Face à la guerre, le bénévolat est en recul mais il reste toujours important
Selon une nouvelle étude, des citoyens aux profils très divers donnent de leur temps et de leur argent pour soutenir l'effort de guerre malgré les semaines qui passent
Depuis le début du conflit opposant Israël et le groupe terroriste du Hamas dans la bande de Gaza, le 7 octobre, les Israéliens se sont portés volontaires en grand nombre pour aider à l’effort de guerre de manière diverse. Près de deux mois depuis le début du conflit, le bénévolat reste important mais les citoyens qui offrent de leur temps sont maintenant moins nombreux, selon une étude dont les résultats ont été rendus publics il y a peu.
Au cours des deux premières semaines du conflit, 45 % des Israéliens s’étaient engagés dans une forme ou une autre d’activité bénévole. Lors de la cinquième semaine de la guerre, ce chiffre était tombé à 2 9%, selon un rapport établi par l’Institut d’études de la société civile et de la philanthropie en Israël, au sein de l’Université hébraïque. En comparaison avec la crise de la COVID-19, le pourcentage de volontaires était à peu-près de 20 %.
L’institut avait diffusé une étude similaire sur le bénévolat il y a environ un mois, qui avait examiné les deux premières semaines de la guerre. Le nouveau rapport, pour sa part, s’est intéressé à la troisième, quatrième et à la cinquième semaine, ce qui a permis aux chercheurs de suivre ce phénomène du volontariat alors que la crise se poursuivait.
Les bénévoles, comme c’était déjà le cas dans la première étude, sont issus de catégories sociales variées – 49 % des Juifs laïcs font du bénévolat, 41 % des Juifs se qualifiant de traditionnalistes et 44 % de ceux de la communauté ultra-orthodoxe. Environ 28 % des citoyens arabes d’Israël ont fait des activités de volontariat. La guerre passant, les bénévoles interrogés ont été plus nombreux à faire état d’un revenu supérieur à la moyenne, a établi le rapport.
Contrairement à ce qui s’était passé pendant la crise de la COVID-19, où les jeunes avaient été particulièrement actifs, des bénévoles de tous les âges sont cette fois venus prêter main-forte dans des activités diverses pendant la guerre.
Particulièrement remarquable dans ce travail désintéressé, deux nouveaux secteurs d’activité qui ont attiré les Israéliens désireux de prêter main-forte à leurs compatriotes : le volontariat dans les communautés agricoles et dans la hasbara (la communication pro-israélienne) sur les réseaux sociaux, ce qui semble être un phénomène unique dû aux circonstances de la guerre.
Parmi les autres activités plus traditionnelles, certains domaines sont bien représentés : la logistique autour de l’alimentation et des équipements, les transports de personnes et de biens, le volontariat auprès de forces de sécurité variées, l’aide aux évacués et aux populations défavorisées, etc…
La majorité des bénévoles (69 %) ont travaillé dans leurs communautés locales, un grand nombre donnant également des biens (78 %) ou de l’argent (53 %).
35 % des volontaires se sont impliqués dans cet effort grâce aux réseaux sociaux et aux groupes WhatsApp – c’est la première fois que de tels chiffres sont enregistrés.
« Les plateformes de réseaux sociaux et le mode d’organisation numérique, dont font partie les groupes sur WhatsApp, ont joué un rôle fondamental dans le recrutement, la formation et la coordination des bénévoles, ce qui montre un glissement du phénomène du bénévolat vers les méthodologies high-tech« , note l’étude.
Dans de nombreux cas, les plateformes existaient déjà avant la guerre mais elles ont été adaptées et réorientées vers le volontariat – groupes WhatsApp de quartier, groupes de jeunes ou encore le vaste réseau qui avait été créé par les organisations à l’origine du mouvement de protestation entraîné par le plan de refonte radicale du système israélien de la justice avancé par le gouvernement.
Dans d’autres cas, de nouveaux réseaux sont apparus suite à la guerre – comme c’est le cas des groupes consacrés à « informer et à connaître les histoires et les messages concernant les personnes portées-disparues et enlevées ».
Les activités peuvent avoir des résultats bénéfiques pour les volontaires, eux aussi – 52 % des bénévoles ont dit être moins craintifs et moins anxieux lorsqu’ils prennent part à ce type d’activité ; 59 % ont confié se sentir utile et avoir l’impression d’accomplir quelque chose d’important. 55 % ont indiqué ressentir une forte satisfaction.
L’étude a néanmoins émis un avertissement : « Malgré la hausse significative du nombre de volontaires, des défis ont fait leur apparition et notamment la nécessité d’une supervision professionnelle, un soutien apporté aux bénévoles qui font face à un traumatisme secondaire, une coordination efficace et la nécessité d’empêcher le burnout. »
Les auteurs ont aussi noté « l’abandon rapide et significatif des bénévoles » pendant les périodes d’urgence, faisant remarquer que les données soulignaient d’ores et déjà cette tendance.
La guerre qui oppose Israël au Hamas a été lancée après l’assaut meurtrier mené par des terroristes du Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre. 1 200 personnes ont été massacrées du côté israélien. Des familles ont été exécutées dans leurs habitations et des jeunes ont été massacrés alors qu’ils participaient à une rave-party organisée dans le désert. 240 personnes ont été par ailleurs enlevées par les hommes armés. Elles sont depuis retenues en captivité au sein de la bande de Gaza.
En riposte, Israël a juré d’éliminer le Hamas de la bande de Gaza – que le groupe dirige depuis 2007 – et l’État juif a lancé une campagne aérienne suivie d’une incursion au sol.
Le ministère de la Santé dirigé par le Hamas a fait savoir mardi que plus de 16 000 personnes avaient perdu la vie à Gaza depuis le début de la guerre – des chiffres qui ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante et qui ne font pas la différence entre les civils et les membres du groupe terroriste, et qui comptent aussi les victimes des roquettes défaillantes qui, lancées vers le territoire israélien, sont retombées dans la bande.
Selon les estimations des militaires, environ 5 000 membres du Hamas ont été tués au sein de l’enclave côtière en plus de plus de 1 000 terroristes abattus sur le sol israélien pendant et immédiatement après l’assaut du 7 octobre. Approximativement deux civils ont trouvé la mort pour chaque terroriste du Hamas tué dans la bande de Gaza, ont indiqué, le 4 décembre, les responsables militaires israéliens.