Israël en guerre - Jour 650

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Opinion

Et si le Hamas ne cédait pas ?

Netanyahu a engagé Israël dans un bras de fer stratégique risqué et moralement troublant avec les terroristes ultra-cyniques du Hamas, sans aucune issue claire en vue

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Dans le sens des aiguilles d'une montre, en partant du haut à gauche : Un Palestinien examine le contenu d’un colis alimentaire distribué à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, par une organisation humanitaire soutenue par les États-Unis, le 27 mai 2025. (Crédit : AFP) ; Des proches d'otages israéliens et des sympathisants manifestent pour leur libération sur la plage de Tel Aviv, marquant les 600 jours de captivité des otages, le 28 mai 2025. (Crédit : Erik Marmor/Flash90) ; Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'exprime lors d'une cérémonie d'État de la Journée de Jérusalem à la Colline des munitions à Jérusalem, le 26 mai 2025. (Crédit : Arie Leib Abrams/Flash90) ; Des soldats de la 401e brigade blindée de Tsahal opérant dans le nord de la bande de Gaza. Photo publiée le 25 mai 2025. (Crédit : Armée israélienne)
Dans le sens des aiguilles d'une montre, en partant du haut à gauche : Un Palestinien examine le contenu d’un colis alimentaire distribué à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, par une organisation humanitaire soutenue par les États-Unis, le 27 mai 2025. (Crédit : AFP) ; Des proches d'otages israéliens et des sympathisants manifestent pour leur libération sur la plage de Tel Aviv, marquant les 600 jours de captivité des otages, le 28 mai 2025. (Crédit : Erik Marmor/Flash90) ; Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'exprime lors d'une cérémonie d'État de la Journée de Jérusalem à la Colline des munitions à Jérusalem, le 26 mai 2025. (Crédit : Arie Leib Abrams/Flash90) ; Des soldats de la 401e brigade blindée de Tsahal opérant dans le nord de la bande de Gaza. Photo publiée le 25 mai 2025. (Crédit : Armée israélienne)

Six cents jours après l’invasion du sud d’Israël par le Hamas, au cours de laquelle les terroristes du groupe palestinien ont assassiné plus de 1 200 personnes et en ont enlevé 251 autres, le gouvernement Netanyahu semble engagé dans une dangereuse partie de bras de fer stratégique avec les dirigeants et les membres du groupe terroriste basé à Gaza, déterminés à détruire Israël. Une stratégie à haut risque au cours de laquelle l’État hébreu est en train de perdre une grande partie de ses derniers alliés et de glisser vers un isolement international.

En début de semaine, Tsahal a informé plusieurs journalistes spécialisés, dont ceux du Times of Israel, que sa dernière offensive à Gaza visait à assurer le contrôle total de 75 % de la bande de Gaza d’ici deux mois. Elle affirme en contrôler actuellement environ 40 %.

En consolidant son emprise sur ces zones, l’armée israélienne a indiqué qu’elle poursuivait la destruction systématique de l’infrastructure du Hamas, et plus particulièrement les centaines de kilomètres de tunnels encore intacts, tout en rasant la majorité des bâtiments, rendant ainsi les trois quarts du territoire inhabitables. Contrairement à ses précédentes opérations terrestres, dont celles menées au début de la guerre lancée en réponse au pogrom du 7 octobre 2023 par le Hamas, Tsahal affirme ne pas avoir l’intention de retirer ses forces des zones capturées dans un avenir proche.

Une illustration de Times of Israel montrant les zones de la bande de Gaza sous les ordres d’évacuation de Tsahal au 28 mai 2025, et les emplacements approximatifs des zones civiles prévues dans la ville de Gaza, le centre de Gaza et la zone de Mawasi dans le sud de la bande. (Crédit : Times of Israel)

Les deux millions d’habitants de Gaza ont reçu l’ordre d’évacuer vers trois zones désignées : la zone côtière de Mawasi, dans le sud, où environ 700 000 personnes sont déjà déplacées ; une bande côtière dans le centre de la bande de Gaza, autour de Deir al-Balah et Nuseirat ; et les zones centrales et côtières de Gaza City, au nord. Tsahal ne prévoit pas d’envoyer de troupes dans ces zones dites « relativement sûres », mais n’exclut pas d’y mener des opérations ciblées contre des membres du Hamas.

Bien que ces nouvelles précisions marquent un changement de priorité, en passant de frappes incessantes contre les membres du Hamas à la prise de territoire et à la destruction d’infrastructures, les raids aériens et autres frappes visant des figures clés du mouvement se poursuivent. Tsahal a indiqué qu’elle applique une formule pour estimer le nombre de non-combattants susceptibles d’être tués lors de ces frappes, y compris les familles des terroristes du Hamas ciblés, en se fondant sur le principe juridique de proportionnalité, mais elle n’a pas souhaité en divulguer les détails.

Un enfant palestinien blessé, seul survivant du médecin Alaa al-Najjar, repose sur un lit d’hôpital à Nasser, à Khan Younès, après qu’une frappe aérienne israélienne a, selon les accusations, touché leur maison le 23 mai 2025. Alaa al-Najjar a perdu neuf de ses dix enfants dans l’attaque, survenue peu après son départ pour le travail. (Crédit : Hani Alshaer/Anadolu via Reuters)

L’armée israélienne s’abstient fréquemment de commenter en détail les frappes aux répercussions internationales majeures. Combinée à l’absence quasi totale de communication publique du côté civil, cette réserve laisse le champ libre à un récit façonné par le Hamas, en l’absence d’un véritable contre-narratif israélien.

À ce jour, Tsahal n’a, notamment, fourni que peu d’éléments sur des événements comme celui de Khan Younès, où neuf enfants de deux médecins gazaouis auraient été tués vendredi dernier. L’armée a précisé qu’une enquête était en cours, que la zone était censée avoir été évacuée depuis plusieurs semaines, et que la frappe visait des suspects retranchés dans un bâtiment précis.

Les troupes de Tsahal de la 401e brigade blindée opèrent dans le nord de la bande de Gaza sur une photo distribuée par l’armée, le 25 mai 2025. (Crédit : Armée israélienne)

L’objectif de cette campagne militaire intensifiée, selon le Premier ministre Benjamin Netanyahu, est de progresser vers ce qu’il définit désormais comme les quatre objectifs déclarés de sa « victoire totale » promise et conduiront à la fin de la guerre : détruire le Hamas, obtenir la libération de tous les otages, faire en sorte que Gaza ne puisse plus jamais représenter une menace pour Israël et, comme l’a spécifié le Premier ministre la semaine dernière, mettre en œuvre le plan jugé « juste » et « révolutionnaire » du président américain Donald Trump visant à relocaliser les Gazaouis hors de la bande.

Interrogés cette semaine par des journalistes militaires sur ce qu’il adviendra, selon la planification opérationnelle de Tsahal, des deux millions de Gazaouis déplacés vers les trois zones jugées relativement sûres de l’enclave, les responsables militaires n’ont pas été en mesure de fournir une réponse.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’exprime lors d’une cérémonie d’État à l’occasion de la Journée de Jérusalem, sur la colline des munitions à Jérusalem, le 26 mai 2025. (Crédit : Arie Leib Abrams/Flash90)

C’est en effet Donald Trump qui a initialement proposé ce qu’il avait qualifié de relocalisation forcée de tous les Gazaouis non affiliés au Hamas. Pourtant, l’ancien président affiche désormais une impatience croissante face à la guerre en cours et se montre de plus en plus préoccupé, publiquement, par le sort des civils de Gaza. De nombreux Gazaouis ont exprimé leur volonté de quitter le territoire, mais aucun pays ne s’est encore proposé pour les accueillir en nombre.

Dans les faits, Israël aura déplacé l’ensemble de la population de Gaza et repris les zones où elle vivait – tout en affrontant une vague croissante de critiques internes et internationales – dans l’espoir que cette pression amènera le Hamas à libérer les otages, sans que le gouvernement s’engage à mettre fin au conflit. C’est aussi ce que souhaite vivement Tsahal, notamment en raison de la difficulté à maintenir une présence prolongée sur les trois quarts de la bande de Gaza, dans un contexte de pression extrême sur les réservistes et de multiples tensions sur d’autres fronts.

Des proches d’otages israéliens et leurs soutiens manifestent pour leur libération sur la plage de Tel Aviv, à l’occasion des 600 jours de captivité, le 28 mai 2025. (Crédit : Erik Marmor/Flash90)

Le Hamas sait tout cela. Les dirigeants terroristes ultra-cyniques de Gaza savent que Trump s’impatiente, qu’Israël est de plus en plus isolé – diplomatiquement, économiquement, sur le terrain (notamment depuis que les Houthis ont frappé l’aéroport Ben Gurion) et dans l’opinion publique mondiale. Même l’Allemagne, pourtant l’un des alliés les plus solidaires d’Israël au regard de son histoire, qualifie désormais ouvertement les opérations militaires en cours d’injustifiables.

Le Hamas sait aussi qu’Israël est profondément divisé, tant sur la stratégie à adopter pour obtenir la libération des otages que sur l’inégalité du service militaire dans un gouvernement qui continue d’exempter les ultra-orthodoxes. Il connaît aussi les tensions internes provoquées par les appels de la coalition d’extrême droite à réoccuper durablement Gaza, projet défendu par Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, sans lesquels Netanyahu ne peut gouverner.

Un Palestinien examine le contenu d’un colis alimentaire distribué à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, par une organisation humanitaire soutenue par les États-Unis, le 27 mai 2025. (Crédit : AFP)

Et bien sûr, le Hamas sait aussi qu’Israël est tiraillé par les implications morales de cette phase du conflit : un État juif contraignant toute une population à quitter ses foyers, poussant d’abord les Gazaouis à la famine, avant de tenter, non sans réticence, de leur fournir une aide d’urgence.

Face à cette réalité, le Hamas, toujours indifférent à la détresse des Gazaouis comme aux ruines qu’il a semées, pourrait bien choisir de rire plutôt que de reculer.

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