Ecosse : 2 élus déplorent l’antisémitisme ; des Juifs se disent sur le départ
Un chef de communauté a déclaré l'an dernier lors d'une réunion parlementaire que la petite population juive "ne se sent pas chez elle"
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Deux parlementaires écossais se sont élevés contre l’antisémitisme dont sont victimes les Juifs du pays, après qu’il s’est avéré que des membres de la communautés envisageaient de quitter l’Ecosse, où ils se sentent isolés et vulnérables.
Jackson Carlaw, le chef par intérim du parti écossais conservateur Tories a déclaré que « les Juifs d’Ecosse ont le droit de se sentir en sécurité, valorisés et d’être aussi optimistes que nous », selon un article du Herald dimanche.
La députée libérale démocrate Christine Jardine a appelé les élus à condamner l’antisémitisme dans le pays.
« C’est affligeant que de plus en plus de Juifs écossais ne se sentent pas les bienvenus dans leur propre pays et en arrivent à envisager d’émigrer », a-t-elle dit. « Les responsables politiques de tous bords doivent condamner fermement cette troublante montée de l’antisémitisme. »
Ces propos surviennent en réaction à une réunion d’une commission parlementaire autour des craintes de la communauté juive locale.
Ephraim Borowski, directeur du Conseil écossais des Communautés juives (SCoJec) a déclaré lors d’une réunion inter-partis sur la liberté de religion et de croyance l’an dernier que les Juifs du pays ont l’impression que les temps ont changé.
« La communauté juive pensait que l’Ecosse était un lieu sûr pour les Juifs mais pour beaucoup, cela a changé », a-t-il dit, d’après le procès-verbal de la réunion. « De nombreux Juifs envisagent activement de quitter l’Ecosse parce qu’ils se sentent isolés, vulnérables et ne se sentent pas chez eux. »
« Le message général est qu’il ne fait bon vivre en tant que Juif en Ecosse », a ajouté Borowski. « Mais ces dernières années, on constate une montée inquiétante de l’antisémitisme dans le pays, ce qui explique que de nombreux Juifs disent envisager sérieusement de quitter l’Ecosse. »
Cette réunion a eu lieu en février 2018, mais aucune communication n’avait été faite à cette époque à ce sujet, selon le Herald dimanche.
Borowski y avait indiqué que seuls 2 % des Juifs de Grande-Bretagne vivaient en Ecosse.
Le quorum n’a pas été atteint lors de cette réunion, car seuls deux membres du Parlement écossais étaient présents.
Interrogé dimanche par le Herald sur le sentiment juif dans le pays, Borowski a évoqué un rapport de 2015 sur le ScoJec, qui établit qu’un tiers de la communauté dit ressentir une anxiété et une vulnérabilité croissantes.
Mark Gardner, directeur des communications chez Community Security Trust, a déclaré que les propos de Borowski reflétaient une augmentation générale du sentiment antisémite en Europe, a rapporté le Herald.
« C’est un résumé précis du fait qu’en dépit des nombreux aspects positifs de la vie juive écossaise, de nombreux Juifs sont plus inquiets par le niveau d’antisémitisme, en politique et dans la société, qu’ils ne l’étaient il y a 10 ou 20 ans », a expliqué Gardner.
« On observe une tendance similaire dans les communautés juives d’Europe, et dans ce contexte, l’Ecosse, et le Royaume-Uni dans son ensemble, s’en sortent mieux qu’ailleurs », a-t-il ajouté.
Selon un recensement de 2011, 5 900 Juifs vivent en Ecosse.
En décembre, un sondage mené dans l’Union européenne a déterminé que 90 % des Juifs européens ont ressenti une montée de l’antisémitisme dans leur pays au cours des cinq dernières années, et près de 30 % ont signalé au mois une agression au cours des 12 derniers mois.
Sur les 16 000 Juifs ayant répondu au sondage en ligne, 85 % ont estimé que l’antisémitisme est le plus gros problème social ou politique dans leur pays. 38 % disent qu’ils envisagent de quitter un pays dans lequel ils ne se sentent pas en sécurité en tant que Juifs.
Le Congrès juif européen a publié un communiqué indiquant que ce rapport devrait servir « d’avertissement » aux chefs d’Etat et que des mesures devaient être prises.
Robert Philpot et l’équipe du Times of Israel ont contribué à cet article.