France : Lancement d’un programme de recherche sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur
Avec plus de 70 signalements d'actes antisémites recensés dans les universités depuis le 7 octobre 2023, l'antisémitisme « doit être étudié et compris » pour « être combattu », annonce le ministre de l'Enseignement supérieur

Deux mois après l’adoption, par le Sénat, d’un projet de loi renforçant la lutte contre l’antisémitisme dans les établissements d’enseignement supérieur, le gouvernement a lancé un programme de recherche sur l’antisémitisme visant notamment à mesurer son étendue dans les universités françaises, le 29 avril 2025.
Le lendemain, le projet adopté par le Sénat a été étudié par la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation de l’Assemblée nationale, d’après La chaîne parlementaire. Le texte, que le gouvernement a voulu faire passer en procédure accélérée, devrait être débattu dans l’hémicycle lundi 5 mai.
« Nous avons assisté à une augmentation alarmante des actes antisémites, et malheureusement l’enseignement supérieur n’a pas été épargné », a déclaré à cette occasion le ministre chargé de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, d’après le site du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), représenté lors de la cérémonie de lancement.
Ce programme, qui est le fruit d’un partenariat entre la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH) et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah (FMS), « répond à une nécessité urgente dans un contexte où les actes antisémites ont connu une inquiétante recrudescence », selon le ministre.
En effet, d’après les chiffres fournis par le ministère, plus de 70 signalements d’actes antisémites dans le milieu de l’enseignement supérieur — notamment « des inscriptions, injures, menaces, apologie du terrorisme ou du nazisme, et, plus marginalement, des faits de violence » — ont été recensés par les autorités depuis le pogrom du 7 octobre 2023.
« Pour être combattu avec la plus grande efficacité, l’antisémitisme doit être étudié et compris en s’appuyant sur la rigueur scientifique de travaux de recherche de qualité », a ajouté Philippe Baptiste.
La lutte contre l’antisémitisme est un devoir moral et civique pour notre société tout entière, et pour l’université en particulier.
Avec la @DILCRAH et la @Fondation_Shoah, le ministère @sup_recherche lance programme de recherche consacré à l’étude scientifique de… pic.twitter.com/EBrgrmnX5E
— Philippe Baptiste (@PhBaptiste) April 29, 2025
L’annonce de la création de ce programme de recherche sur l’antisémitisme par le ministre avait fait suite à l’adoption du texte de loi par le Sénat, qui lui même entendait répondre à des accusations d’antisémitisme ayant accompagné la tenue d’une conférence pro-palestinienne à Sciences Po Paris en 2024.
Les nombreuses manifestations pro-palestiniennes et anti-Israël dans les universités françaises cette année-là « ont donné lieu à des dérapages reposant sur l’assignation d’étudiants juifs à Israël », justifie le texte des sénateurs. Le nombre d’actes antisémites recensés dans les établissements d’enseignement supérieur ayant doublé, selon la commission du Sénat qui note « un antisémitisme à bas bruit ».
Les établissements d’enseignement supérieur sont au cœur des manifestations anti-Israël depuis le 7 octobre et le déclenchement consécutif de la guerre contre le Hamas à Gaza, en France comme en Europe et en Amérique du Nord. Les militants appellent régulièrement leurs établissements à rompre tout partenariat avec les universités israéliennes, les accusant de « complicité de génocide ».