Dubaï : Des œuvres israéliennes pour la première fois au Festival des beaux-arts
Le commissaire d'exposition Sharon Toval a rassemblé des œuvres qui témoignent de la mosaïque des identités israéliennes
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Le Rakfaf – le festival des beaux-arts Ras Al Khaimah – a ouvert ses portes vendredi soir à Dubaï. Et – c’est une première – il est l’occasion de découvrir une collection d’œuvres d’art israéliennes dans le cadre d’une exposition intitulée « Nostalgie d’appartenance : les influences post-orientalistes dans l’art israélien contemporain », une exposition dont le commissaire est Sharon Toval, de Tel Aviv.
Rakfaf est un festival artistique communautaire qui présente les œuvres d’artistes locaux et débutants, et qui présente le travail de plus de 150 artistes venus de 45 pays. Le festival, qui a commencé le 4 février, fermera ses portes le 11 mars.
La participation d’Israël a été rendue possible, cette année, par les Accords d’Abraham, indique Toval, et grâce aussi à la fondation Sheikh Saud bin Saqr Al Qasimi pour la recherche politique qui a financé l’événement.
« Le sheikh s’était rendu en Israël avant les accords », explique Toval qui se trouve actuellement à Dubaï pour le festival.
Alors que le festival, cette année, se concentre sur toute une mosaïque d’identités, Toval a voulu montrer Israël à travers des œuvres qui témoignent de sa société diversifiée et en particulier celles qui sont susceptibles, d’une manière ou d’une autre, de se relier à l’identité des Émirats arabes unis.
« J’ai voulu trouver ce que nous avions en commun, cela a été mon point de départ », commente Toval.

Parmi les œuvres présentées, le travail d’une artiste druze, ainsi que celui d’un photographe documentaire qui a fait les portraits de Sheikhs bédouins dans le Neguev pendant trois ans.
« Ils ont été tout simplement sidérés quand ils ont vu ça », note Toval. « Pour eux, Israël, c’est ce territoire absolument hi-tech où tout est nouveau, où tout brille. Et c’est la raison pour laquelle il était important pour moi de montrer les choses telles qu’elles sont réellement ».
A découvrir également, les vidéos de Dafna Shalom ainsi que le travail de l’artiste et actrice Raida Adon, dont les œuvres ont été inspirées par son propre désir de Palestine et qui ont été exposées au musée d’Israël.
Parmi d’autres ouvrages, des enregistrements audio des prières à la synagogue marocaine d’Israël – avec des sons qui sont à la fois familiers et étranges pour les Émiratis, explique Toval.
Pour Toval, qui est né en France et qui a grandi au sein de l’État juif – et qui est le curateur d’art de la chaîne hôtelière Isrotel Hotels ainsi que l’administrateur de l’espace Lab Art TLV — être aux Émirats a aussi apporté son lot de surprises.
« Les gens sont très étonnés d’entendre que je suis d’origine algérienne, dit Toval, dont les parents sont des Juifs d’Algérie. « Je leur dis que j’ai grandi en étant à la fois français et israélien et tout à coup, je suis identifié en fonction des racines de mes parents – et c’est tellement bizarre ! Mais c’est un endroit privilégié pour commencer à établir des contacts et à découvrir ce que nous partageons de commun ».