Dessalement de l’eau : La Jordanie signe finalement avec un groupe français
Le nouveau projet, d'une valeur de 5 Mds de dollars, visant à fournir plus de 300 M de mètres cubes d'eau potable, fait suite à l'annulation d'un projet commun avec Israël

La Jordanie a signé dimanche un contrat de plus de cinq milliards de dollars pour la construction de l’une des plus grandes usines de dessalement au monde, destinée à résoudre la crise hydrique chronique du pays, a rapporté l’agence de presse officielle Petra.
Cet accord a été signé entre le ministère de l’Eau et de l’Irrigation et une alliance d’investisseurs menée par le consortium Meridiam-Suez, incluant Orascom Construction, VINCI Construction Grands Projets et SUEZ.
« Cette infrastructure essentielle, qui comprend l’une des plus grandes usines de dessalement d’eau de mer au monde, fournira plus de 300 millions de mètres cubes d’eau potable par an aux populations d’Amman et d’Aqaba », à l’extrême-sud du royaume en mer Rouge, selon un communiqué du consortium qui avait remporté le projet en août.
Ce projet, qui comprend également la construction d’environ 445 kilomètres de canalisations pour transporter l’eau dessalée depuis la mer Rouge, augmentera de près de 60 % l’approvisionnement annuel total en eau du pays, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Sa réalisation devrait commencer avant la fin de l’année et durer quatre ans.
Le ministre de l’Eau, Raëd Abou al-Saoud, a souligné que ce projet permettra de desservir environ quatre millions de personnes et constituera un tournant majeur dans le paysage de la sécurité hydrique de la Jordanie.
L’infrastructure sera gérée par le consortium Meridiam-Suez pendant 26 ans avant son transfert à l’État jordanien.
Le projet, qui s’inscrit dans les objectifs de transition énergétique du pays, vise à couvrir 31 % de ses besoins en électricité à partir de sources renouvelables d’ici 2030.
Ce projet protégera les ressources souterraines de l’un des pays les plus arides du monde et constitue le plus grand projet d’infrastructure de son histoire, selon Petra.
Le projet bénéficie notamment du soutien de l’US International Development Finance Corporation et de l’US Agency for International Development (USAID), qui a conseillé le gouvernement jordanien.
En 2013, Israël, la Jordanie et les Palestiniens ont signé un protocole d’accord sur ce projet, qui prévoyait la construction d’une usine de dessalement sur la mer Rouge.

Mais dans un contexte de colère populaire en Jordanie à l’égard d’Israël exacerbée depuis le pogrom du 7 octobre mené par le Hamas, le ministre de l’Eau de l’époque, Mohammad al-Najjar, avait déclaré en juin 2021 que le projet Mer Rouge-Mer Morte « appartenait désormais au passé ».
Israël fournit de l’eau à la Jordanie dans le cadre du traité de paix de 1994.
En novembre, le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a annoncé que son pays se retirerait d’un accord conclu en 2021 sous l’égide des Émirats arabes unis, qui prévoyait que la Jordanie fournisse de l’énergie solaire à Israël en échange d’un supplément d’eau dessalée de la part de ce dernier.
Mais en mars, Amman aurait demandé à prolonger l’accord d’une année supplémentaire. Israël a répondu à la Jordanie en demandant aux responsables jordaniens de modérer leurs critiques à l’égard d’Israël.