États-Unis : 1 832 actes antisémites en 2023, en hausse de 63 % – FBI
Hausse des actes anti-arabes de 34 % et anti-musulmans de 49 % ; L'Anti-Defamation League et l'Arab American Institute parlent de chiffres plus élevés
Selon les statistiques publiées lundi par le Federal Bureau of Investigation (FBI), les actes antisémites aux États-Unis ont augmenté de 63 % en 2023 pour atteindre un total de 1 832 – un record, comparé aux
1 122 enregistrés l’an dernier.
Selon ces mêmes données, les actes antisémites ont représenté 15 % des crimes de haine en 2023 – 68 % si l’on parle de crimes de haine fondés sur la religion – et ce, alors même que les Juifs ne représentent pas plus de 2 % de la population américaine.
On ignore à ce stade le nombre d’incidents commis suite au pogrom commis par le Hamas dans le sud d’Israël, qui a vu des terroristes tuer plus de 1 200 personnes et faire 251 otages, ce qui a déclenché l’actuelle guerre entre Israël et l’organisation terroriste. Les actes antisémites ont explosé un peu partout dans le monde dans le sillage du pogrom et sont, depuis, restés à des niveaux records, dans le contexte de la guerre à Gaza.
« Au moment où la communauté juive fait face à un fort regain d’antisémitisme, suite au massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre dernier en Israël, ce record d’actes antisémites est hélas très cohérent avec ce que vit la communauté juive au quotidien et le suivi effectué par l’ADL », a déclaré Jonathan Greenblatt, PDG de l’Anti-Defamation League, dans un communiqué publié lundi.
L’ADL, qui suit de manière indépendante les actes antisémites – de toute nature, criminelle ou non -, fait état de 8 873 actes antisémites en 2023, soit 140 % de plus par rapport à 2022, le record absolu depuis les débuts du suivi en 1979. Les agressions antisémites, en particulier, ont augmenté de 45 % en 2023, précise l’ADL.
Selon l’organisation, « un trop grand nombre de services ne font pas état de tels actes ou alors de manière peu précise », d’où sa demande au Congrès américain d’adopter une loi pour améliorer le signalement des crimes de haine, qui obligerait les forces de l’ordre à signaler les crimes de haine au FBI, sous peine de perdre leurs fonds fédéraux.
L’organisation demande par ailleurs aux législateurs de voter une loi de lutte contre l’antisémitisme, afin de « garantir que les mesures et infrastructures de la stratégie américaine de lutte contre l’antisémitisme », présentée par l’administration Biden en mai 2023, « soient permanentes ».
Selon le FBI, les actes anti-arabes ont, de leur côté, augmenté de 34 %, avec un total de 123 au cours de l’année – là aussi un record depuis le début de la collecte des données, en 2015.
Les actes anti-musulmans ont, eux, augmenté de 49 % avec un total de 236, soit le record depuis 2017, année durant laquelle 273 actes de cette nature ont été signalés. Depuis que le FBI compile ces données, le record d’actes anti-musulmans l’a été en 2016, avec 307 signalements.
Dans un communiqué publié lundi, l’Arab American Institute a qualifié ces chiffres d’ « importants, en ce qu’ils dessinent des tendances », ajoutant :
« Ils sont sous-évalués ».
« En examinant les chiffres, l’Arab American Institute a constaté que l’acte anti-arabe le plus violent en 2023 – le meurtre tragique d’un enfant musulman arabo-américain d’origine palestinienne âgé de six ans nommé Wadea al-Fayoume et l’attaque brutale de sa mère – n’avait pas été correctement signalé dans les statistiques fédérales », a indiqué le groupe.
« Le meurtre de Wadea a eu lieu le 14 octobre 2023, et l’auteur a clairement expliqué s’en être pris à Wadea et à sa mère parce qu’ils étaient palestiniens et musulmans. Ce crime a été signalé comme un acte anti-musulman, pas un acte anti-arabe », a-t-il poursuivi.
Le groupe a par ailleurs noté qu’on ignorait dans quelle mesure la fusillade qui a eu lieu dans le Vermont, l’an dernier, sur trois étudiants qui
« parlaient un mélange d’arabe et d’anglais, deux d’entre eux portant des keffiehs », avait ou non été signalée comme crime de haine.
Bien que l’ascendance palestinienne des trois étudiants, tous blessés, ait été rendue publique au moment de la fusillade, l’assaillant présumé, accusé de tentative de meurtre, n’a pour autant pas été inculpé de crime de haine.