France : « Accuser l’État juif de génocide, c’est franchir un seuil moral »
Le ministre des Affaires étrangères a refusé de soutenir les accusations de génocide contre les Palestiniens à Gaza, portées par l'Afrique du Sud contre Israël devant la CIJ
La France a refusé mercredi de soutenir les accusations de génocide contre les Palestiniens dans la bande de Gaza, portées par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de Justice (CIJ), dénonçant le franchissement d’un « seuil moral ».
« Accuser l’État juif de génocide, c’est franchir un seuil moral. On ne peut exploiter la notion de génocide à des fins politiques », a expliqué le nouveau ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, au cours des questions au gouvernement de l’Assemblée nationale. « C’est notre position constante, nous l’avons dit quand la Russie a utilisé ce justificatif pour justifier l’injustifiable : sa guerre en Ukraine. »
« Nous disons fermement aux Israéliens : ‘le respect du droit s’impose à tous, les frappes systématiques à Gaza doivent cesser’, mais les mots ont un sens », a ajouté M. Séjourné après une question de Danièle Obono (LFI), dont le parti dirigé par Jean-Luc Mélenchon se refuse à classer le Hamas palestinien comme groupe terroriste, ce qui a notamment provoqué la chute de l’alliance des gauches, la NUPES. La France a classé le Hamas comme groupe terroriste.
« En conclusion, nous n’avons pas de leçons à recevoir de votre parti, vous n’êtes pas au clair ni sur le Hamas, ni sur Gaza », a-t-il ajouté.
Stéphane Séjourné, ministre des Affaires Étrangères: "Accuser l'État juif de génocide, c'est franchir un seuil moral" pic.twitter.com/PopIjfNOAB
— BFMTV (@BFMTV) January 17, 2024
Il a aussi expliqué que le président Emmanuel Macron avait « toujours tenu une position d’équilibre : condamner le terrorisme, ce que vous n’arrivez toujours pas à faire Mme Obono ; œuvrer à un cessez-le-feu immédiat […] ; rétablir un horizon politique pour avancer vers deux États ».
La réaction de Séjourné au sujet de la Cour internationale de Justice diffère quelque peu de celle de l’ambassadeur permanent de la France auprès des Nations unies, Nicolas de Rivière. Interrogé par des journalistes sur le procès intenté par l’Afrique du Sud, il avait déclaré le 2 janvier dernier, plus ambigu : « La France est une ardente défenseuse de la CIJ. Nous verrons ce qu’il adviendra de cette question. Nous appuierons bien évidement les décisions qui seront prises. Nous sommes de fervents défenseurs de la justice internationale. »
Une audience se déroule depuis le 11 janvier devant la plus haute juridiction des Nations unies, dont le siège est à La Haye, que Pretoria a saisie le mois dernier, assurant qu’Israël violait la Convention des Nations unies sur le génocide, signée en 1948 à la suite de la Shoah, l’extermination de six millions de Juifs par les nazis et leurs complices lors de la Seconde Guerre mondiale.
L’Afrique du Sud souhaite que les juges enjoignent à Israël d’arrêter « immédiatement » sa campagne militaire déclenchée dans la bande de Gaza après l’attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.
À cette date, le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage plus de 240 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
Plus de 24 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé dirigé par les terroristes du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza. L’armée israélienne affirme avoir tué plus de 9 000 membres du groupe terroriste à Gaza, en plus d’un millier terroristes à l’intérieur d’Israël le 7 octobre.
Vendredi, le gouvernement allemand avait aussi catégoriquement rejeté l’accusation de « génocide », portée contre Israël, y voyant le risque d’une « instrumentalisation politique » du droit, notant qu’elle était « dénuée de tout fondement ». Cette position avait été dénoncée de manière virulente par le président de la Namibie, qui avait au passage qualifié Israël « d’État raciste ».
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak avait lui aussi estimé que la requête déposée par l’Afrique du Sud est « complètement injustifiée et mensongère », selon son porte-parole dont les propos ont été repris vendredi par la BBC. « Le gouvernement britannique défend le droit évident d’Israël à se défendre dans le cadre du droit international », a déclaré le porte-parole.
Les États-Unis ont aussi rejeté la requête jugée « sans fondement ».
L’accusation de génocide a figuré sur nombre de pancartes brandies par les soutiens aux Palestiniens lors des marches en leur faveur.