Israël en guerre - Jour 423

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Face à l’expulsion, les Bédouins cherchent du soutien dans une rue chic de Tel Aviv

Proposant de la nourriture et du café aux passants, les habitants des villages non reconnus qui pourraient perdre leur maison plaident leur cas boulevard Rothschild

Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

Des villageois d'Umm al-Hiran dans une tente sur le boulevard Rothschild, à Tel Aviv, le 20 ami 2016. (Crédit : porte-parole de la Liste arabe unie)
Des villageois d'Umm al-Hiran dans une tente sur le boulevard Rothschild, à Tel Aviv, le 20 ami 2016. (Crédit : porte-parole de la Liste arabe unie)

Les manifestants bédouins ont installé vendredi une tente de protestation sur le boisé boulevard Rothschild pour mettre en lumière le cas de deux villages non reconnus dont la démolition prévue est devenue la cause du jour de la politique arabe israélienne.

Les passants sont invités à s’arrêter, à boire un café fort et à apprécier le laffa [pain non levé] et le labné [fromage] traditionnels, tout en apprenant le destin contesté de deux villages.

Umm al-Hiran, qui accueille presque 500 personnes, a été fondé par la tribu bédouine Al-Qiaan en 1956 en coordination avec l’armée israélienne, après un désaccord de presque 10 ans.

A la suite de la guerre d’Indépendance d’Israël en 1948, les membres de la tribu ont été expulsés de leur maison, dans le nord ouest du Néguev, près du kibboutz Shoval par les soldats israéliens, et ont vécu dans divers endroits avant d’être finalement tous rassemblés dans ce village. L’histoire du village voisin d’Atir est similaire.

Une nouvelle ville juive, Hiran, doit être construite à la place d’Umm al-Hiran et d’Atir. Elle comptera initialement 2 500 logements. La nouvelle communauté sera majoritairement composée de familles juives religieuses.

Une femme bédouin pendant une manifestation pour le village d'Umm al-Hiran sur une rue centrale de Tel Aviv, avec un panneau "Evacuer un village arabe pour en construire un juif ?", le 20 mai 2016. (Crédit : porte-parole de la Liste arabe unie)
Une femme bédouin pendant une manifestation pour le village d’Umm al-Hiran sur une rue centrale de Tel Aviv, avec un panneau « Evacuer un village arabe pour en construire un juif ? », le 20 mai 2016. (Crédit : porte-parole de la Liste arabe unie)

Il a été dit aux villageois bédouins qu’ils recevraient des terrains de 800 m² dans la ville voisine de Hura, construite en 1989 par le gouvernement spécifiquement pour intégrer les Bédouins des villages non reconnus voisins.

Les habitants ont fait appel de cette action devant la cour, mais leur plainte a été rejetée, les juges déclarant que l’action ne constitue pas une discrimination contre les Bédouins puisqu’ils peuvent en théorie vivre aussi bien dans la nouvelle ville.

L’appel final devant la Cour suprême pour empêcher leurs villages d’être démolis a été rejeté en janvier.

Miriam Abu Alqiyaan, 39 ans, habitante d'Umm al-Hiran, à Tel Aviv le 20 mai 2016. (Crédit : autorisation d'Esther Talkar)
Miriam Abu Alqiyaan, 39 ans, habitante d’Umm al-Hiran, à Tel Aviv le 20 mai 2016. (Crédit : autorisation d’Esther Talkar)

Miriam Abu Alqiyaan, 39 ans, habitante d’Umm al-Hiran, a déclaré au Times of Israël que Hura était déjà surpeuplée. Elle et les autres villageois ont demandé des terrains dans la nouvelle ville, Hiran, qui va être construite à l’emplacement de leurs villages, mais leur demande a été rejetée.

« Laissez-nous vivre ensemble en voisins », a-t-elle dit.

Alaa, étudiante de 20 ans qui vit aussi dans un village qui doit être évacué, est venue à Tel Aviv pour soutenir la cause d’Umm al-Hiran et Atir.

Alaa, étudiante de 20 ans d'un village non reconnu du Négev, pendant la manifestation de soutien à Umm al-Hiran, à Tel Aviv, le 20 mai 2016. (Crédit : autorisation d'Esther Talkar)
Alaa, étudiante de 20 ans d’un village non reconnu du Négev, pendant la manifestation de soutien à Umm al-Hiran, à Tel Aviv, le 20 mai 2016. (Crédit : autorisation d’Esther Talkar)

Alaa a déclaré que le sujet de la démolition des maisons et de l’évacuation était encore un autre obstacle dans sa vie de femme bédouine travaillant à obtenir un diplôme universitaire, ce qui était autrefois rare dans la société bédouine traditionnelle, mais à présent plus fréquent.

« Ma sœur a réussi à terminer un diplôme en quatre ans à l’université, mais avec une vie instable, c’est un vrai défi », a-t-elle dit.

S’exprimant pendant l’évènement à Tel Aviv, le député Youssef Jabareen de la Liste arabe unie a déclaré : « Il doit y avoir beaucoup d’insensibilité et de torpeur pour ne pas penser au déracinement de 1 500 personnes ».

Jabareen a affirmé que le cas d’Umm al-Hiran était spécial parce qu’il ébranle les affirmations habituelles de l’Etat avant l’évacuation d’un village non reconnu.

« Le gouvernement utilise habituellement deux arguments contre les communautés bédouines arabes du Néguev : que les résidents ont envahi la terre, ou qu’il n’y a pas d’option technique de planification pour mettre en place une installation légale. Dans le cas d’Umm al-Hiran, aucun de ces deux arguments ne tient », a-t-il déclaré.

Les députés Youssef Jabareen (à droite) et Dov Khenin de la Liste arabe unie pendant la manifestation de soutien à Umm al-Hiran à Tel Aviv, le 20 mai 2016. (Crédit : porte-parole de la Liste arabe unie)
Les députés Youssef Jabareen (à droite) et Dov Khenin de la Liste arabe unie pendant la manifestation de soutien à Umm al-Hiran à Tel Aviv, le 20 mai 2016. (Crédit : porte-parole de la Liste arabe unie)

Jabareen a continué : « La cour a estimé que les résidents avaient été transférés dans la zone par les autorités de l’Etat. De plus, le fait que les autorités prévoient de construire une nouvelle ville au même endroit prouve que la planification locale est une option. Dans ces circonstances, les faits disent tout. »

Umm al-Hiran est devenu un point chaud de la bataille des droits civiques pour les Bédouins du Néguev.

La lutte des villageois a été défendue en 2013 par Adalah, le centre légal pour le droit des minorités arabes en Israël, en raison de la force de leurs revendications sur le terrain. Les tribunaux ont cependant estimé que les villageois n’avaient jamais reçu de droits de propriété sur la terre, mais devaient être installés là-bas de manière temporaire.

En 2016, les deux évènements politiques les plus importants du calendrier arabe israélien, la Journée de la Terre et la Marche du retour, ont eu lieu à Umm al-Hiran en solidarité.

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