France : Des extrémistes de droite tirent sur des caricatures de minorités
Les militants appartiennent au groupuscule "La Famille Gallicane", dont certains membres soutiennent la candidature d'Eric Zemmour à la prochaine présidentielle
La semaine dernière, sous le titre « Ils préparent une élection… et la guerre ? », le média français Streetpress a révélé qu’un groupuscule d’extrême droite baptisé « La Famille Gallicane », comptant quelques dizaines de membres actifs, s’était rassemblé dans une forêt de l’Ouest de la France pour tirer sur des caricatures d’un Juif, d’un musulman et d’un Noir.
Les vidéos de ces séances de tirs ont été publiées sur la chaîne Telegram du groupuscule, accessible à tous et suivie par un peu plus de 550 personnes.
Dans ce groupe, figurent aussi des appels à soutenir la candidature d’Eric Zemmour lors de la prochaine élection présidentielle française.
« Une partie de nos membres soutient Zemmour et nous encourageons chaque personne à le faire », a ainsi écrit le groupuscule sur Telegram.
Depuis quelques semaines, le débat public et médiatique français au sujet de la prochaine présidentielle a principalement tourné autour de la potentielle candidature de l’ancien journaliste, qui ne s’est pas encore déclaré officiellement candidat.
Bien qu’en retrait des médias pour lesquels il travaillait – CNews et Le Figaro –, Eric Zemmour n’a jamais été aussi visible que maintenant dans l’espace médiatique, invité sur la plupart des chaines de télévision.
Fin octobre, comme de nombreux autres responsables, représentants et personnalités, le grand rabbin de France Haïm Korsia a été interrogé sur Eric Zemmour et ses idées.
"Antisémite certainement, raciste évidemment !"@HaimKorsia, grand rabbin de France, sur @ZemmourEric et ses idées qui "ne peuvent pas être en phase" avec les siennes.#Télématin @ThomasSotto pic.twitter.com/BY1HAQCfbM
— Telematin (@telematin) October 26, 2021
À la question du journaliste Thomas Sotto « Est-ce qu’Eric Zemmour est raciste ? », le Grand rabbin a répondu : « Antisémite certainement, raciste évidemment. »
« Quand vous dites simplement qu’il y a trop de tels ou tels, moi qui porte un texte qui s’appelle la Constitution qui est fondée sur l’idée des droits de l’Homme et qui porte aussi un texte qui s’appelle la Bible et qui dit ‘Tu aimeras l’étranger car tu as été étranger en terre d’Egypte’, je ne peux pas être en phase avec ce discours », a-t-il expliqué.
Eric Zemmour a déclaré ces derniers mois, notamment dans son dernier livre, que Philippe Pétain avait protégé les Juifs français pendant la guerre, au détriment des Juifs étrangers, et que les enfants Sandler, victimes de l’attentat de Toulouse en 2012, « n’appartenaient pas à la France » car enterrés en Israël.
En réponse aux propos de Haïm Korsia, Eric Zemmour, invité d‘i24 News, a affirmé : « Ma situation est particulière. Vous avez dit ce que disent le Grand rabbin de France et le président du CRIF, je voudrais rappeler que quand je suis attaqué par les antifas, ils me traitent de sioniste, et quand je suis à Drancy, on me traite de sale Juif. Et par ailleurs, le Grand rabbin estime que je ne suis pas vraiment Juif mais que je suis raciste et antisémite. Je pense vraiment que, quand les Français qui ne sont pas Juifs entendent cela, ils sont pris entre l’incrédulité et l’hilarité. C’est grotesque. Maintenant, j’essaye de comprendre pourquoi. Je me suis renseigné. En réalité, le Grand rabbin, pour lequel j’avais le plus grand respect, je savais qu’il était plutôt un Français républicain, qu’il aimait la France, qu’il parlait de prières à la France, et je découvre qu’il n’est pas que cela. C’est aussi un homme, si on m’a bien expliqué, qui veut ramener mon scalp à Emmanuel Macron. C’est tout simplement un comportement de Juif de cour »
Eric Zemmour est également revenu sur ses propos au sujet du lieu où ont été enterrés les enfants Sandler.
« Je n’ai jamais voulu condamner, dénoncer ou insulter les Sandler. Ce qui leur est arrivé est tragique. C’est évidemment terrible. Je comprends la douleur de ces gens, j’ai aussi des enfants. Je sais ce que ça peut être, en tout cas j’imagine. Simplement, je considère que tout événement doit être d’abord apprécié en fonction de l’émotion qu’il suscite mais aussi, ensuite, on peut avoir le droit de réfléchir sur cet événement, quel qu’il soit. Et on peut essayer, je pense que c’est le propre de l’être humain, de raisonner, rationaliser, sinon on est toujours que dans l’émotion, c’est très louable et très noble mais je pense qu’il y a un temps aussi pour la rationalité et la raison », a-t-il affirmé. Il a expliqué qu’il ne mettait pas « le terroriste et les victimes dans le même sac » et que l’en accuser était lui faire « un ignoble procès d’intention ». Il ainsi affirmé que ses propos visaient « à s’interroger sur ce que le fait d’enterrer ses proches hors de France disait de la défrancisation ».