Des récoltes mises en péril par le brouillage des téléphones des grévistes de la faim palestiniens
Les habitants du Néguev expliquent que le brouillage des communications entre les détenus qui font la grève de la faim vient également perturber les systèmes informatiques d'irrigation

Les résidents de la petite communauté du Néguev de Nitzana ont déploré que l’armée brouille leurs réseaux cellulaires locaux en tentant de perturber les communications entre les prisonniers palestiniens actuellement en grève de la faim dans une prison située à proximité de leurs champs. Ils ont expliqué que ce brouillage met en danger leurs récoltes.
Des locaux ont expliqué à la Dixième chaîne que la mesure prise par l’armée israélienne a neutralisé leurs téléphones cellulaires et leurs équipements agricoles qui dépendent de ces réseaux, notamment les ordinateurs qui contrôlent l’irrigation.
Les habitants ont expliqué que cette mesure menaçait les récoltes, en particulier au vu de la vague de chaleur qui est attendue la semaine prochaine.
La minuscule communauté du désert de Nitzana est située à environ cinq kilomètres de la prison de Saharonim, où sont incarcérés des centaines de Palestiniens en grève de la faim.
Les prisonniers palestiniens n’ont pas droit à des téléphones mobiles, mais les autorités carcérales ont récemment mis à jour plusieurs tentatives de trafic de téléphones auprès des prisonniers, notamment de la part d’un député arabe israélien qui se trouve actuellement en détention pour cette raison.
Le 17 avril, environ 1 200 prisonniers palestiniens, selon les estimations, majoritairement issus du parti du Fatah, qui dirige l’Autorité palestinienne avec, parmi eux, de nombreux terroristes condamnés, ont entamé une grève de la faim ouverte qui a pour objectif d’améliorer leurs conditions d’incarcération dans les prisons israéliennes.
Cette grève est dirigée par le cadre du Fatah Marwan Barghouthi, qui purge actuellement cinq peines d’emprisonnement à vie pour meurtre après avoir été reconnu coupable par un tribunal civil en 2004 d’avoir initié et programmé de multiples attentats terroristes contre des civils israéliens durant la seconde Intifada.
Barghouthi et les prisonniers demandent notamment la reprise d’une deuxième visite mensuelle des familles (qui avait été annulée par la Croix-Rouge pour des raisons financières), la prévention de l’annulation des visites des familles pour des raisons de sécurité, la reprise des études universitaires et la possibilité pour les prisonniers de se présenter à des examens d’inscription. Ils demandent également la mise à disposition de davantage de chaînes de télévision dans les cellules et de pouvoir utiliser des téléphones portables dans les ailes sécuritaires.
Les responsables palestiniens ont annoncé qu’environ 1 500 prisonniers ne se nourrissent actuellement que d’eau et de sel. Les autorités israéliennes indiquent pour leur part que le nombre de grévistes s’élèverait à 1 200.
Vendredi, le CICR a fait savoir que ses délégués avaient pu rencontrer des centaines de grévistes de la faim pour la première fois depuis l’appel à ce mouvement de protestation. Le CICR n’a obtenu aucun droit de visite pendant neuf jours, a expliqué un porte-parole, ajoutant que le groupe espère être en mesure de voir tous les détenus dans les prochains jours.
Au début de la semaine, le Club des prisonniers palestiniens a averti que la santé de Barghouthi avait fortement décliné et qu’il refusait tout traitement médical.
Environ 6 500 Palestiniens sont actuellement détenus par Israël pour des crimes et délits liés au terrorisme.
Environ 500 sont incarcérés sous le régime de la détention préventive, une pratique antiterroriste controversée qui permet un emprisonnement prolongé sans accusation officielle.
Ce n’est pas la première fois que les prisonniers palestiniens font une grève de la faim, mais elles avaient rarement atteint une telle ampleur.
Des agences ont contribué à cet article.