Des proches d’otages veulent rester optimistes
"Nous avons besoin d'un cessez-le-feu maintenant et d'un accord avec le Hamas plus tard", affirme Elon Dalal, dont le fils, Guy Gilboa Dalal, a été pris en otage
Après neuf mois d’une attente éprouvante et d’espoirs déçus, des familles d’otages israéliens retenus dans la bande de Gaza expriment un optimisme prudent à l’annonce de nouvelles discussions qui pourraient faire libérer leurs proches.
Israël et le Hamas ont laissé entendre que des discussions indirectes avaient repris sur un cessez-le-feu, malgré des points de discorde qu’il reste à résoudre.
« Nous sommes plus près que jamais d’un accord », a assuré cette semaine le ministre de la Défense Yoav Gallant à des familles.
« J’ai beaucoup d’espoir que cet accord puisse être trouvé », dit à l’AFP Shay Dickmann, 29 ans, étudiante en médecine.
Sa cousine, Carmel Gat, est otage à Gaza depuis le pogrom perpétré par le Hamas islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre.
Elle veut rester optimiste, même si ses espoirs ont déjà été douchés : en novembre, elle préparait un dîner en l’honneur de sa cousine, censée être libérée lors d’une semaine de trêve.
Sa belle-sœur a été libérée, mais Carmel était sur la liste pour le huitième jour. La trêve, qui a débouché sur la libération de 105 otages contre 240 prisonniers palestiniens, a pris fin au septième, rappelle Mme Dickmann.
« Notre gouvernement doit réaliser que ramener les otages à la maison maintenant est la chose la plus importante », insiste-t-elle.
Sur 251 personnes enlevées le 7 octobre, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l’armée.
Priorités
L’attaque sans précédent du Hamas en Israël a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a juré d' »anéantir » le Hamas, assure que la libération des otages fait partie des priorités mais s’oppose à un accord qui permettrait selon lui au mouvement islamiste de survivre.
Certaines familles d’otages, chez qui la patience s’effrite, disent être épuisées de devoir répéter que la vie de leurs proches compte davantage qu’une victoire militaire.
« Nous avons besoin d’un cessez-le-feu maintenant et d’un accord avec le Hamas plus tard », affirme Elon Dalal, dont le fils, Guy Gilboa Dalal, a été pris en otage pendant le festival Nova.
Ces derniers mois, une série de sondages indique qu’une grande majorité des personnes interrogées estiment que la libération devrait être la priorité, plutôt qu’une victoire militaire sur le Hamas.
En neuf mois de guerre, les bombardements sans répit sur Gaza ne sont pas parvenus à éradiquer le Hamas qui y a pris le pouvoir en 2007 mais ont dévasté le territoire palestinien de 2,4 millions d’habitants.
« Plus la guerre se poursuit avec la même intensité et plus il est probable que des otages israéliens se fassent tuer », note Andreas Krieg, spécialiste du Proche-Orient au King’s College de Londres, alors que le Hamas affirme que certains otages sont morts dans des frappes israéliennes.
« Il n’est pas là »
Les familles d’otages ne relâchent pas la pression sur les autorités, manifestant inlassablement chaque semaine et accolant des portraits partout, de l’aéroport de Tel-Aviv aux centres commerciaux en passant par les arrêts de bus.
Mais Netanyahu est contraint par ses alliés d’extrême droite qui ont menacé de quitter la coalition en cas d’arrêt de la guerre.
« Ils sont contre un accord, ils disent que nos enfants sont le prix de la guerre », dénonce Elon Dalal, dont le fils a fêté ses 23 ans en captivité le mois dernier.
« Tout ce que je veux c’est que mon fils rentre mais il n’est pas là, donc peut-être que le gouvernement n’en a pas fait assez ou n’a pas fait les bonnes choses », dit le père de famille, qui a quitté son emploi de programmateur informatique pour œuvrer à temps plein à la libération de Guy.
L’armée a libéré quelques otages lors d’opérations à Gaza, dont quatre le mois dernier lors d’un raid ayant fait plus de 270 morts dans un camp de réfugiés du centre du territoire, d’après le Hamas.
« Nous ne pourrons pas ramener tous les otages à travers des opérations de sauvetage », avait alors prévenu le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari.
« Je sais qu’il est possible de ramener nos êtres chers à travers un accord », dit Mme Dickmann. « Nous devons tous les ramener à la maison. »