Gali Baharav-Miara, persona non grata à la première réunion du cabinet
Son absence souligne les fortes tensions entre le nouveau gouvernement et la Procureure générale, qui s'oppose aux projets de refonte du système judiciaire
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
La procureure-générale Gali Baharav-Miara n’a pas été invitée au premier conseil des ministres du nouveau gouvernement, une situation qualifiée d’ « inhabituelle » par une source au sein du ministère de la Justice.
Cela souligne les tensions persistantes entre le nouveau gouvernement et la procureure-générale, qui a exprimé de vives inquiétudes concernant l’intention de la nouvelle coalition de refondre radicalement le système juridique et judiciaire.
La première réunion du cabinet du nouveau gouvernement s’est tenue jeudi soir, mais ni la procureure-générale ni un représentant de son bureau n’étaient présents pour l’événement.
Une source au ministère de la Justice a déclaré qu’une telle situation était « inhabituelle » car un représentant du bureau du procureur général est généralement présent aux réunions du cabinet.
Un porte-parole de l’ancien ministre de la Justice Gideon Saar a déclaré que le fait de ne pas avoir invité Baharav-Miara était « tout à fait irrégulier » et a noté que l’ancien procureur général Avichai Mandelblit avait participé à la première réunion du cabinet du précédent gouvernement. Mandelblit était également à la première réunion du gouvernement que Netanyahu avait formé en 2015.
Ynet a cité une source « proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu » qui a déclaré que le fait de ne pas avoir invité Baharav-Miara était un « message assez clair et précis de Netanyahu à la procureure-générale, disant : ‘Vous n’êtes pas la bienvenue ici.’ »
Cependant, le parti du Likud de Netanyahu a indiqué dans une déclaration à la presse que la réunion du cabinet de jeudi soir était de nature cérémonielle, sans qu’aucune décision politique ne soit prise, et qu’il n’était donc pas nécessaire que la procureure-générale soit présente.
Netanyahu et Baharav-Miara se sont entretenus plus tard dans la soirée et doivent se rencontrer dimanche matin.
Plus tôt ce mois-ci, Baharav-Miara a vivement critiqué les propositions du nouveau gouvernement de neutraliser les pouvoirs de contrôle judiciaire de la Haute Cour et de transformer les conseillers juridiques ministériels en nominations politiques plutôt que professionnelles. Elle a aussi dénoncé le projet d’étendre considérablement les pouvoirs du ministre de la Sécurité nationale – le chef du parti d’extrême droite Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir – sur la police.
Les membres du nouveau gouvernement se sont également engagés à réformer le poste de procureur général en le divisant en deux, avec un responsable du ministère public et un autre en tant que conseiller juridique du gouvernement.
Les critiques de Baharav-Miara sur les mesures prévues ont déclenché une vague de dénonciations de la part des membres de ce qui était alors le futur nouveau gouvernement.
Ben Gvir l’a accusée de se prendre pour « la vraie Premier ministre », tandis que le député HaTzionout HaDatit Simcha Rothman, qui a depuis été nommé président de la puissante Commission de la constitution du droit et de la justice de la Knesset, l’a accusée d’hypocrisie et de favoritisme politique pour ne pas avoir agi contre ce qu’il a décrit comme des abus de pouvoir du gouvernement précédent.
Avant sa non-invitation, de nombreux membres des partis de la coalition entrante étaient mal disposés envers Baharav-Miara, qui a été nommée en février par le gouvernement précédent.
Certains députés, dont Yoav Kisch du Likud, avaient déjà menacé de la renvoyer une fois qu’une nouvelle coalition serait formée, pour son opposition politique présumée contre le nouveau gouvernement.
Netanyahu – qui est jugé pour corruption – et les membres de son parti ont fréquemment critiqué ces dernières années les procureurs, les forces de l’ordre et le système judiciaire, affirmant sans preuve qu’il avait été inculpé pour de fausses accusations afin de le forcer à quitter ses fonctions.
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Dans des remarques à l’ouverture de la réunion du cabinet de jeudi, Netanyahu a déclaré aux ministres que le gouvernement ne se diviserait pas.
« Nous sommes unis dans notre objectif », a-t-il déclaré.
Il a également exposé les principales priorités du gouvernement : « Stopper l’Iran, rétablir la sécurité et la gouvernance, faire face au coût de la vie et élargir considérablement le cercle de la paix », faisant référence aux accords de normalisation d’Israël avec plusieurs pays de la région.
« La cérémonie est terminée », a conclu Netanyahu. « Mettons-nous au travail. »