Israël en guerre - Jour 653

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Reportage

Faute de mamad, les Israéliens trouvent refuge – et chaos – dans des abris publics

Avec 56 % des habitations du pays non protégées, les attaques de missiles balistiques iraniennes obligent de nombreux Israéliens à se réfugier dans des écoles, des gares ou des lieux publics

Des habitants réfugiés dans une école pendant une attaque à la roquette, à Jérusalem, le 16 juin 2025. (Crédit : Zev Stub/Times of Israel)
Des habitants réfugiés dans une école pendant une attaque à la roquette, à Jérusalem, le 16 juin 2025. (Crédit : Zev Stub/Times of Israel)

Dans les minutes qui ont suivi l’appel du Commandement du Front intérieur aux Israéliens leur demandant de rester à proximité des abris tôt lundi matin, près d’une centaine d’habitants du quartier de Rehavia à Jérusalem se sont réfugiés dans l’école Evelina de Rothschild.

Une rangée de salles de classe et une salle informatique, habituellement réservées aux élèves, ont soudainement été envahies par des voisins en pyjama, accompagnés de leurs animaux domestiques et de sacs de couchage, ou fixant désespérément l’écran de leur téléphone, à la recherche d’informations.

Dans l’une des pièces, la lumière était tamisée et plusieurs parents tentaient de réconforter leurs jeunes enfants, tandis qu’un grand écran diffusait les dernières nouvelles en hébreu dans une pièce plus grande adjacente. Un murmure discret était parfois interrompu par des aboiements ou le claquement d’une porte de salle de bains.

Partout dans le pays, on assiste à des scènes qui rappellent celles des citoyens britanniques se réfugiant dans les stations de métro pendant les bombardements allemands de 1940-1941. Les Israéliens se réfugient dans des miklatim – abris antiatomiques publics -, pour se mettre à l’abri des missiles balistiques tirés par l’Iran en représailles à l’attaque préventive d’Israël contre les installations nucléaires du pays.

Alors que les Israéliens essuient depuis des années les tirs de roquettes des groupes terroristes palestinien du Hamas et chiite libanais du Hezbollah, la portée et la puissance destructrice des missiles iraniens font de pratiquement tout le territoire israélien une cible potentielle, et les habitants se plaignent que les infrastructures de protection actuelles ne sont pas suffisantes.

Selon les données du bureau du Premier ministre, 24 personnes ont été tuées et près de 600 autres ont été blessées sur 30 sites touchés à travers le pays depuis le début de la vague d’attaques vendredi. D’après le Commandement du Front intérieur, la majorité des personnes décédées ne se trouvaient pas dans des abris lorsque leurs maisons ont été touchées.

Des Israéliens réfugiés dans un abri anti-atomique pendant un barrage de missiles balistiques iraniens, à Bat Yam, le 15 juin 2025. (Crédit : Gili Yaari/Flash90)

Par exemple, lors de l’attaque de missile qui a frappé un immeuble à Bat Yam tôt dimanche matin, 180 civils qui s’étaient réfugiés dans des abris antiatomiques ont pu sortir indemnes, tandis que les neuf morts et près de 200 blessés se trouvaient tous à l’extérieur des abris, selon le Commandement du Front intérieur.

La plupart des gens privilégient les mamadim – pièces blindées privés – pour se mettre à l’abri à l’intérieur de leur domicile. Cependant, la plupart des logements n’en sont pas équipés, car la loi n’oblige les constructeurs à en installer dans les nouvelles constructions que depuis 1993.

Selon les données de l’Association des constructeurs israéliens, sur les quelque 2,96 millions de logements que compte Israël, 56 % (1,67 million) ne disposaient pas d’un mamad à la fin de l’année 2024. Si les mamadim sont omniprésents dans les villes et les quartiers récents, ainsi que dans les logements ayant fait l’objet d’une rénovation urbaine, la plupart des habitants n’ont pas accès à un abri privé.

La plupart des bâtiments résidentiels comprennent des miklatim, généralement situés au sous-sol, conformément à la réglementation en vigueur depuis 1969. Dans les années 1970 et 1980, de nombreux gratte-ciel ont commencé à inclure des abris protégés communs à chaque étage, appelés mamak en hébreu.

Les forces de sécurité et de secours israéliennes sur le site d’impact d’un missile balistique à Rehovot, le 15 juin 2025. (Crédit : Yossi Aloni/Flash90)

Si vous n’y avez pas accès, la meilleure option est un abri public partagé, comme ceux que l’on trouve dans les écoles, les refuges municipaux et les stations de métro, selon le Commandement du Front intérieur. Si vous êtes en voiture, arrêtez-vous sur le bas-côté d’un tunnel.

La plupart des villes juives disposent de nombreux abris publics pour leurs habitants. Israël a été critiqué pour ne pas avoir construit suffisamment d’abris dans les villes arabes. Dans la ville de Tamra, dans le nord du pays, où quatre habitantes ont été tuées samedi soir lors d’une salve de missiles, il n’y a pas d’abris publics disponibles et seuls 40 % des habitants ont accès à des abris privés, avait déclaré dimanche Ayman Odeh, chef de l’alliance radicale Hadash-Taal, à majorité arabe.

Un rapport publié en 2024 par l’Institut israélien de la démocratie (IDI) a révélé qu’Israël ne remplissait pas ses obligations en matière de mise en place de structures de protection adéquates dans les villes arabes. Le rapport du Contrôleur de l’État de 2018 citait notamment 11 des 71 autorités locales arabes examinées disposant d’abris publics.

À Jérusalem, il existe 452 abris dans les écoles, 190 abris publics dans toute la ville, 57 parkings souterrains protégés et 18 abris en surface accessibles aux personnes à mobilité réduite, selon un porte-parole de la municipalité.

Tel Aviv répertorie également des centaines d’abris publics disponibles sur son site web. Le site de la ville indique également que les propriétaires de chiens sont encouragés à les emmener à condition qu’ils soient muselés.

Il convient toutefois de noter que tous les parkings ne sont pas adaptés pour servir d’abri. Ceux qui ont été construits sans renforts de protection présentent un risque d’effondrement plus élevé.

Si aucun de ces abris n’est accessible à temps, le Commandement du Front intérieur recommande de se réfugier dans la cage d’escalier d’un bâtiment, sans fenêtres ni murs extérieurs, idéalement à au moins deux étages sous le dernier étage. Il ne faut pas se réfugier au rez-de-chaussée.

Si cela n’est pas possible, il faut se réfugier dans un espace intérieur, tel qu’un couloir, entouré d’autant de murs que possible et comportant le moins de fenêtres et d’ouvertures possible. Dans ce cas, il est préférable de s’asseoir près d’un mur intérieur, en dessous du niveau des fenêtres et sans faire face à la porte. Les cuisines et les salles de bains contenant de la céramique, de la porcelaine et du verre ne doivent pas être utilisées.

Les secours à côté d’un bâtiment endommagé à la suite d’une frappe d’un missile iranien dans la ville israélienne de Petah Tikva, à l’est de Tel Aviv, le 16 juin 2025 (Crédit : Jack Guez/AFP)

Le Commandement du Front intérieur a mis en place un nouveau système permettant d’alerter les Israéliens sur leur téléphone portable environ 15 à 30 minutes avant une attaque balistique prévue depuis l’Iran, afin de leur laisser suffisamment de temps pour rejoindre les abris.

De retour dans l’abri de Jérusalem, lorsque le signal de fin d’alerte a été donné lundi matin, les familles ont rassemblé leurs affaires et se sont préparées à repartir, tandis que d’autres se plaignaient.

« C’est de la folie », a murmuré un homme en enfilant son sac à dos.

« À dans quelques heures », lui a répondu son ami.

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