France : Le collectif pro-palestinien Cheikh Yassine sera dissous
Le groupe est "directement impliqué" dans l'assassinat de Samuel Paty, a indiqué Emmanuel Macron

Emmanuel Macron s’est affiché mardi au front de la « guerre contre les ennemis de la République » décrétée depuis la décapitation d’un professeur, promettant au passage d’intensifier son action contre l’islamisme radical.
« Il ne s’agit pas de faire de nouvelles déclarations (…) ce sont des actes qui sont attendus par nos concitoyens. Ces actes s’intensifieront », a lancé le chef de l’Etat à l’issue d’une réunion de la cellule anti-islamiste de Seine-Saint-Denis, un département « emblématique de nos défis ».
Une vaste opération policière est lancée depuis lundi dans la mouvance islamiste après l’assassinat il y a quatre jours de l’enseignant Samuel Paty, auquel sera rendu mercredi un hommage national.
Dès mercredi, le collectif pro-palestinien Cheikh Yassine, « directement impliqué » dans l’assassinat, selon Emmanuel Macron, sera dissous en Conseil des ministres, et « des décisions de ce type à l’encontre d’associations, de groupements d’individus, suivront dans les prochains jours et les prochaines semaines », selon le chef de l’Etat.
Depuis l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine, Emmanuel Macron a fait de ce dossier sa priorité absolue et compte muscler la loi contre les séparatismes qui doit être présentée le 9 décembre en Conseil des ministres et dont il avait exposé les grandes lignes début octobre aux Mureaux (Yvelines).

« Le discours de Macron aux Mureaux était bien et équilibré, mais maintenant il faut le réarmer. Les Français veulent savoir qu’on va dégager les imams et les associations qui font de la propagande », souligne un membre du gouvernement.
Pour Emmanuel Macron, la décapitation de Samuel Paty, qui a soulevé une vague d’émotion énorme en France mais aussi à l’international, « est un peu son Charlie Hebdo à lui, il est très en colère », ajoute cette source.
Dès dimanche soir, le président a réuni un Conseil de défense où il a donné son feu vert à une vaste opération policière contre les milieux radicalisés, qui a débouché le lendemain sur des dizaines d’interpellations et de contrôles.
« La peur va changer de camp. Les islamistes ne doivent pas pouvoir dormir tranquilles dans notre pays », a-t-il martelé devant ses ministres.

Lundi, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé « 34 opérations de police » contre des individus et associations. Elles se poursuivront à raison d’une vingtaine par jour pour « harceler » et « déstabiliser » la mouvance islamiste. Il a aussi affiché sa détermination à dissoudre plusieurs associations et décidé de fermer temporairement la mosquée de Pantin, qui a relayé un message contre Samuel Paty.
« De premières décisions seront prises en Conseil des ministres dès la semaine prochaine », a précisé Jean Castex mardi devant les députés.
Insuffisances
Mais, alors que la droite dénonce les insuffisances de l’exécutif et que même la gauche hausse le ton face à l’intégrisme islamiste, Emmanuel Macron ne se contente pas de laisser ses ministres les plus vocaux, comme Gérald Darmanin, Marlène Schiappa ou Eric Dupond-Moretti, occuper le devant de la scène.
En utilisant un vocabulaire martial et en se rendant à la préfecture de Bobigny, il prend lui-même la direction des opérations, reléguant son Premier ministre en arrière-plan.
En Seine-Saint-Denis, le chef de l’Etat a « présidé la séance » de la cellule anti-islamisme mise en place en début d’année, la toute première du genre. Ces cellules ont depuis été installées dans 98 départements.
Le gouvernement assure avoir obtenu « des résultats significatifs ». Au plan national, depuis février 2018, 356 lieux ont été fermés, dont 12 ce mois-ci. Faisant jouer l’arme des contrôles par les organismes sociaux, l’Etat a aussi obtenu 5,1 millions d’euros de redressement par la Caisse d’allocations familiales et 19,2 millions par l’Urssaf, selon l’Elysée.
La gravité de l’attentat a conduit Emmanuel Macron à reprendre les choses en main, lui qui, il y a un mois, lors de l’attaque au hachoir devant les anciens locaux de Charlie Hebdo – qui n’a pas fait de morts – avait gardé le silence et laissé le Premier ministre Jean Castex aux manettes.
Mais cette nouvelle urgence chamboule une fois de plus son programme, en particulier le plan de relance, déjà relégué au second plan par le rebond de l’épidémie et l’instauration de couvre-feux, alors que Jean Castex doit le défendre vendredi à Bruxelles dans un relatif anonymat.