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Conscription: des rabbins enjoignent Yahadout HaTorah de quitter la coalition

Les principaux chefs spirituels ultra-orthodoxes auraient refusé de parler à Netanyahu avant la décision fatidique ; Shas garde toujours le silence sur ses intentions

Des députés du Yahadout HaTorah se concertent dans le plénum de la Knesset, le 4 décembre 2024. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)
Des députés du Yahadout HaTorah se concertent dans le plénum de la Knesset, le 4 décembre 2024. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

Le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu était chancelant mercredi après que les chefs spirituels de Degel HaTorah, l’une des deux factions qui composent le parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah, ont ordonné à leurs députés de déposer une proposition de loi pour dissoudre la Knesset. Cette décision fait suite à l’échec de la coalition à faire adopter un texte exemptant les étudiants des yeshivot du service militaire, une revendication de longue date du parti.

Mercredi matin, le député Moshe Gafni, président de Degel HaTorah, a reçu cette directive des rabbins Moshe Hirsch (la yeshiva Slabodka de Bnei Brak) et Dov Lando, leader du courant lituanien non hassidique et président du Conseil des Sages de la Torah de la faction.

Le député Yitzhak Pindrus (Yahadout HaTorah) a confirmé au Times of Israel que les élus de son parti avaient été appelés personnellement par le rabbin Lando.

L’autre faction de Yahadout HaTorah, Agoudat Yisrael, dirigée par Yitzchak Goldknopf, poussait déjà pour un dépôt de proposition de dissolution de la Knesset et la tenue d’élections anticipées.

En réaction, les partis d’opposition Yesh Atid, Yisrael Beytenu et Les Démocrates ont annoncé qu’ils déposeraient leur propre projet de dissolution mercredi prochain, laissant à Netanyahu une semaine pour résoudre la crise, en plus de la période nécessaire pour que le projet de loi soit voté au parlement.

Tant Shas que Yahadout HaTorah, les deux partis ultra-orthodoxes de la Knesset, avaient exigé l’adoption du projet de loi d’exemption controversé avant la fête de Shavouot, qui s’est terminée cette année le 2 juin, avertissant que tout retard mettrait en péril le gouvernement.

Le rabbin Dov Lando participant à une réunion pour discuter de l’enrôlement des Juifs ultra-orthodoxes dans l’armée, à Bnei Brak, 5 avril 2024. (Crédit : Shlomi Cohen/Flash90)

Bien que les ultra-orthodoxes aient plusieurs fois reculé sur leurs ultimatums passés, les développements récents – et notamment le projet de Tsahal d’augmenter le nombre d’ordres de conscription envoyés aux jeunes hommes ultra-orthodoxes – ont porté leur relation avec Netanyahu au bord de la rupture.

Frustration à l’égard d’Edelstein

Les instructions données par les rabbins Hirsch et Lando sont intervenues après une réunion de la dernière chance, mardi soir, entre des représentants ultra-orthodoxes et le député Yuli Edelstein (Likud), sans qu’un compromis n’ait manifestement été trouvé. Edelstein préside actuellement la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, chargée de réviser un projet de loi gouvernemental visant à encadrer la conscription des haredim.

« Après que les députés ont informé Hirsch hier soir des détails de la réunion avec Edelstein, il est clair qu’il n’y a eu aucun progrès sur le dossier de la conscription. En conséquence, le directeur de la yeshiva ordonnera le retrait de la coalition dans un avenir proche », indique une déclaration attribuée à Hirsch.

Edelstein s’est engagé à ce que toute loi émanant de sa commission prévoie des sanctions pour les réfractaires, une position qu’il a apparemment maintenue mardi soir.

Le refus d’Edelstein de faire des concessions sur ce qu’il considère comme des principes fondamentaux de la loi sur la conscription a suscité de vives critiques, non seulement de la part des partis haredim, mais aussi de membres influents de son propre camp politique.

S’adressant au média ultra-orthodoxe Behadrei Haredim, un haut responsable de Yahadout HaTorah a accusé Edelstein de traiter « les érudits de la Torah plus mal que des infiltrés érythréens ».

Le journaliste Amit Segal de la chaîne N12 a, de son côté, cité un haut responsable anonyme du Likud qui reproche à Edelstein d’avoir « précipité la chute du gouvernement en pleine guerre, par calculs politiques mesquins et par vengeance personnelle ».

Le député Yuli Edelstein assistant à une discussion sur la loi relative à la conscription dans l’armée israélienne lors d’une réunion de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset qu’il préside, à Jérusalem, le 14 janvier 2025. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

En réaction, Maayan Samun, le porte-parole d’Edelstein, a raillé ces accusations, écrivant sur X que si vouloir enrôler les haredim « alors que des familles s’effondrent et que des couples divorcent parce qu’ils ne peuvent plus supporter le fardeau qui pèse sur les réservistes » est considéré comme de la vengeance, « alors je suis favorable à la vengeance ».

« Les chefs des factions haredi sont profondément frustrés par l’attitude du Premier ministre Netanyahu », a indiqué Kikar Hashabbat, un autre média haredi, citant des personnalités politiques haredim de haut rang.

« Ils ont le sentiment que Netanyahu considère cette crise comme un conflit personnel entre les haredim et Edelstein, alors qu’il s’agit en réalité d’une menace pour son gouvernement. Nous espérons qu’il reprendra ses esprits d’ici la semaine prochaine et qu’il mettra tout son poids dans la balance pour résoudre les désaccords. Sinon, nous irons bel et bien aux élections. »

Toujours selon ce site, Netanyahu aurait tenté de contacter les rabbins Hirsch et Lando afin d’éviter que Yahadout HaTorah ne quitte la coalition, mais ces appels auraient été ignorés. Un porte-parole du Likud a déclaré au Times of Israel ne pas être au courant de tels efforts.

Netanyahu avait déjà mené une série d’appels similaires en mars, dans une tentative d’empêcher une rupture de la coalition sur la question de la conscription.

D’après plusieurs médias, le Premier ministre aurait envisagé de remplacer Edelstein à la tête de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, une mesure que les représentants du secteur ultra-orthodoxe ont toutefois rejetée, estimant qu’elle ne ferait que renforcer l’opposition au projet de loi.

Alors que la faction hassidique Agoudat Yisrael, dirigée par le président du parti Yahadout HaTorah, pousse déjà en faveur d’une dissolution de la Knesset, aucune décision finale n’a encore été prise. Selon le site Behadrei Haredim, son propre Conseil des Sages de la Torah serait actuellement « dans les étapes avancées » de la convocation d’une réunion pour trancher.

En attendant Shas

Avec seulement sept sièges à la Knesset, Yahadout HaTorah ne peut à elle seule faire tomber le gouvernement, la coalition de Netanyahu comptant encore 68 députés sur 120. Toute tentative de renversement nécessiterait donc l’appui du parti séfarade Shas.

Jusqu’à présent, Shas n’a émis aucun commentaire public sur ces développements. Il coordonne néanmoins depuis plusieurs semaines ses efforts avec Yahadout HaTorah, les deux partis ayant engagé un boycott législatif partiel pour accentuer la pression sur Netanyahu.

Les dirigeants du Shas devaient eux aussi se réunir prochainement pour décider du maintien ou non du parti au sein de la coalition.

Le chef du parti Shas, Aryeh Deri, lors de la séance plénière de la Knesset, le 31 mars 2025. (Crédit : Dani Shem-Tov/Bureau du porte-parole de la Knesset)

Jeudi dernier, des responsables de haut rang du Shas, cités en une de HaDerech, le journal officiel du parti, déclaraient que « juste après Shavouot, la question du maintien du Shas dans le gouvernement et la coalition serait soumise au Conseil des Sages de la Torah ».

Un porte-parole du Shas n’a pas répondu à une demande de commentaire.

À l’issue d’une réunion de la commission des Finances mercredi matin, le député Moshe Gafni (Yahadout HaTorah) a été vu en discussion avec les députés Yinon Azoulay (Shas) et Naor Shiri (Yesh Atid). Lors de la réunion, Shiri lui a demandé s’il s’agissait de la dernière session de la législature en cours. Gafni a répondu : « C’est possible, ce ne serait pas irréaliste. »

Un « terrible manque de responsabilité nationale »

Des élus du Likud ont vivement critiqué à la fois Yahadout HaTorah et les partis d’opposition, accusés de collaborer pour dissoudre la Knesset.

« Quiconque soutient un retour aux urnes en ce moment fait preuve d’un terrible manque de responsabilité nationale, et cela ne servira ni l’étude de la Torah ni le renforcement des rangs de Tsahal », a averti le député Amit Halevi.

Le nouveau député Dan Illouz a déclaré qu’en proposant une loi visant à dissoudre la Knesset, l’opposition révélait que son recours à la question de la conscription relevait « d’une campagne destinée à renverser le gouvernement ».

« S’ils s’en souciaient réellement, ils auraient annoncé qu’ils voteraient aux côtés du Likud pour une bonne loi sur la conscription », a-t-il tweeté.

Halevi et Illouz ont tous deux été évincés de la commission des Affaires étrangères et de la Défense pour s’être opposés à certaines mesures soutenues par la coalition.

Des militants ultra-orthodoxes allongés sur le trottoir au milieu d’affrontements avec la police lors d’une manifestation contre l’enrôlement des Haredim dans l’armée israélienne, devant un bureau de recrutement, à Tel HaShomer, le 5 août 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

« Le gouvernement ne tombera pas et la Knesset ne sera pas dissoute », a affirmé la députée Tally Gotliv, membre suppléante de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, dans une vidéo publiée sur X.

Bien qu’elle se soit dite « honteuse des haredim qui osent saper la stabilité du gouvernement en temps de guerre », Gotliv a assuré que Shas ne quitterait pas la coalition, soulignant que cette dernière pouvait « fonctionner avec 61 sièges ».

S’exprimant sur la chaîne pro-gouvernementale Channel 14, le député Boaz Bismuth, également membre de la commission, a reconnu que la loi sur la conscription était « essentielle », mais a appelé à l’adopter « avec sagesse, sans faire dérailler les choses ».

Qualifiant les efforts pour faire tomber le gouvernement de « folie », il a exhorté les dirigeants haredim à « réfléchir sérieusement à la guerre ».

L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.

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