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France : profanation d’une centaine de tombes dans un cimetière juif

Il s'agit de 107 tombes du cimetière juif de Westhoffen, non loin de Strasbourg, qui ont été "essentiellement" maculées de "croix gammées"

Les tombes marquées de croix gammées sont photographiées dans le cimetière juif de Westhoffen, dans l'est de la France, le 3 décembre 2019. (Crédit : AP / Jean-François Badias)
Les tombes marquées de croix gammées sont photographiées dans le cimetière juif de Westhoffen, dans l'est de la France, le 3 décembre 2019. (Crédit : AP / Jean-François Badias)

Des « inscriptions antisémites » ont été retrouvées mardi sur 107 tombes du cimetière juif de Westhoffen, non loin de Strasbourg, dans l’est de la France, a indiqué dans un communiqué la préfecture du département.

« Cette découverte intervient alors que des tags antisémites avaient déjà été constatés (mardi matin) dans la commune de Schaffhouse-sur-Zorn », à une vingtaine de kilomètres de Westhoffen, selon la même source.

La gendarmerie « effectue actuellement les premiers actes de constatations et d’investigations » dans le cimetière profané.

« C’est la consternation, c’est le choc », a réagi auprès de l’AFP Maurice Dahan, le président du Consistoire israélite du département du Bas-Rhin. Selon lui, le cimetière compte quelque 700 tombes. Celles qui ont été profanées ont été « essentiellement » maculées de « croix gammées », a-t-il ajouté.

De son côté, le préfet Jean-Luc Marx a condamné « avec la plus grande fermeté ces actes antisémites odieux qui frappent une nouvelle fois le Bas-Rhin et exprime son soutien le plus total à la communauté juive », indique le communiqué.

L’annonce de cette nouvelle profanation en Alsace a suscité une cascade de réactions indignées. Le Premier ministre Edouard Philippe a exprimé sur Twitter sa « révolte et de son « dégoût » et Christophe Castaner a dénoncé « des actes abjects et répugnants ».

« Il n’y a pas de mots, c’est une désolation et on ne peut pas comprendre que des gens arrivent à faire ça », a réagi le maire de Westhoffen, Pierre Geist, qualifiant la profanation d’acte « inhumain ».

Selon la préfecture, des tags l’évoquant avaient été trouvés mardi matin à Schaffhouse-sur-Zorn, conduisant la gendarmerie à se rendre à Westhoffen où les militaires ont découvert la profanation.

Par ailleurs, d’autres tags antisémites découverts le 26 novembre sur les murs de la mairie-école de Rohr, à une quinzaine de km de Westhoffen, semblaient annoncer la profanation de mardi : selon Maurice Dahan, ils indiquaient en effet « cim juif westofen » (sic) ainsi que les lettres « EWK », sans pouvoir toutefois expliquer la signification de ce trigramme.

Ce cimetière accueille plusieurs tombes des familles de l’ancien président du Conseil Léon Blum et de l’ex président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré. Celui-ci a déclaré à France Bleu Alsace ressentir de la « colère devant ces gestes ignobles, scandaleux et révoltants ». « C’est une insulte à la mémoire, une insulte à ces femmes et à ces hommes qui ont honoré la France et sont enterrés à Westhoffen », s’est-il indigné.

Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner s’y rendra en fin de matinée mercredi pour une « cérémonie de recueillement », selon le Consistoire du Bas-Rhin.

Le parquet de Saverne, ville située au nord-ouest de Strasbourg dont dépend judiciairement Westhoffen, a indiqué à l’AFP avoir ouvert une enquête préliminaire confiée à une « cellule spéciale » de la gendarmerie.

Le nombre « 14 », considéré comme un symbole suprémaciste blanc, a par ailleurs été retrouvé sur l’une des tombes, a-t-on précisé de même source.

L’Alsace est confrontée, depuis plusieurs mois, à une recrudescence de graffitis et dégradations à caractère antisémite et/ou raciste.

Mi-avril, des tags racistes et antisémites avaient été découverts sur les murs de la mairie de Dieffenthal (Bas-Rhin). Quelques jours plus tard, des croix gammées et des insultes avaient été taguées sur la façade de la maison d’une élue à Schiltigheim, près de Strasbourg.

Des écrits à caractère antisémite avaient également été découverts début mars devant une école de Strasbourg et des croix gammées sur les murs d’une ancienne synagogue à Mommenheim. Des mairies et permanences d’élus ont également été la cible de dégradations.

Plusieurs cimetières juifs français ont déjà fait l’objets de vandalisme antisémite – comme à Sarre-Union en 2015 ou plus récemment à Bordeaux, ou près de Lyon, ou encore à Quatzenheim, où Emmanuel Macron s’était rendu.

Le président français Emmanuel Macron observe une tombe vandalisée d’une croix gammée lors d’une visite au cimetière juif de Quatzenheim, le 19 février 2019, le jour des marches nationales contre la montée des attaques antisémites. (Photo par Frederick FLORIN / POOL / AFP)

Début novembre, 46 conseillers départementaux du Bas-Rhin se sont rassemblés afin de s’exprimer contre les récents actes de haine qui ont eu cours récemment en Alsace, à la fois contre des élus, dans des cimetières juifs et à l’université de Strasbourg.

Ces actes antisémites surviennent alors qu’une proposition de résolution LREM, au menu ce mardi soir de l’Assemblée nationale, sème le trouble jusque dans la majorité, certains craignant qu’elle empêche toute critique de la politique d’Israël.

Les appels à s’opposer à ce texte se sont multipliés, d’un collectif de 127 intellectuels juifs à l’ensemble de la gauche, en passant par des députés « marcheurs ». Le sujet a encore vivement agité la réunion du groupe LREM mardi matin, qui a « commencé à déraper », selon plusieurs participants.

« Il y a des sujets douloureux dans notre société et notre groupe », a justifié devant la presse son président Gilles Le Gendre, qui voit dans ses rangs des personnes « inconfortables pour des raisons essentiellement géopolitiques ».

« On a pris un petit risque mais la cause est juste », a-t-il défendu. Si le texte est adopté, en début de soirée, cela risque d’être grâce aux voix de la droite et de centristes. « On va jouer un peu les pompiers de service », a taclé le patron des députés LR Damien Abad.

La proposition de résolution, sans valeur contraignante, a été proposée par Sylvain Maillard, député LREM de Paris et président du groupe d’études de l’Assemblée sur l’antisémitisme, qui considère que « pour (le) combattre au 21e siècle, il faut mieux le définir ».

Elle a été co-signée par une centaine de députés de divers bords, dont environ 80 LREM (moins d’un tiers du groupe), y compris le président du mouvement Stanislas Guérini.

La résolution suggère de reprendre la définition de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), déjà validée par le Parlement européen et plusieurs pays, et appuyée par Emmanuel Macron, en février devant le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Le président avait alors affirmé vouloir élargir la définition de l’antisémitisme à l’antisionisme.

« L’antisémitisme est une certaine perception des juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte », selon la définition de l’IHRA.

Celle-ci « constituerait un instrument efficace (…) en ce qu’elle englobe les manifestations de haine à l’égard de l’Etat d’Israël justifiées par la seule perception de ce dernier comme collectivité juive », précise la proposition de résolution.

Deux « marcheurs » et une poignée de députés PCF et MoDem ont demandé ensemble le retrait du texte. « Sauf à envoyer un message politique désastreux, il ne peut être question de renoncer à ce projet », avait répondu lundi M. Le Gendre.

Alors que certains avaient plaidé en vain pour inclure dans le texte la lutte contre toutes les discriminations, il a cependant accepté la demande d’une mission d’information « sur l’émergence et l’évolution des différentes formes de racisme, et les réponses à y apporter ».

En riposte, les députés socialistes vont justement déposer leur proposition de résolution pour « lutter contre toutes les formes de racisme, d’antisémitisme et de discriminations ».

Le numéro un du PS Olivier Faure juge le moment d’examen de la résolution LREM « particulièrement mal choisi », voyant « un gouvernement qui joue beaucoup avec le feu ».

Considérant que les outils existent déjà pour pénaliser l’antisémitisme, les socialistes ne voteront pas la proposition de résolution, tout comme communistes et insoumis. Selon leur leader Jean-Luc Mélenchon, « assimiler la critique du sionisme à un acte antisémite » fait « deviner une volonté de provocation qui sidère ».

« On se prend les pieds dans le tapis en permanence », se lamente une élue LREM.

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