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Analyse

En vue des prochaines élections, les Arabes font le bilan de l’année du parti Raam

Les islamistes étaient censés apporter un changement historique dans la vie des Arabes israéliens, mais les électeurs pourraient sanctionner le parti dans les urnes cet automne

Le député Mansour Abbas, chef du parti Raam à la Knesset, le 2 novembre 2021. (Crédit : Noam Moshkavitz/GPO)
Le député Mansour Abbas, chef du parti Raam à la Knesset, le 2 novembre 2021. (Crédit : Noam Moshkavitz/GPO)

À l’approche des élections de l’année dernière, la plupart des analystes politiques avaient prédit que le parti islamiste Raam s’écraserait et serait réduit à néant en raison de sa volonté de travailler de concert avec des députés israéliens de droite. Parmi les principaux instituts de sondage, seul Yousef Makladeh avait constamment prédit que le parti entrerait à la Knesset.

Un an plus tard, alors que de nouvelles élections semblent se profiler à l’horizon, Makladeh affirme que les votes ne sont pas suffisants pour que le parti qui dispose de quatre sièges revienne à la Knesset, et des sondages répétés montrent que les Arabes israéliens refuseront d’accorder un nouveau mandat à Raam. Au lieu de cela, de nombreux Arabes israéliens qui ont été partant pour tenter l’expérience audacieuse d’une coopération du parti au sein d’une coalition se demandent maintenant si le pari a réellement réussi à apporter un changement tangible aux communautés arabes.

Raam, l’aile politique du Mouvement islamique du sud d’Israël, est devenu le premier parti arabe indépendant à entrer dans un gouvernement de coalition israélien en juin dernier. Mais après un an au pouvoir, de nombreux engagements clés du parti n’ont été qu’à moitié réalisés, avec de nombreux obstacles qui subsistent pour changer réellement la vie des Arabes israéliens.

Tous les partis qui sont entrés dans la fragile et conflictuelle coalition ont fait des compromis. Pour le chef du parti Raam, Mansour Abbas, la question est de savoir si sa base électorale sera suffisamment satisfaite des résultats pour leur donner une autre chance.

« Bien sûr, à court terme, nous avons compris que cette expérience prendrait du temps pour porter ses fruits. Mais il s’agit encore de réalisations extrêmement modestes qui ne sont pas à la hauteur de la gravité des besoins », a déclaré un haut responsable du Mouvement islamique.

« Elles ne sont pas ce qu’elles auraient dû être, ni ce que [Abbas] souhaitait », a ajouté le responsable, sous couvert d’anonymat.

Raam lui-même est profondément divisé sur le succès de l’année écoulée. Si de nombreux Arabes israéliens sont favorables à la formation d’une coalition, ils attendent une sorte de retour sur leur « investissement » dans le gouvernement. Mais Abbas a bien peu de réalisations avérées à présenter aux électeurs de son parti.

Dans le même temps, les Arabes israéliens ont cloué au pilori Raam pour ses actions apparemment inefficaces en faveur d’un blocage des législations qui pourraient nuire à la communauté. Les protestations de Raam n’ont pas empêché de prétendus changements dans le fragile statu quo sur le Mont du Temple de Jérusalem, vénéré par les musulmans sous le nom de mosquée Al-Aqsa. Les efforts du parti n’ont pas non plus permis de bloquer le renouvellement de la loi sur la citoyenneté, une mesure qui interdit aux Palestiniens qui épousent des Israéliens d’obtenir la résidence permanente en Israël.

Les islamistes savaient qu’ils devraient accepter de voter pour des politiques qu’ils méprisaient afin de maintenir intacte la fragile coalition. Mais le faire est devenu de plus en plus difficile aux vues des résultats.

« À long terme, je continue de penser que c’est une grande réussite – être un partenaire, partager la réalité de ce que vivent les citoyens arabes ou palestiniens dans la société israélienne, placer nos causes au centre de la discussion », a déclaré le responsable du Mouvement islamique.

Le député et leader de Raam, Mansour Abbas, fait une déclaration à la presse à la Knesset, le 11 mai 2022. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Mais la réponse sévère de la droite israélienne à l’entrée de Raam dans la coalition a également laissé des traces, a laissé entendre le responsable.

« Le sentiment est que nous tous, Arabes et Juifs, entrons dans un tunnel sombre, où les questions vont s’enchevêtrer de plus en plus et où la polarisation ne fera qu’augmenter. Si Abbas échoue, qui serait susceptible de réussir ? », a déclaré le responsable.

Budgets

Abbas n’a jamais promis une révolution à ses électeurs. Il s’est engagé à apporter des améliorations concrètes dans les domaines de la santé, de l’éducation et des infrastructures, à lutter contre la montée de la violence et du crime organisé, et à placer la vie quotidienne des Arabes israéliens au cœur du programme du gouvernement.

« Il ne s’agit pas seulement de questions liées au ‘coût de la vie’. Ce ne sont pas des miettes desquelles nous nous satisferons », avait déclaré Abbas à la Knesset le jour de la création du gouvernement en juin dernier, les qualifiant de causes « nationales et patriotiques ».

La coalition a été trop déchirée entre la droite, la gauche et les islamistes pour légiférer sur des changements de politique structurels. Le principal levier de pouvoir a été, au contraire, l’argent public, un sujet moins sensible politiquement parlant.

Sous la direction d’Abbas, la coalition a signé un plan quinquennal visant à investir 30 milliards de shekels afin de réduire l’impact de la négligence historique dans les communautés arabes israéliennes, ainsi que 2,5 milliards de shekels supplémentaires pour lutter contre la vague de criminalité qui balaie les villes et villages arabes.

Des Arabes israéliens protestent contre la montée de la violence, le crime organisé et les récents meurtres dans leurs communautés, dans la ville arabe de Majd al-Krum, dans le nord d’Israël, le 3 octobre 2019. (Crédit : David Cohen/Flash90)

Les fonds sont censés avoir un impact sur tous les domaines de la vie des Arabes israéliens : l’emploi, l’éducation, la santé, les transports publics, l’enseignement de l’hébreu, le logement, les infrastructures et la planification urbaine.

Mais des mois plus tard, une grande partie de l’argent reste circonscrit à certains ministères. Le dernier plan quinquennal de 10 milliards de shekels pour le développement des communautés arabes a également vu une grande partie de son financement s’étioler, englué dans la paperasserie.

À la fin de l’année 2021, environ 2 milliards de shekels prévus pour cette initiative étaient encore bloqués par le Trésor public israélien, même après que le programme a été prolongé d’une année supplémentaire afin de tenter de débloquer les fonds restants.

Les responsables israéliens travaillaient sur un plan sur cinq ans – le projet « 923 » – pour les communautés arabes israéliennes depuis des années, bien avant l’arrivée d’Abbas au pouvoir. Mais la présence de Raam dans la coalition a sans aucun doute joué un rôle dans l’importance des fonds qui ont été alloués en novembre dernier.

Pour les dirigeants arabes locaux, la principale crainte est que le plan quinquennal actuel connaisse le même sort que son prédécesseur.

« Les budgets, les décisions du gouvernement, tout cela était bien. Mais jusqu’à présent, ce n’est resté que de l’encre sur du papier », a déploré Amir Besharat, conseiller principal du Conseil national des maires arabes.

Les responsables gouvernementaux affirment qu’ils s’efforcent de réduire autant que possible les formalités administratives ; le dernier plan quinquennal a connu des retards similaires dans la répartition des fonds. Mais la ministre de droite Ayelet Shaked a également mené des efforts pour garder autant d’argent public que possible dans les ministères, plutôt que de le distribuer directement aux municipalités arabes.

Le bureau de Shaked a fait état d’informations largement répandues selon lesquelles des syndicats du crime dans les villes arabes avaient réussi à faire pression sur les chefs des conseils locaux pour qu’ils cèdent les contrats publics de construction et d’enlèvement des ordures – transformant ainsi les fonds publics en un moteur du crime organisé.

La ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked tient une conférence de presse à l’aéroport international Ben Gourion, annonçant de nouveaux critères d’admission des réfugiés, le 13 mars 2022. (Crédit : Roy Alima/Flash90)

En raison de ce retard, Abbas n’a pas encore pu montrer les résultats de ses efforts. Et les responsables affirment que le financement est un outil essentiel pour provoquer des changements qui aideront à étouffer la plus grande priorité des Arabes israéliens – à savoir, mettre fin à la vague de criminalité qui décime leurs communautés.

« Nous pensons que la lutte contre le crime doit s’appuyer sur deux éléments : d’un part, le renforcement de la police et, de l’autre, le développement économique, en donnant des compétences aux jeunes et à d’autres », a déclaré l’année dernière au Times of Israel Hassan Tawafrah, qui dirige un bureau gouvernemental destiné à faire progresser le développement économique des Arabes israéliens.

Violence et crime organisé

Dans tous les sondages effectués avant les élections de mars 2021, une grande majorité d’Arabes israéliens avaient indiqué que la priorité absolue était de mettre fin à la vague de criminalité meurtrière qui frappe leurs communautés.

Il y a seulement deux semaines et demie, il semblait que les efforts du gouvernement actuel pour réprimer la violence portaient leurs fruits. Mais la situation s’est brusquement retournée : 44 Arabes sont morts violemment en Israël depuis le début de l’année 2022, soit autant que l’année dernière à la même époque, 2021 ayant connu une effusion de sang record.

Au cours des six dernières années, les syndicats du crime organisé se sont développés dans les villes et villages arabes, doublant presque le taux de meurtre. Les coups de feu sont devenus monnaie courante, même dans les villes arabes de classe moyenne, tandis que de nombreux Arabes ordinaires sont tombés sous la coupe de rackets de protection et d’usuriers du marché noir.

Abbas et le reste du gouvernement nouvellement établi ont pris l’affaire au sérieux. Du Premier ministre jusqu’au bas de l’échelle, les fonctionnaires ont mis en place des groupes de travail, alloué des fonds et défini des propositions et des objectifs politiques clairs.

« Je n’ai pas promis le changement en un an ou deux. Mais lorsque vous demandez aux Arabes israéliens : y a-t-il eu un changement ? La réponse est oui », a déclaré le vice-ministre de la Sécurité intérieure, Yoav Segalovitz, lors d’une conférence organisée par Haaretz la semaine dernière.

Le Premier ministre Naftali Bennett, à gauche, et le chef de la police Kobi Shabtai, lors d’une visite à Rahat, dans le sud d’Israël, observant des armes à feu saisies, le 6 décembre 2021. (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

Pendant un certain temps, il a effectivement semblé que les choses allaient dans la bonne direction. La police israélienne a sévi contre les trafiquants d’armes et procédé à des centaines d’arrestations. Des semaines se sont écoulées sans un seul meurtre et le nombre d’incidents par arme à feu avait diminué de 40 %, selon la police.

« Au cours de la dernière année, nous avons constaté une infime amélioration. Mais c’est loin d’être suffisant. Nous déplorons encore des fusillades, des meurtres et des crimes, tous les jours », a déclaré en février au Times of Israel Jabr Hijazi, dont le frère Ahmad a été tué par balle lors de tirs croisés entre des criminels armés et la police l’année dernière.

Mais le mois de juin a vu un renversement spectaculaire de cet espoir naissant. Onze Arabes israéliens ont été tués dans des homicides, notamment deux jeunes hommes – dont un garçon de 14 ans – abattus sur le bord de la route et une jeune femme assassinée par un gang.

La situation s’améliore encore dans l’ensemble, a insisté Thabet Abu Ras, codirecteur d’Abraham Initiatives, qui conseille officieusement le gouvernement sur la politique de lutte contre la criminalité dans les communautés arabes.

« Vous pouvez le ressentir même dans ma ville natale de Qalansawe. Nous avions l’habitude d’entendre des coups de feu la nuit, mais ce n’est plus le cas. La présence de la police est beaucoup plus fortement ressentie dans les villes arabes du pays », a déclaré Abu Ras.

Abu Ras reconnaît que le chemin à parcourir est encore long. Néanmoins, il a félicité la coalition actuelle pour avoir fait un effort sérieux pour mettre fin à la violence.

La police et les secouristes sur la scène d’un meurtre apparent à Ramle, le 6 février 2022. (Crédit : Yossi Aloni/Flash90)

« Tout est relatif. Le gouvernement actuel a pris le problème à bras le corps. Nous n’aurions jamais vu cela sous [Amir] Ohana, ou sous [Gilad] Erdan », a déclaré Abu Ras, en citant les noms de deux récents ministres de la Police affiliés au parti Likud de Benjamin Netanyahu.

Pour d’autres Arabes israéliens, les plans et déclarations officiels n’ont pas encore conduit à un sentiment de sécurité.

« Les rackets de protection, les familles criminelles, les armes – tout est encore là. Dans notre ville, il n’y a toujours pas de police. Les conversations reviennent inlassablement sur la criminalité parce que nous sommes tous en danger », a déclaré Ahmad Melhem, habitant de la ville arabe de Wadi Ara.

« Tout le monde reste en permanence une victime potentielle », a ajouté Melhem, « que ce soit devant le centre commercial, sur son lieu de travail, devant sa maison, ou n’importe où ailleurs ».

Villages bédouins non reconnus

La base de Raam se trouve dans le désert du Néguev, où les Bédouins conservateurs ont voté en grand nombre pour les islamistes. En échange, Raam s’est engagé à tenir ses promesses sur les questions qui leur tiennent le plus à cœur : mettre fin aux démolitions de maisons et légaliser les hameaux non reconnus disséminés dans le sud.

La police israélienne détient un homme alors que des Bédouins protestent dans le désert du Néguev contre un projet de plantation du Fonds national juif (JNF), le 12 janvier 2022. (Crédit : AHMAD GHARABLI / AFP)

Un peu comme sur d’autres sujets, la question de la capacité de Raam à influencer la vie quotidienne sur place est également mitigée. Les députés de droite n’ont cessé d’exiger plus de sévérité à l’égard de la criminalité bédouine, rendant politiquement toxique toute politique considérée comme répondant aux besoins de leurs communautés.

Le maire de Rahat, Fayez Abu Suheiban, un fonctionnaire de rang intermédiaire du Mouvement islamique, a défendu le bilan de son parti dans le sud.

« Nous constatons de meilleurs services pour le public. À Rahat, les budgets supplémentaires améliorent la vie des gens. Faire partie de la coalition a été une expérience bénie et importante pour les citoyens arabes », a déclaré Abu Suheiban.

Mais malgré l’accès de Raam au pouvoir, les démolitions dans les villes bédouines se sont accélérées en 2021. Selon le ministère de la Sécurité intérieure, environ 3 004 bâtiments illégaux ont été démolis, soit environ 500 de plus qu’en 2020.

« Y a-t-il eu quelque chose de nouveau et de substantiel qui a vraiment changé les choses ? C’est la question qui subsiste, et c’est ce que nous ne voyons pas », a déclaré Taleb al-Sana, un ancien député de Lakiya qui s’est présenté sur la liste du parti Raam pendant une décennie.

Des dizaines de villages bédouins ne sont toujours pas reconnus : toutes les constructions y sont illégales, avec un accès limité à l’eau ou à l’électricité légale, et ils restent sans solution à long terme concernant leur lutte de longue haleine avec l’État.

Les islamistes ont obtenu la reconnaissance officielle de trois villages bédouins jusqu’alors non reconnus – Rahma, Khashm al-Zena et Abda – dans leur accord de coalition. Mais les trois hameaux avaient déjà été approuvés par les bureaucrates du gouvernement des années auparavant comme candidats à la légalisation.

En 2020, la reconnaissance des trois villages a fait l’objet d’un vote au sein du cabinet israélien. Mais le vote a échoué après que des ministres pro-implantations ont exigé que certains avant-postes illégaux de Cisjordanie soient légalisés en échange.

Des policiers israéliens s’opposent à des Bédouins lors d’une manifestation contre la plantation d’arbres par le Fonds national juif, à l’extérieur du village bédouin d’al-Atrash dans le désert du Néguev, dans le sud d’Israël, le 13 janvier 2022. (Crédit : Jamal Awad/Flash90)

En janvier, les tensions dans le Néguev ont atteint leur paroxysme lors d’affrontements liés aux efforts de reboisement soutenus par l’État israélien. Les Bédouins ont vu la plantation comme une tentative de les chasser des terres contestées, ce qui a déclenché des nuits de violence et des dizaines d’arrestations.

Abbas a négocié un compromis provisoire avec d’autres représentants du gouvernement, qui prévoyait la reconnaissance de dix villages bédouins supplémentaires en échange de la fin des violences. Les émeutes ont pris fin, mais les reconnaissances supplémentaires n’ont jamais eu lieu.

Al-Sana rejette ceux qui affirment que Raam a réussi à empêcher la situation d’empirer.

« Avec Raam au pouvoir, le sentiment est que s’il pleut en hiver, ils essaieront de s’en attribuer le mérite », a déclaré l’ancien législateur.

Loi sur l’électricité

Raam a fait passer un changement de politique à la Knesset, suscitant une opposition féroce et une longue bataille législative. La loi sur l’électricité, qui devait permettre aux maisons arabes construites sans permis d’être raccordées au réseau électrique israélien opposait Raam à Shaked – nationaliste pure et dure. Après des semaines de querelles, une loi de compromis a été adoptée sous les hurlements des législateurs de l’opposition.

Tant Raam que l’opposition de droite ont cherché à présenter la législation comme un succès politique de grande envergure pour les islamistes. Mais les experts affirment que l’impact sur le terrain a été nul jusqu’à présent.

Le leader de Raam, le député Mansour Abbas, lors de la conférence de l’INSS à Tel Aviv, le 11 avril 2022. (Crédit : Avshalom Sassoni/FLASH90)

Reprenons : dans les villes bien établies du centre d’Israël, plus de 100 000 Arabes israéliens vivent dans des maisons construites illégalement qui ne peuvent pas obtenir d’électricité. Ces maisons sont souvent construites sur des terrains privés, mais en raison de plans municipaux obsolètes, les résidents ne peuvent pas obtenir de permis de construire. Sans permis, votre maison ne peut pas être raccordée à l’électricité.

Pendant des décennies, le gouvernement israélien n’a créé ni n’a mis à jour les plans d’urbanisme des villes arabes. Ces dernières années, grâce à des investissements massifs de l’État, les autorités chargées de la planification ont approuvé quelques nouveaux plans. Mais le retard accumulé est énorme.

Dans l’intervalle, les habitants dépendent de ce que l’on appelle les « réseaux pirates », des connexions improvisées au réseau électrique qui créent des réseaux de câbles entrecroisés dans des quartiers entiers. Les boîtiers électriques explosent régulièrement, provoquant des incendies, et les pannes y sont fréquentes.

Des câbles électriques illégaux pendent au-dessus d’un quartier de Wadi Ara, le 9 novembre 2021. (Autorisation)

Raam a proposé un amendement à la loi israélienne : si une maison est construite dans les limites légales d’une ville existante, sur des terres agricoles qui pourraient un jour être légalisées, le ministère de l’Intérieur pourrait autoriser le raccordement de la maison au réseau – plutôt que d’attendre des années ou des décennies que les autorités finissent de légaliser la propriété.

Toutes les parties s’accordent à dire que les réseaux électriques illégaux représentent un risque sérieux pour la santé et la sécurité. Mais la droite israélienne, menée par Shaked, a protesté contre le fait que la loi permettrait de raccorder trop de maisons, encourageant ainsi les constructions illégales.

Shaked a exigé des restrictions beaucoup plus strictes sur les maisons qui pourraient recevoir de l’électricité et des centaines de milliers de shekels de garantie de la part des propriétaires. N’ayant guère le choix, Raam a accepté le compromis, mais les critiques disent que l’accord contrecarre la loi.

« La version finale de la loi impose tellement de conditions qu’il est extrêmement difficile d’obtenir de l’électricité », a déclaré Wajdi Khalayleh, expert en planification urbaine chez Sikkuy, une organisation à but non lucratif qui promeut une politique équitable entre Arabes et Juifs en Israël.

Le ministère de l’Intérieur n’a pas répondu à une demande de commentaire concernant le nombre de foyers raccordés à l’électricité après l’adoption de la loi. Mais les experts qui suivent de près le processus de planification affirment que presque aucune maison n’a été raccordée.

Khalayleh estime que la version finale de la loi ne prévoit qu’environ 1 050 foyers pouvant bénéficier de l’électricité. Un « très petit nombre » d’entre eux y ont été autorisés, a déclaré Khalayleh.

À Wadi Ara, environ 3 000 foyers sont connectés illégalement au réseau électrique. Jusqu’à présent, aucun d’entre eux n’a été connecté à l’électricité en vertu de la nouvelle loi, a déclaré Melhem.

« Cette loi a fait brûler beaucoup d’énergie et fait couler beaucoup d’encre ; nous en avons discuté pendant des mois », a déclaré Melhem. « Mais au final, il ne s’est rien passé. »

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