En pleine guerre, le déficit budgétaire atteint 6,2 % en mars, en glissement annuel
Pour sa part, la Banque d'Israël maintient ses taux d'intérêt à 4,5 % dans un contexte de guerre et d'affaiblissement du shekel
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Le déficit fiscal d’Israël a augmenté à 6,2 % du produit intérieur brut (PIB), soit 15 milliards de shekels, en mars par rapport aux douze mois précédents, alors que le gouvernement consacre des milliards de shekels au financement de la guerre en cours contre le groupe terroriste palestinien du Hamas, selon les chiffres préliminaires publiés lundi par le ministère des Finances.
La Banque centrale d’Israël a quant à elle annoncé avoir maintenu ses taux d’intérêt à 4,5 %, dans le contexte de la guerre à Gaza, d’incertitudes géopolitiques croissantes et d’affaiblissement du shekel.
Le déficit est passé de 5,6 % en février et de 4,8 % en janvier, en raison de l’augmentation des dépenses militaires et civiles.
Israël, qui a enregistré un déficit budgétaire de 4,2 % en 2023, a fixé un objectif de déficit de 6,6 % de la production nationale pour 2024.
En mars, les dépenses du gouvernement se sont élevées à 56,5 milliards de shekels, portant les dépenses depuis le début de l’année à 147 milliards de shekels, soit une augmentation de 38 % par rapport à la même période en 2023. Les coûts de la guerre depuis le début des combats avec le Hamas ont atteint 52,5 milliards de shekels.
Les recettes fiscales de l’État ont augmenté le mois dernier pour la première fois depuis novembre, augmentant de 0,6 % pour atteindre 36,6 milliards de shekels en glissement annuel, selon les données de l’Autorité fiscale israélienne. Les impôts directs ont diminué d’environ 1 % en mars par rapport au même mois en 2023, tandis que le revenu des impôts indirects a augmenté de 3 % au cours de la même période comparative.
Le revenu net de l’impôt foncier a chuté de 23 % à 1,2 milliard de shekels en mars par rapport au même mois en 2023. Le revenu des taxes d’achat a chuté de 27 % en mars en glissement annuel et le revenu des taxes sur les gains en capital a diminué de 18 % en glissement annuel.
Par ailleurs, la Banque centrale d’Israël a décidé de maintenir ses taux d’intérêt à 4,5 % pour la deuxième fois consécutive, après avoir réduit le taux de base le 1er janvier, pour la première fois en près de quatre ans, de 25 points de base pour soutenir les ménages et les entreprises, alors que l’économie était malmenée par la guerre et que l’inflation était en baisse.
« Compte tenu de la guerre, la politique de la commission Monétaire se concentre sur la stabilisation des marchés et la réduction de l’incertitude, parallèlement à la stabilité des prix et au soutien de l’activité économique », a indiqué le gouverneur de la Banque d’Israël, Amir Yaron, dans un communiqué. « L’incertitude géopolitique a augmenté et se reflète dans la prime de risque relativement élevée de l’économie. »
« Malgré l’amélioration progressive de l’activité économique, il reste un long chemin à parcourir avant que l’économie ne se rétablisse complètement. »
Après l’annonce des taux, l’économiste en chef de l’Israel Discount Bank, Nira Shamir, a déclaré qu’elle s’attendait à ce que les coûts d’emprunt soient réduits à 4 % d’ici la fin de l’année 2024 et à 3,75 % au cours des douze prochains mois.
En amont de cette décision, les économistes étaient divisés sur la question de savoir si les taux d’intérêt allaient encore baisser ou rester stables, le shekel s’affaiblissant dans un contexte de tensions accrues et de menaces de la part de l’Iran de répondre à l’assassinat imputé à Israël d’un haut commandant de la Force Al-Qods du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) en Syrie.
Israël en est à son septième mois de guerre contre le Hamas à Gaza, qui a éclaté en réponse au massacre perpétré par le groupe terroriste palestinien le 7 octobre dans le sud d’Israël, au cours duquel près de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées, et 253 ont été enlevées pour être emmenées à Gaza, où plus de la moitié d’entre elles se trouveraient encore.
Les tensions géopolitiques dans la région sont fortes depuis la semaine dernière, suite à la morts de sept membres du CGRI, dont le général de brigade Mohammed Reza Zahedi.
Le Hezbollah, soutenu par l’Iran, a déclaré qu’il soutenait le droit de l’Iran à « punir » Israël et, dans des remarques télévisées vendredi, son chef, Hassan Nasrallah, a déclaré que la riposte « inéluctable » était imminente.
Parmi les risques cités par Yaron pour une éventuelle accélération de l’inflation figurent l’impact de la guerre sur l’activité économique, la dépréciation du shekel, le ralentissement de l’industrie de la construction et l’augmentation des dépenses budgétaires en raison de la hausse des coûts de la défense.
« Une inflation élevée crée des difficultés croissantes pour les ménages et les entreprises et a un impact négatif sur les groupes les plus faibles, en premier lieu », a déclaré Yaron.
Depuis la dernière décision sur les taux d’intérêt, le shekel s’est affaibli d’environ 2,7 % par rapport au dollar et d’environ 2,6 % par rapport à l’euro, selon la Banque centrale.
Le département de recherche de la Banque centrale s’attend à ce que l’économie croisse de 2 % en 2024 et de 5 % en 2025, ce qui est similaire à ses prévisions de janvier. La projection de croissance suppose que l’impact économique de la guerre sera limité à la fin de l’année 2024 et qu’elle se déroulera sur un seul front.
« Pour 2025, l’hypothèse est qu’il n’y aura pas d’effets directs supplémentaires des combats », a déclaré la Banque centrale.