Des familles d’otages accusent le rapport du ministère de la Santé de violer la vie privée des captifs
Dans une lettre adressée au ministère, le forum affirme que le document détaillant le sort des otages du Hamas a violé le secret médical
Le Forum des familles d’otages et de portés-disparus a critiqué la décision du ministère de la Santé de publier un récent rapport sur les difficultés rencontrées par les otages pendant leur captivité dans les geôles du groupe terroriste palestinien du Hamas, estimant que ce rapport violait le droit des captifs libérés au respect de leur vie privée.
Dans une lettre adressée au ministère, le forum a écrit que les otages n’étaient pas des « biens publics » et que les otages libérés n’avaient peut-être pas accepté que les informations soient rendues publiques.
Bien que le rapport, qui se base sur les témoignages d’otages libérés, n’identifie aucun d’entre eux par leur nom, le forum a estimé qu’il était possible d’identifier certaines des victimes en se basant sur les descriptions contenues dans le rapport.
Me Dana Pugach, avocate représentant les familles qui ont écrit la lettre, a déclaré au journal Haaretz que certains des otages libérés n’étaient pas au courant de l’existence de ce rapport ni du fait que leurs témoignages y figureraient.
La lettre souligne la violation de la vie privée des mineurs mentionnés dans le rapport, en précisant qu’il n’est pas certain que leurs tuteurs aient consenti à la publication de ces informations.
Me Pugach a précisé que les lettres précédentes adressées au ministère au sujet de la violation de la vie privée des otages libérés avaient été ignorées.
Elle a déclaré à Haaretz que la violation du droit à la confidentialité avait commencé dès leur retour. « Les médecins ont été interrogés et ils ont donné des indications qui ont permis d’identifier facilement les otages dont ils parlaient. Nous avons écrit au ministère de la Santé et nous nous attendions à ce que quelque chose soit fait, mais voilà que ce rapport montre qu’il y a eu une violation systématique de la vie privée et du secret médical. »
Me Pugach a également indiqué que le rapport répétait des informations qui avaient déjà été communiquées discrètement par les familles à Alice Edwards, la rapporteuse spéciale de l’ONU sur les questions relatives à la torture. « Il n’est pas nécessaire de publier des informations pour qu’elles parviennent au rapporteur des Nations unies », a-t-elle souligné.
Me Pugach a écrit que la publication de ce rapport constituait un délit au regard du code pénal israélien, puisqu’elle révélait des détails permettant d’identifier les victimes d’un crime.
En réponse à cette lettre, le ministère de la Santé a déclaré que l’objectif de ce rapport était de sensibiliser la communauté internationale au sort des otages et à la nécessité urgente de les libérer de captivité. Le ministère a également présenté ses excuses pour tout préjudice causé aux otages et à leurs familles, précisant que les questions abordées dans la lettre avaient été envoyées à des hauts fonctionnaires du ministère « afin que des leçons soient tirées ».
La Knesset tiendra une session la semaine prochaine sur la vie privée des otages libérés.
Le rapport rassemble les témoignages d’otages libérés dans le cadre d’un accord de trêve qui avait été conclu en novembre 2023, ainsi que les témoignages de ceux qui ont été secourus par les troupes de l’armée israélienne. Le rapport décrit la manière dont les captifs ont été brûlés et roués de coups, affamés et humiliés, et comment ces abus ont eu des répercussions sur leur santé mentale et physique, même longtemps après leur libération.
Le rapport indique que les otages ont été maintenus des jours durant dans l’obscurité, les mains et les pieds liés, et qu’ils n’ont reçu que peu de nourriture et d’eau. Ils ont été frappés sur tout le corps. Certains se sont fait arracher les cheveux et, dans certains cas, ils ont été brûlés et marqués au fer. D’autres, dont des enfants, ont été victimes d’agressions sexuelles.
Les otages blessés ont déclaré qu’on ne leur avait pas donné d’analgésiques. Ils ont décrit la douleur atroce qu’ils ont ressentie pendant les traitements médicaux qui, dans certains cas, comprenaient des interventions chirurgicales.
Les otages ont raconté qu’il n’y avait pas de douches et qu’ils étaient obligés d’attendre des heures, voire des jours, avant d’être autorisés à utiliser les toilettes. Certains ont été contraints de se souiller.
Certaines femmes otages ont été forcées de travailler comme « femmes de ménage », a rapporté la chaîne N12.
Les otages libérés ont déclaré aux autorités qu’ils avaient été délibérément séparés des autres membres de leur famille qui étaient également détenus.
Les captifs, y compris les enfants, ont été forcés de regarder des vidéos des atrocités du 7 octobre.
Selon le rapport, certains otages ont subi une perte de poids spectaculaire due à la faim et au manque de nourriture. Les otages adultes ont perdu en moyenne entre 8 et 15 kilos, soit 10 à 17 % de leur poids initial, tandis que les enfants captifs ont perdu en moyenne 10 % de leur poids, bien qu’une fillette ait perdu jusqu’à 18 % de son poids dans un cas particulièrement grave.
« En raison des conditions d’hygiène déplorables et de l’eau souillée, les otages ont souffert de maux d’estomac et de diarrhée pendant leur période de captivité. Tout cela a des conséquences mentales graves, surtout dans le cas des enfants. »
Le 7 octobre 2023, quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle.
On estime que 96 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023 se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 34 otages dont le décès a été confirmé par l’armée israélienne.
Fin novembre 2023, le Hamas avait relâché 105 civils lors d’une trêve d’une semaine. Quatre otages avaient été remises en liberté précédemment. Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 38 otages ont été récupérées, notamment celles de trois Israéliens qui ont été tués accidentellement par l’armée israélienne.