuer à nous battre pour qu’il n’y ait pas un autre 7 octobre en octobre 2027. »
A l’antenne de la radio militaire, vendredi matin, Gil Dickmann, cousin de l’otage Carmel Gat, a indiqué que Hanegbi avait également dit aux familles que la seule façon pour le gouvernement d’accepter un accord sur les otages serait « des sondages indiquant au gouvernement que cela en vaut la peine sur le plan politique ».

Selon la Douzième chaîne, lors de cette réunion, Hanegbi s’en est pris à des proches qui critiquaient Netanyahu, disant à l’une d’elles que rien ne lui donnait le droit de « ressentir une douleur ou une haine pareilles », et se moquant d’une autre sur le point de quitter les lieux sous le coup de la colère.
La communication entre les proches d’otages et les services de Netanyahu s’est tendue ces derniers mois, avec des manifestations qui reprochent au gouvernement de ne pas donner la priorité aux otages, parfois aux côtés d’organisations militantes antigouvernementales.
Les deux parties se reprochent l’une l’autre de chercher à politiser la question.
« Les otages, et l’ensemble de l’État d’Israël, sont pris en otage par ceux qui font primer leurs intérêts politiques sur leurs devoirs envers le pays », accuse le forum dans son communiqué de vendredi.

Ces tensions se sont exprimées jeudi lors d’une interview en direct sur la chaine télévisée de Kan lorsque Mildiwsky a accusé Danny Elgarat d’utiliser la captivité de son frère pour mettre en avant ses idées politiques.
Elgarat a répondu que le gouvernement profitait de la situation pour rester au pouvoir et dit à Milwidskly de « rentrer chez lui », ce à quoi le député a répondu qu’il « continuerait à protéger l’État d’Israël contre des gens comme vous ».
Vendredi matin, Milwidsky a fait savoir qu’il avait téléphoné à Elgarat pour lui présenter ses excuses.
A l’antenne de la radio Kan, Milwidsky a déclaré qu’il avait dit à Elgarat que malgré leurs désaccords, « Je n’aurais pas dû dire une chose pareille, encore moins en direct [à la télévision] ».
« J’espère vraiment que son frère reviendra en Israël au plus vite. Il a accepté mes excuses et m’a présenté les siennes. Nous nous sommes quittés avec l’espoir de jours meilleurs », a ajouté le député.

Hanegbi a déclaré jeudi à la Douzième chaîne que depuis l’assaut du Hamas du 7 octobre, il avait fait en sorte de faciliter « le dialogue entre les autorités politiques et les familles en souffrance ».
« Je ne vais pas changer ma manière de faire, même après la réunion d’aujourd’hui. Israël n’a pas d’autre choix que d’obtenir la libération de tous les otages et il y parviendra », a-t-il ajouté.
Le tout nouveau chef du parti travailliste, Yair Golan, a écrit sur X jeudi soir que « les propos qui ont filtré de cette réunion confirment la cruauté de ce gouvernement envers son propre peuple ».
« Le gouvernement Netanyahu-Gantz sacrifie les otages, hypothèque la sécurité du pays et foule aux pieds toutes les valeurs juives et israéliennes », a-t-il écrit.
Vendredi, le député Yesh Atid, Ram Ben Barak, a déclaré à l’antenne de la radio militaire que, pour le gouvernement, les otages n’étaient pas une priorité et que « si ce gouvernement obéissait aux sondages, alors ils pouvaient bien tout arrêter et rentrer chez eux ».