Des soldats israéliens éthiopiens menacent de refuser l’obligation de réserve
Les soldats de plusieurs unités d’élite menacent de désobéissance civile suite aux commentaires controversés du chef de la police
Le dernier chapitre dans le conflit entre la police et la communauté immigrée éthiopienne au sujet du racisme présumé de la police a pris une nouvelle tournure mercredi, quand les soldats de réserve de combat de la communauté ont déclaré qu’ils ne se présenteraient pas pour accomplir leur devoir.
« Nous sommes malades de l’exigence de l’État qui nous impose de continuer à honorer un contrat selon lequel nous sommes des citoyens ayant des obligations, mais pas des droits », ont écrit les réservistes au chef d’Etat-major de l’armée, Gadi Eisenkot, selon la Dixième chaîne.
Les signataires de la lettre comprennent des combattants des brigades Golani, Givati et les brigades de parachutistes, ainsi que des unités d’élite telles que Maglan, qui est spécialisée dans les opérations top-secrète derrière les lignes ennemies.
« Nous exprimerons notre malaise à travers des actions de désobéissance civile organisées, dont le premier sera notre refus de nous présenter au devoir de réserve », ont-ils écrit.
Cette décision fait suite à un discours prononcé par le chef de la police israélienne, Roni Alsheich, mardi dans lequel il a déclaré qu’il était « naturel » que les agents de la force publique soient plus soupçonneux envers les immigrants récents, y compris les Ethiopiens israéliens plus qu’envers d’autres citoyens.
Répondant à une question sur les accusations persistantes de brutalités policières et de la discrimination raciale contre les Israéliens éthiopiens, Alsheich, lors d’une réunion de l’Association du Barreau israélienne à Tel Aviv, a déclaré que « des études dans le monde entier, sans exception, ont montré que les immigrants sont plus impliqués dans la criminalité que d’autres, et cela ne devrait pas être une surprise ».
« Quand un officier de police tombe sur une personne suspecte [qu’il soit jeune ou issu de l’immigration, ou les deux], son cerveau le soupçonne naturellement plus que si [le suspect] était quelqu’un d’autre », a-t-il poursuivi, soulignant que les préjugés anti-éthiopiens parmi les officiers de police « sont naturels » en raison des statistiques « faisant le lien entre les communautés d’immigrants et les taux de criminalité plus élevés ».
Alors que les réservistes présentaient leur lettre de protestation à l’armée, la Dixième chaîne a cité des chiffres révélant que pendant le mandat de Alsheich à la tête de la police, le nombre d’affaires contre les Ethiopiens israéliens avait baissé.

Aussi bien Alscheich qu’une source de haut rang du ministère de la Sécurité intérieure – ce dernier a été cité par la Dixième chaîne – ont insisté sur le fait qu’un petit groupe d’agitateurs, pas nécessairement au sein de la communauté, sont responsables du conflit et qu’ils causent « d’énormes dégâts ».
On ne sait pas encore comment l’armée compte répondre à la protestation des réservistes et si les soldats seraient punis.
Les Israéliens-Ethiopiens ont longtemps accusé la police de brutalité et d’abus contre les membres de leur communauté. L’année dernière, la communauté a organisé une série de manifestations de masse à travers le pays, déclenchées par des séquences vidéo montrant une agression de la police, apparemment non provoquée, sur un soldat Israélien éthiopien en avril dernier.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.