20ᵉ mois de guerre : Des milliers de manifestants réclament la libération des otages
Des participants ont scandé : "Le peuple choisit les otages ! Seul un accord global pour le retour de nos proches apportera une véritable victoire"

Des milliers de personnes ont manifesté samedi soir à Tel Aviv pour réclamer la libération des otages enlevés le 7 octobre 2023 et retenus depuis dans la bande de Gaza et un cessez-le-feu après vingt mois de guerre jour pour jour entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas.
Les rassemblements ce samedi soir ont eu lieu après que l’armée a annoncé avoir retrouvé le corps de l’otage thaïlandais Nattapong Pinta, et à l’approche d’une semaine décisive pour la coalition de Netanyahu, les partis ultra-orthodoxes – ou haredim – menaçant de quitter le gouvernement en raison de son incapacité à adopter une loi exemptant les étudiants en yeshiva du service militaire.
Avant les rassemblements, le père de l’otage Eitan Horn a lancé un appel à l’envoyé spécial américain Steve Witkoff afin qu’il aide à obtenir la libération de son fils, retenu captif par le Hamas, lors d’une conférence de presse réunissant plusieurs familles d’otages devant les quartiers généraux de l’armée de la Kirya, à Tel Aviv.
Itzik Horn a exhorté Witkoff à « mettre de côté le cadre proposé par Netanyahu pour prolonger la guerre » et à promouvoir plutôt une proposition visant à libérer tous les otages et à mettre fin aux combats à Gaza.
« M. Witkoff, c’est possible. Si vous renvoyez tout le monde, vous resterez dans les mémoires comme l’un des plus grands Juifs de tous les temps », a ajouté Itzik.
« Présentez à Netanyahu et au Hamas une offre assortie d’un ultimatum pour mettre fin à la guerre. C’est probablement la seule façon de récupérer les otages et de sauver l’État d’Israël. »

« Notre pays a décidé de ne pas ramener les otages chez eux »
La foule s’est rassemblée sur la Place des Otages, où la mère de l’otage Matan Zangkauer a fait part de son émotion et sa colère après la publication par le groupe terroriste islamiste palestinien d’une photo de son fils Matan avec le message suivant en hébreu et en anglais: « il ne reviendra pas vivant. »
« Je ne peux plus supporter ce cauchemar. L’ange de la mort, [le Premier ministre Benjamin] Netanyahu, continue de sacrifier les otages, il utilise l’armée israélienne non pas pour protéger la sécurité d’Israël mais pour poursuivre la guerre et protéger son gouvernement, c’est une honte ! », a-t-elle lancé selon une vidéo de l’AFP.
À la manifestation, des participants ont scandé : « Le peuple choisit les otages ! Seul un accord global pour le retour de nos proches apportera une véritable victoire », indique le Forum des familles, principale organisation des proches d’otages enlevés par le Hamas lors de l’attaque terroriste sanglante du 7 octobre 2023 en Israël.

Noam Katz, fille de l’otage Lior Rudaeff, déclaré mort mais dont le corps est toujours à Gaza, a demandé l’arrêt immédiat des hostilités.
« N’envoyez pas davantage de soldats risquer leur vie pour ramener nos pères. Ramenez-les par le biais d’un accord. Arrêtez la guerre ! », a-t-elle lancé devant la foule, selon un communiqué du Forum des familles.
Vendredi, l’armée israélienne avait annoncé la mort de quatre soldats dans la bande de Gaza et dit manquer de 10 000 hommes pour ses besoins dans l’enclave.
Tal Kupershtein, père de Bar Kupershtein qui a été enlevé à l’âge de 21 ans, a exigé qu’il « rentre à la maison maintenant ! […] Je demande au Premier ministre d’accepter un accord prévoyant le retour de tous les otages. Ramenez les 55 otages en un seul accord, maintenant ! », a-t-il dit.
Les négociations en vue de mettre fin aux combats, enjeu d’une médiation de l’Egypte, du Qatar et des Etats-Unis, sont restées infructueuses jusqu’ici.
S’adressant à quelque 1 500 personnes lors du rassemblement hebdomadaire sur la Place des Otages, qui se veut apolitique, Ofir Angrest, frère de l’otage Matan Angrest, soldat âgé de 22 ans, a critiqué Netanyahu pour le fait qu’aucun des otages soldats n’ait été renvoyé en Israël, à l’exception d’Edan Alexander, un citoyen américano-israélien relâché par le Hamas en signe de bonne volonté envers la Maison Blanche.
S’adressant directement au Premier ministre, Benjamin Netanyahu, Ofir a déclaré selon le communiqué : « La seule victoire sera le retour d’un soldat israélien enveloppé dans le drapeau bleu et blanc, sans citoyenneté étrangère. »
« Car jusqu’à présent, vous n’en avez ramené aucun. »

Ofir a déclaré que Netanyahu lui avait dit lors d’une réunion qu’il n’était pas au courant des conditions difficiles dans lesquelles se trouvait Matan, notamment « des crises d’asthme après avoir été interrogé et sévèrement torturé, des yeux au beurre noir et des fractures au visage, ainsi que plusieurs pertes de conscience lorsqu’il a été ramené à la surface quelques instants avant d’étouffer à mort ».
Bar Godard, la fille de Manny Godard, un otage assassiné, a déclaré : « Notre pays a décidé de ne pas ramener les otages chez eux. »
Elle a appelé le gouvernement à prendre « une décision courageuse, morale et humaine pour mettre fin à la guerre et ramener tout le monde à la maison ».
« Au lieu de cela, nous nous enfonçons dans une guerre sans fin », a-t-elle ajouté.
« Nous privilégions la vengeance plutôt que de sauver des vies. »
Tal Kupershtein a exprimé sa crainte pour l’état de son fils : « Comment dort-il ? Est-il blessé ? Il doit également faire face aujourd’hui aux bombardements de l’armée israélienne. »
« Nous avons besoin d’un accord immédiat qui permettra son retour et celui de tous les otages encore en vie afin qu’ils puissent être réhabilités, et celui des otages tués afin qu’ils puissent être inhumés », a-t-il exigé.
Des centaines de manifestants anti-gouvernement se sont rassemblés sur la Place Habima à Tel Aviv, où des orateurs ont dénoncé les efforts de Netanyahu visant à codifier les exemptions accordées aux Haredim, afin d’empêcher ses partenaires de coalition ultra-orthodoxes de renverser le gouvernement.
Or Schwarzman, un jeune homme de 24 ans qui a effectué des centaines de jours de service militaire depuis le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 , a critiqué Netanyahu pour avoir mené des « négociations intenses » sur l’exemption du service militaire pour les ultra-orthodoxes alors que « les négociations pour les otages qui croupissent dans les tunnels n’intéressent personne au sein de ce gouvernement ».
« Qu’est-ce qui vous passe par la tête pour oser parler de refus de faire son service militaire dans une période comme celle-ci ? » a-t-il demandé.
L’ancienne procureure générale adjointe Dina Zilber a accusé les ministres du gouvernement d’incitation à la violence contre les manifestants et le pouvoir judiciaire.
« Qui sont les principaux instigateurs ? » a-t-elle demandé.
« Pas une poignée de fous marginaux, mais le gouvernement israélien et son chef. »
Le rassemblement a débuté par une minute de silence en hommage aux huit soldats tués au combat au cours de la semaine écoulée.
Au milieu de la place, les manifestants brandissaient un grand morceau de tissu jaune, qu’ils avaient enroulé pour lui donner la forme du ruban omniprésent symbolisant la lutte pour la libération des otages.
Sur le côté sud de la place, des manifestants de gauche ont organisé leur propre petite manifestation, déployant une grande banderole appelant à la création d’un État palestinien indépendant. Ces manifestants ont quitté les lieux avant le rassemblement principal pour se rendre à une veillée silencieuse en mémoire des enfants tués à Gaza, dans la rue Kaplan, où quelque 400 personnes ont brandi des bougies et des photos d’enfants tués depuis la reprise des hostilités entre Israël et le Hamas le 18 mars.

La photo de chaque enfant était accompagnée de son nom, ainsi que de la date et du lieu de son décès.
Les militants sont restés debout en silence tandis que les manifestants anti-gouvernement défilaient devant eux, lors de leur marche entre la Place Habima et la rue Begin.
Après que le Hamas a publié une photo de Matan Zangauker à côté de ce qui semblait être un dispositif de perfusion intraveineuse et a menacé de le tuer si les soldats s’approchaient de l’endroit où il était détenu, sa mère, Einav, s’est adressée à la foule d’un millier de personnes rassemblée sur la rue Begin : « Je suis très inquiète pour l’état physique et émotionnel de Matan. J’ai très peur que son état se détériore. »
« Nous sommes profondément attristés à l’idée que sans les calculs politiques de Netanyahu, tout cela aurait pu être évité », a-t-elle déclaré.
S’adressant à Netanyahu, Einav a déclaré que « le sang de son fils tachera vos mains » s’il ne le ramène pas.
Un pâté de maisons plus au sud, des policiers ont affronté des militants de gauche brandissant des pancartes accusant Israël de crimes de guerre à Gaza et appelant les soldats à refuser de servir dans la bande de Gaza.
Selon les militants, la police les a empêchés pour la deuxième semaine consécutive de rejoindre les autres manifestants sur la rue Begin. Des vidéos montrent des policiers repoussant des manifestants.
Le député Gilad Kariv (Les Démocrates) a interpellé les policiers en criant qu’ils enfreignaient la loi alors que ces derniers traînaient un militant sur le trottoir.
שוטרים דוחפים באלימות מפגינים מתנועת עומדים ביחד
07.06.2025 תל אביב pic.twitter.com/P1EZlII5XA
— אלימות ישראל (@Alimut_Israel) June 7, 2025
« Les otages sont dans nos cœurs, mais il faut voir les choses dans une perspective plus large », a déclaré un homme à l’aide d’un mégaphone devant une foule d’une centaine de personnes.
« Tout commence par notre apathie face à l’occupation, notre apathie face à la question palestinienne. »
Diverses manifestations en faveur de l’accord et contre le gouvernement ont également eu lieu à Haïfa, Beer Sheva et dans d’autres villes du pays.
Au carrefour Shaar HaNegev, près de Gaza, des torches ont été allumées en mémoire de Gadi Haggaï et Judih Weinstein Haggaï, deux otages assassinés dont les corps ont été rapatriés de Gaza plus tôt dans la semaine.

Les ex-otages Emily Damari et Romi Gonen, relâchées en janvier dans le cadre d’un accord temporaire entre Israël et le Hamas, se sont jointes à la manifestation.
Les groupes terroristes de la bande de Gaza détiennent 55 otages. Parmi eux se trouvent les corps d’au moins 33 personnes confirmées mortes par l’armée israélienne, et 20 autres seraient encore en vie. Le sort de deux autres personnes suscite de vives inquiétudes, selon les autorités israéliennes.
Le Hamas a relâché 30 otages – 20 civils, 5 soldates et 5 ressortissants thaïlandais – ainsi que les corps de huit otages israéliens au cours de l’accord de cessez-le-feu en vigueur entre janvier et mars, puis un autre otage, l’américano-israélien Edan Alexander, en mai, en guise de « signe de bonne volonté » envers les États-Unis.
Il avait précédemment libéré 105 civils au cours de la semaine de trêve de la fin novembre 2023, et quatre otages avaient été libérées auparavant, au cours des premières semaines de la guerre.
En échange, Israël a libéré quelque 2 000 terroristes palestiniens emprisonnés, des prisonniers sécuritaires et des suspects de terrorisme gazaouis arrêtés pendant la guerre.
Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 44 otages ont été récupérées, notamment celles de trois Israéliens qui ont été tués accidentellement par Tsahal, ainsi que le corps d’un soldat tué en 2014.
Le corps d’un autre soldat tué en 2014, le lieutenant Hadar Goldin, est toujours détenu par le Hamas et compte parmi les 55 otages.