Des manifestants anti-Netanyahu bloquent l’accès à la Knesset
Pas d'arrestation lors du 2e rassemblement du mois réclamant l’éviction du Premier ministre ; Merav Michaeli dit vouloir "faire bouger le gouvernement" sur la question des otages
La police a dispersé par la force des dizaines de manifestants anti-gouvernement qui bloquaient l’accès à la Knesset à Jérusalem lundi matin, dernier signe de la résurgence de l’opposition au Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Une centaine de personnes s’étaient rassemblées devant le Parlement pour réclamer des élections législatives anticipées et l’éviction de Netanyahu après plus de trois mois de guerre, accusant son gouvernement de ne pas avoir donné la priorité à la libération des 132 otages qui sont toujours en captivité dans la bande de Gaza, depuis le 7 octobre.
La manifestation avait été autorisée par la police, mais au bout d’une heure environ, les manifestants ont franchi les barrages anti-émeutes et se sont installés sur une route menant au bâtiment de la Knesset, où ils se sont assis pour empêcher quiconque de passer.
Les manifestants ont hurlé sur les policiers, les qualifiant de « criminels » qui ont « détruit le pays ».
Bien que restreint, le groupe de manifestants représentait un échantillon du spectre politique, allant d’anciens piliers du Likud à des activistes opposés à la présence israélienne en Cisjordanie, soulignant la large base de l’opposition à Netanyahu et à sa gestion de la guerre en cours contre le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza.
C’est la deuxième fois ce mois-ci que des manifestants réclamant des élections anticipées sont expulsés de force par la police pour avoir bloqué la principale voie d’accès à la Knesset.
Mais contrairement à la manifestation précédente, aucune arrestation n’a eu lieu lundi.
Un homme tenant une canne a apparemment été blessé aux bras lors de son évacuation.
Les manifestations de masse contre Netanyahu, qui est jugé dans trois affaires de corruption, et son gouvernement de droite, qui a tenté de faire passer un plan de refonte – largement controversé – du système judiciaire, se sont largement estompées à la suite de l’assaut du Hamas du 7 octobre contre le sud d’Israël, qui a déclenché la guerre.
Au moins 1 200 personnes ont été tuées lors de ce massacre dans le sud d’Israël et 253 autres ont été enlevées et emmenées de force à Gaza, où 132 d’entre elles se trouvent toujours, selon les autorités israéliennes.
Toutefois, ces dernières semaines, les manifestations se sont intensifiées pour réclamer de nouvelles élections, notamment toute une série de rassemblements qui ont eu lieu samedi soir dans tout le pays.
Une grande partie de l’opposition s’est concentrée sur le fait que le gouvernement n’a pas réussi à faire libérer les otages.
Many of them were elderly. This man was apparently injured when they carried him off pic.twitter.com/l8TQFWbrls
— Sam Sokol (@SamuelSokol) January 22, 2024
Les manifestants ont accusé les partis de la coalition au pouvoir d’être des « traîtres qui ont abandonné les otages ».
Mor Shamgar, qui a mené la foule devant la Knesset lundi en entonnant des slogans enflammés, a déclaré qu’elle avait voté Likud jusqu’à ce que Netanyahu accède au pouvoir au sein du parti.
Elle a accusé le Premier ministre de prendre des décisions en temps de guerre pour rester au pouvoir, plutôt que de veiller aux intérêts des citoyens israéliens.
Mentionnant les deux fils de Netanyahu, Shamgar a déclaré que « si Yaïr Netanyahu aidait à restaurer à Beeri, ou si Avner Netanyahu se rendait à Kfar Aza pour aider à récolter des fruits et des légumes », elle pourrait commencer à faire confiance au Premier ministre. « En attendant, il n’est pas à la hauteur. »
Parmi les manifestants se trouvait également Dani Danieli, un activiste de Jérusalem qui soutient la création d’un État palestinien.
« Nous nous opposons bien sûr à Bibi, notre dénominateur commun est clair, il s’agit d’une protestation contre le gouvernement », a-t-il affirmé en utilisant le surnom de Netanyahu. « Mais nous demandons également aux autres de ne pas oublier, ne serait-ce qu’une seconde, que le problème central est la présence israélienne. »
La présidente sortante du parti Avoda, Merav Michaeli, s’est jointe au rassemblement mais a quitté les lieux au moment où les manifestants ont commencé à bloquer l’accès à la Knesset.
Elle a déclaré qu’elle était là pour « faire bouger ce gouvernement », son parti prévoyant de déposer une motion de censure plus tard dans la journée sur la question des otages.
« Le retour des otages n’est pas une question, c’est l’obligation numéro un de ce gouvernement. Les otages ont été abandonnés et kidnappés sous sa surveillance, et il doit donc tout faire pour les ramener », a-t-elle déclaré au Times of Israel.
Seuls 15 % des Israéliens souhaitent que Netanyahu reste en poste après la fin de la guerre contre le Hamas à Gaza, selon un sondage réalisé en décembre par l’Institut israélien de la démocratie.
La manifestation s’est déroulée à côté d’une tente érigée par des membres de familles d’otages qui ont été enlevés à Gaza par le Hamas le 7 octobre.
Le mois dernier, les forces de l’ordre ont arrêté un homme soupçonné d’avoir mis le feu à une tente des familles d’otages après avoir vu des messages sur les réseaux sociaux, qui montraient des panneaux de protestation comportant des slogans qui lui avaient déplu.
La Déclaration d’Indépendance d’Israël était accrochée lundi sur le mur extérieur de la tente, à côté d’une pancarte sur laquelle on pouvait lire : « Bibi, le sang des assassinés est sur vos mains ! »
Sam Sokol et l’équipe du Times of Israel ont contribué à cet article.