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Émoi après une vidéo de la police arrêtant une fille en pleurs pour un masque

Le ministre de la Sécurité publique appelle la police à faire preuve de discrétion, et le public à comprendre la situation difficile à laquelle les agents sont confrontés

La police arrête une jeune fille ultra-orthodoxe à Jérusalem pour défaut du port correct du masque, le 6 juillet 2020 (Capture écran/Twitter)
La police arrête une jeune fille ultra-orthodoxe à Jérusalem pour défaut du port correct du masque, le 6 juillet 2020 (Capture écran/Twitter)

La police a provoqué l’indignation après la diffusion lundi d’une vidéo montrant des policiers de Jérusalem arrêter une jeune fille ultra-orthodoxe qui ne portait pas son masque correctement, comme l’exigent les ordonnances gouvernementales visant à freiner la propagation du coronavirus.

Cette vidéo a suscité des plaintes de membres du cabinet ultra-orthodoxe qui ont déclaré que la police harcelait leur communauté en appliquant strictement les directives sanitaires dans les espaces publics.

L’incident est le dernier d’une série de cas qui ont fait la une des médias et dans lesquels la police a été fustigée pour avoir appliqué de manière trop stricte l’obligation de porter un masque en public.

Le ministre laïc de la Sécurité publique Amir Ohana, qui est en charge de la police, a ensuite publié une lettre ouverte appelant les agents à faire preuve de discrétion et invitant le public à comprendre que les agents ne font que le devoir qui leur a été imposé.

Dans la vidéo, la jeune fille, âgée de 13 ans, commence à pleurer alors que la police l’interroge. L’un des deux officiers impliqués est vu sans son badge d’identité sur la poitrine, que des témoins oculaires affirment qu’il a décollé et mis dans sa voiture de patrouille peu après le début de l’incident.

Selon des témoins et la mère de la jeune fille, elle portait un masque, mais l’a enlevé de son visage pour boire une boisson glacée. Dans la vidéo, elle ne porte pas de masque, mais un homme s’approche et semble lui en remettre un.

On peut voir une foule se former autour de la jeune fille et de la police dans le quartier Romema ultra-orthodoxe de la capitale, avant que les agents finissent par partir sans la verbaliser.

La mère de la jeune fille s’est plainte à la Douzième chaîne que la police a immédiatement dit à la jeune fille qu’elle lui infligeait une amende, au lieu de lui dire simplement de mettre son masque correctement.

« C’est une fille mûre qui a pleuré tout le long du chemin du retour et nous n’avons toujours pas réussi à la calmer », a rapporté la mère.

« La fille a dit qu’elle buvait en chemin et entre deux gorgées, un policier est venu et a prétendu qu’elle n’avait pas de masque. Il a commencé à lui mettre une contravention, elle lui a donné le numéro de téléphone de ses parents et a éclaté en sanglots », a témoigné à Walla News un passant, qui a proposé de payer lui-même l’amende de 500 shekels (127 euros).

La vidéo a déclenché un tollé parmi les politiciens ultra-orthodoxes, dont le vice-ministre de l’Éducation Meir Porush, qui a affirmé que la communauté ultra-orthodoxe était pointée du doigt par la police.

Cependant, la police a déclaré dans un communiqué que les affirmations faites autour de la vidéo sont fausses et que les policiers avaient simplement dit à la jeune fille de mettre son masque et l’avaient renvoyée chez elle.

« C’est une autre publication complètement fausse et déformée relevant d’une campagne à la mode ces jours-ci contre la police et les agents travaillant au nom de la santé publique », selon le communiqué.

Le ministre de la Sécurité intérieure Amir Ohana s’exprime lors de la réunion hebdomadaire du cabinet, au ministère des Affaires étrangères à Jérusalem, le 7 juin 2020. (Photo par Marc Israel Sellem/POOL)

Dans une lettre publiée sur sa page Facebook, M. Ohana a indiqué que la tâche de faire respecter les règlements sanitaires était confiée à la police par le gouvernement et la Knesset.

Commençant par s’adresser à la police, il écrit : « Il n’y a pas d’autre choix que de faire respecter les instructions », faisant référence aux ordres de porter des masques et autres règles liées aux virus appliquées par le gouvernement.

« J’attends de vous que vous fassiez votre travail fidèlement et avec détermination lorsque cela est nécessaire, mais aussi que vous fassiez preuve de bon sens et que vous agissiez avec sensibilité lorsque cela est nécessaire », ajoute-t-il.

Le comportement de la police, poursuit Ohana, « a une énorme influence sur la façon dont le public suit les instructions et ainsi de suite, sur notre succès en tant que pays et société pour faire face à l’épidémie de virus, et sur l’image de toute l’organisation ».

Ohana s’exprime ensuite à l’attention de la population.

« Je vois les vidéos. Je les vois et ça fait mal », a-t-il écrit. « Elles ne sont pas faciles. Croyez-moi – elles ne sont pas faciles pour la police non plus. »

« Dans les cas de mauvais comportement, la question sera clarifiée en profondeur, les procédures seront précisées et, le cas échéant, des leçons seront tirées », assure le ministre.

« Les policiers ne sont pas l’ennemi », indique-t-il. « Ils remplissent leur devoir sacré dans un effort national ».

Le nouveau ministre du Logement et ancien ministre de la Santé Yaakov Litzman, lors de sa cérémonie d’investiture au ministère du Logement à Jérusalem, le 18 mai 2020. (Olivier FitoussiFlash90)

Le ministre du Logement Yaakov Litzman a déclaré que Ohana avait accepté de convoquer le chef de la police à Jérusalem pour obtenir des éclaircissements sur l’incident.

Litzman, qui dirige le parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah, a affirmé dans une déclaration que les membres de la communauté ultra-orthodoxe sont visés, et que celle-ci a raison d’être en colère, décrivant le comportement de la police comme du « harcèlement ».

« Vous devez pousser la police à rendre des comptes et à promettre que nous ne connaîtrons plus de tels comportements dans nos quartiers », a déclaré M. Litzman à Ohana.

La ministre de la Diaspora Omer Yankelevitch a écrit sur Twitter que la police devait être plus sensible envers les jeunes enfants.

Le député Ahmad Tibi (Liste arabe unie) a rejoint ceux qui accusent la police de donner plus d’amendes aux populations minoritaires. « Feraient-ils cela avec une fille du nord de Tel-Aviv ? Le même âge – est-ce que les policiers feraient cela ? Non », a-t-il commenté.

L’incident de Jérusalem s’est produit quelques jours après que la police de la ville centrale de Holon a été filmée en train de violenter et de taser un homme qui, selon eux, a été surpris sans masque, puis a refusé de décliner son identité et résisté à son arrestation.

Dans cette vidéo, filmée par l’ami de l’homme, on le voit essayer de sortir sa carte d’identité de sa poche alors que la police tente d’abord de le retenir puis de le faire tomber au sol. Alors qu’on entend l’homme crier de douleur, deux policiers continuent de le rouer de coups.

L’homme, qui a dû être hospitalisé pour des coupures et des ecchymoses, a été arrêté, avant d’être libéré à l’issue d’une audience de mise en détention provisoire lundi.

Une autre vidéo récente montre un homme dans un train qui s’est mis à crier avec la police lorsqu’elle a essayé de lui infliger une amende pour ne pas lui avoir couvert le nez avec un masque. Il a expliqué à la Douzième chaîne qu’en raison de problèmes de santé, il ne pouvait pas restreindre le flux d’air vers son nez avec un masque.

Samedi, des résidents ultra-orthodoxes du quartier Mea Shearim de la capitale se sont révoltés et ont attaqué la police qui a demandé à une femme sans masque de montrer une pièce d’identité.

Lors d’une première vague de l’épidémie de coronavirus au début de l’année, certaines communautés ultra-orthodoxes ont souffert de taux d’infection plus élevés, qui ont été considérés comme le résultat d’une attitude laxiste face aux restrictions gouvernementales, puis plus tard d’un confinement pour arrêter la propagation du virus.

Depuis que le gouvernement a levé la plupart des mesures de confinement ces dernières semaines, une flambée de contaminations est apparue, avec des cas actifs plus nombreux que lors de la première vague. Là encore, certaines communautés ultra-orthodoxes ont affiché un taux d’infection supérieur à la moyenne nationale, bien que M. Ohana, dans sa lettre ouverte, ait écrit que cette fois-ci, l’ensemble de la communauté ultra-orthodoxe a mieux intériorisé que le reste de la population la nécessité de respecter les précautions sanitaires.

Le ministère de la Santé a déclaré lundi soir que 962 personnes avaient été diagnostiquées au cours des 24 heures précédentes, soit un total de 30 749 cas. Il y avait 12 359 cas actifs. Jusqu’à présent, 18 056 malades se sont rétablis, et 334 sont morts.

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