Des Français d’Israël, fragilisés par la COVID, aidés par le consulat et des ONG
Ces allocations font partie d'une enveloppe globale destinée aux Français de l'étranger, alors que la faiblesse des aides de l'État hébreu est très critiquée
Avec la pandémie, le Franco-Israélien Raphaël Benitah s’est retrouvé sans un sou. Mécontent des aides minimes d’Israël, cet indépendant a aussi été aidé par le consulat français qui a accordé des milliers d’euros à des centaines de ressortissants frappés par la crise.
Ces allocations font partie d’une enveloppe globale destinée aux Français de l’étranger, dont les principaux bénéficiaires se trouvent au Liban et en Israël, où la faiblesse des aides de l’État est très critiquée.
Pour calmer la grogne sociale ayant gagné de nombreux Israéliens fustigeant la gestion de la pandémie par les autorités, le gouvernement a mis en place un plan de 90 milliards de shekels (environ 22,5 milliards d’euros), comportant des aides pour « tous les citoyens ».
Chauffeur privé d’un minibus de 20 places, M. Benitah n’a pas travaillé pendant dix mois en raison des restrictions de rassemblements et de déplacements mises en place par l’État hébreu pour lutter contre la circulation du coronavirus. Il s’est retrouvé avec « des sorties d’argent, mais pas un shekel qui est entré, rien », lui qui travaille souvent avec des touristes qui ont quasi disparu depuis près d’un an.
Avec une voiture complètement immobilisée, ce sont 500 000 shekels (125 000 euros) de dettes qui se sont accumulées, explique ce père de huit enfants dont trois à charge, qui évoque une « période atroce ».
Les allocations chômage de l’État ont été étendues et les indépendants ont reçu un coup de pouce. Une aide « minable », déplore M. Benitah, qui habite le Gush Etzion, un bloc d’implantations en Cisjordanie. « En 10 mois, j’ai reçu 17 570 shekels (environ 4 400 euros) du gouvernement. Qu’est ce qu’on fait avec 17 000 shekels en 10 mois ? C’est rien, même pas de quoi manger », lâche-t-il.
Inscrit sur les listes consulaires françaises depuis son arrivée en Israël il y a 20 ans, le Franco-israélien a reçu du consulat français de Jérusalem une aide d’un peu plus de 2 000 shekels (500 euros).
Un coup de pouce bienvenu, et considéré comme normal pour quelqu’un qui a « gardé ses racines et sa mentalité françaises », a « travaillé plus de 15 ans en France » et a « cotisé ».
« Abandon complet »
Environ 70 500 Français sont enregistrés sur les listes consulaires en Israël, mais beaucoup d’autres ne s’y sont pas inscrits. On estime la communauté française à 150 000 environ.
Ces derniers mois, le consulat de France à Tel Aviv a vu déferler les demandes de Français qui n’étaient plus inscrits sur les listes et cherchaient à obtenir sur-le-champ un passeport français pour rentrer en France ou recevoir des aides d’urgence car ruinés.
Et comme plusieurs ont vu leur compte à découvert saisi par leur banque israélienne, le consulat a dû verser des milliers d’euros en espèces sonnantes et trébuchantes.
« En 2020, le Consulat général de France à Tel Aviv a dépensé 500 000 euros d’aide en faveur des Français touchés économiquement par la COVID : 270 000 euros de subventions à des associations et 230 000 euros d’aides directes versées par le consulat, au bénéfice de 190 familles », a-t-il indiqué à l’AFP.
Depuis le début de l’année, 66 familles se sont ajoutées à cette liste.
Or « la quasi-totalité des familles n’étaient pas connues du service des affaires sociales avant la crise liée à la COVID », note le consulat, estimant que la « communauté française est particulièrement touchée car elle se compose pour partie de nouveaux immigrés en Israël ayant peu d’ancienneté sur leur poste ».
À Jérusalem, ce sont 175 familles françaises qui ont été aidées par le consulat, ayant déboursé 293 000 euros.
Nombre de Français en Israël sont des indépendants, travaillant dans le tourisme et l’événementiel, et donc touchés de plein fouet par la crise, explique à l’AFP Michel Nakache, un responsable de l’association Qualita d’aide à l’intégration des Juifs francophones en Israël.
« L’État a mis la main à la poche, mais son aide n’a pas été assez efficace et structurée. Ça n’a pas donné beaucoup de résultat », affirme Gilles Darmon, directeur de Latet, un réseau d’environ 180 organisations caritatives en Israël, évoquant les difficultés pour les indépendants à toucher des indemnités de chômage.
Sarah Ben, fondatrice de l’Union des indépendants en Israël, évoque de son côté un « abandon complet » de la part des autorités israéliennes pour aider les plus défavorisés : « Oui le pays est vacciné, mais le réel problème, ce n’est pas de faire vacciner les gens, mais de pas les laisser crever. »