France : Un audit sur les élèves juifs contraints de fuir l’école publique
La problématique, délicate, n’est pas nouvelle et, déjà, en 2019, au dîner du CRIF, le président Emmanuel Macron avait publiquement demandé cet audit sur l'exode des enfants juifs
Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale français, a annoncé la semaine dernière dans un entretien publié dans le magazine L’Express avoir commandé un audit sur les élèves juifs contraints de fuir l’école publique dans certaines zones.
Cet état des lieux a été demandé au conseil des sages de la laïcité. La méthode consistera notamment à « interroger les familles, les chefs d’établissement ; regarder l’évolution des effectifs des écoles juives, par exemple, de Seine-Saint-Denis ou du XIXe arrondissement de Paris », a indiqué le ministre.
« Il est frappant, préoccupant et même inadmissible que dans certains quartiers les enfants juifs ne soient plus scolarisés dans les écoles publiques, non parce qu’ils souhaiteraient aller dans des écoles confessionnelles – je n’aurais rien à y redire –, mais par défaut, parce que les familles jugent que les conditions d’accueil, de bien-être et de sécurité pour leurs enfants ne le permettent plus. Est-ce qu’on peut se satisfaire d’une situation pareille ? Bien sûr que non », a expliqué Pap Ndiaye à L’Express.
La problématique, délicate, n’est pas nouvelle. Déjà, en 2019, au dîner du CRIF, le président Emmanuel Macron avait publiquement demandé cet audit sur l’exode des enfants juifs.
Avant, en 2016, Robert Ejnes, directeur général du CRIF, déclarait que beaucoup de Juifs français s’interrogeaient sur le futur de leurs enfants dans le pays, et que les parents retirent les élèves des écoles publiques.
En 1970, 7 000 enfants français allaient dans des écoles juives, contre 35 000 aujourd’hui. Un nombre équivalent d’enfants juifs est inscrit dans des « écoles chrétiennes », a déclaré Ejnes. Mais récemment, un nombre accru de parents a retiré ses enfants des écoles publiques.
En 2016, Manuel Valls, alors Premier ministre français, avait lui aussi déclaré au dîner annuel du CRIF que, « oui, les Juifs de France ont peur de porter la kippa, d’aller à la synagogue, de faire leurs courses dans un supermarché casher, d’envoyer leurs enfants à l’école publique. C’est une réalité, et une réalité que nous n’acceptons pas ».
Bernard Ravet, ancien proviseur dans deux établissements des quartiers Nord de Marseille, avait indiqué à la même époque dans son livre comment il avait dû, un jour, à contre-cœur, dissuader la mère d’un enfant juif de scolariser son fils dans son établissement.
« En l’état, je n’aurai pas pu garantir la sécurité de cet adolescent dans mon collège sans aucune mixité, où certains sont chauffés à blanc, chaque soir, via les télévisions par satellite vouant aux gémonies Israël et les Juifs », écrivait-il.
Les actes antisémites ont grimpé en flèche en France au cours de la décennie 2010-2020, entraînant une hausse de l’immigration en Israël et des déménagements d’une zone à une autre en France.
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